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Portrait de Léon Simard, le président de l’AMSFQ

Portrait de Léon Simard, le président de l’AMSFQ par Hélène D’Avignon

Depuis sa fondation en 1984, l’Association des maîtres de ski de fond a vu passer bien des présidents qui, tour à tour, ont façonné sa personnalité. Celle d’aujourd’hui doit son caractère accessible, dynamique et innovateur à Léon Simard, son président depuis 1997.

Le camp des maîtres : l’activité la plus courue

Le dynamisme de Léon s’est entre autres manifesté par la mise sur pied d’un tout nouveau camp des maîtres. D’abord né de l’initiative personnelle de quelques maîtres d’élite, ce camp était jadis axé sur l’entraînement intensif. L’influence de Léon a contribué à rendre le camp accessible à tous les maîtres, y compris les débutants. Il n’a d’ailleurs pas hésité à leur enseigner lui-même leurs premiers pas de patin, à partir d’exercices sortis tout droit de son imagination ! Cet homme de tête et de plaisir a réussi avec les années à transformer cette activité annuelle en véritable célébration sportive. Conférences, service de massothérapie, salon du ski, etc. complètent désormais les activités extérieures.

L’Écho des maîtres : orchestré par une main… de maître

Autre marque de l’ouverture d’esprit de Léon : un bulletin à voix multiples. Il avait jadis insisté pour que le bulletin de l’Association élargisse son registre. Ce fut chose faite lorsqu’il a été élu président. Depuis, des spécialistes (entraîneurs, thérapeutes, nutritionniste) y présentent des articles de qualité. Des skieurs rendent hommage à leur « idole ». D’autres, à la plume poétique, ont enfin trouvé une tribune pour s’exprimer. Léon a de plus trouvé des commanditaires qui permettent aujourd’hui l’autofinancement du journal. Homme de son temps, ce président a également encouragé la réalisation du site Internet de l’Association.

Le président : un skieur en équilibre

En 1984, Léon voit, comme bien des skieurs de l’époque, l’athlète Bill Koch terminer une course en « patinant ». Coup de foudre instantané. Son salon devient alors le théâtre de séances d’observation d’athlètes sur vidéo et d’exercices originaux visant la maîtrise de l’équilibre et de la coordination. Aujourd’hui, Léon est non seulement le skieur le plus admiré des « Plaines» pour l’élégance de son style, mais l’un des professeurs les plus appréciés. D’où lui vient donc ce don pour enseigner ? Sans doute des milliers d’heures passées à faire aimer les mathématiques aux étudiants de niveau postsecondaire. Et, pour améliorer la qualité des pistes de patin, de nombreuses heures de son temps passées avec les administrateurs des « Plaines » pour qu’ils se dotent d’une surfaceuse… Décidément, quand Léon parle ski, il en reste toujours quelque chose.

 

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Skieurs, vous êtes chanceux !

 

Oui, chanceux ! Vous séjournez dans la région où l’on trouve la plus forte concentration de centres de ski de fond sur la planète. En effet, dans un rayon de 100 km, vous accédez à pas moins de 30 centres de ski de randonnée qui totalisent 2 000 km de pistes très bien entretenues.

Toutefois, le centre le plus proche est sans contredit celui des  » Plaines d’Abraham « , simplement nommé les  » Plaines  » par les habitants de la région. C’est sans aucun doute la seule ville au monde où il existe un réseau de pistes si bien développé. Les Plaines se trouvent tout juste derrière le  » Manège militaire « . Alors, pour les skieurs qui séjournent tout près, dans les grands hôtels, quoi de plus pratique que d’aller skier à pied ?

Coin pittoresque s’il en est un, les Plaines longent le célèbre Château Frontenac et surplombent Sa Majesté le fleuve Saint-Laurent. Dans ce large corridor d’eau qui sépare deux des plus vieilles chaînes de montagnes du monde – les Laurentides et les Appalaches – passe parfois le dieu Éole, dont le souffle violent peut faire s’envoler les tuques des skieurs ! De plus, par cette position privilégiée sur le bord du fleuve, les Plaines ont été le théâtre d’événements qui ont marqué l’histoire de la ville de Québec. Qu’on pense seulement à la célèbre bataille entre Wolfe et Montcalm au cours de laquelle fût décidé le sort de la Nouvelle-France…

Surtout, n’oubliez pas de venir vous restaurer au Pavillon des services après que vous aurez allègrement glissé sur vos planches. Des rafraîchissements vous y attendent.

Oh oui, vous en avez de la chance !

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Le parc des Champs-de-Bataille nationaux : beaucoup plus que quelques arpents de neige

Le parc des Champs-de-Bataille nationaux : beaucoup plus que quelques arpents de neige par Marie Cantin, responsable du Service à la clientèle, Commission des champs de bataille nationaux

Le parc des Champs-de-Bataille nationaux, mieux connu sous le nom de « plaines d’Abraham », fut créé en 1908. Le gouvernement canadien entendait alors mettre en valeur les terrains où eurent lieu les fameuses batailles de 1759 et 1760. Ce parc, qui s’étend aujourd’hui sur 112 hectares, accueille près de quatre millions de visiteurs par année et compte parmi les plus prestigieux parcs urbains au monde ! Quelques exemples vous convaincront :

Héritage historique

Le nom de Cap-aux-Diamants a été donné à la falaise qui domine le fleuve par l’explorateur français Jacques Cartier, qui en 1534, croyait avoir trouvé du diamant dans le cap. Or, le diamant s’est révélé n’être que du vulgaire quartz. Cette méprise est à l’origine de l’expression française « faux comme diamants du Canada ». L’appellation populaire « plaines d’Abraham » vient d’Abraham Martin, un des premiers habitants à occuper ce qu’on appelait, jusqu’en 1635, les « Hauteurs de Québec ». La première mission de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) au moment de sa création fut d’organiser les Fêtes du tricentenaire de la ville de Québec. Elles furent grandioses et attirèrent des visiteurs de partout dans le monde. C’est l’architecte paysager américain Frederick G. Todd qui crée l’aménagement du parc national que l’on connaît aujourd’hui.

Héritage militaire

Qui n’a pas entendu parler de la Conquête de 1759, de la bataille des plaines d’Abraham ? De Wolfe ? De Montcalm ? Qui n’a pas été intrigué par les tours Martello, ces étranges structures rondes en pierre, qui sont en fait des ouvrages de défense construits par les Britanniques, parallèlement à l’ouvrage principal et destinées à stopper les Américains qui voulaient annexer le Québec pendant leur lutte pour l’indépendance ? D’autres marques ? Les présences successives d’un laboratoire de l’arsenal, d’une usine d’armement ainsi que de baraques pour loger les soldats canadiens ont contribué au paysage des plaines lors des deux guerres mondiales.

Héritage scientifique

Saviez-vous que les premiers explorateurs botanistes, dont Michel Sarrazin et Pehr Kalm, décrivaient la flore des plaines à leurs collègues de France comme étant exceptionnelle ? Qu’il y avait un observatoire astronomique à la fin du XIXe siècle qui donnait l’heure juste aux bateaux qui mouillaient le port de Québec ? Qu’une des tours Martello a abrité un télescope où des amateurs pouvaient explorer le ciel au milieu du siècle et qu’il y eut, non loin de là, une station météorologique pendant près de 100 ans ?

Héritage sportif

La coupe Stanley a été remportée en 1912 et 1913 sur une patinoire couverte érigée sur les plaines et que c’est à cet endroit que le « Ô Canada », qui devint plus tard l’hymne national canadien, aurait été chanté pour la première fois en 1884. De plus, après avoir observé des courses de chevaux au tournant du XVIIIe siècle à l’extrémité ouest du parc, aujourd’hui appelé le terrain des sports, les riches commerçants et militaires anglophones ont pu pratiquer le golf à son extrémité est. En parlant du terrain des sports, c’est à cet endroit que Buffallo Bill a érigé son cirque en 1897 et où, en 1928, le pilote américain Charles Lindbergh a atterri pour venir porter du sérum à un ami mourant dans un hôpital à proximité. Dès le début du siècle, les plaines accueillent les tous premiers adeptes du ski alpin ainsi que des professionnels de sauts à skis. Le parc est l’endroit rêvé pour pratiquer ce sport dont la popularité monte en flèche et qui donnera naissance, quelques années plus tard, au ski de randonnée. Tout y est : proximité de la ville, vue imprenable sur le majestueux fleuve Saint­­­­­-Laurent et pentes abruptes.

Le parc des Champs-de-Bataille, fut et demeure le théâtre de nombreux événements culturels, historiques, commémoratifs et sportifs. Des témoins comme les tours Martello, des monuments et des plaques commémoratives, sont là pour nous le rappeler. Des expositions, des visites guidées avec personnages historiques, des spectacles multimédia, des activités spéciales familiales et grand public font revivre aux visiteurs ces richesses du passé et valorisent l’importance historique du site. Des événements populaires tels le Carnaval de Québec, le Festival d’été, le Concours hippique, La fête nationale du Québec et la Fête du Canada contribue à conférer au parc son caractère populaire et urbain, indispensable aux résidents de la grande région de Québec.

Au fil des jours et des saisons, les visiteurs peuvent profiter de cette oasis de tranquillité et ce, en plein cœur de la ville. L’été, pour ses aménagements paysagers, ses installations récréatives et sportives et pour les spectacles en plein air gratuits. L’hiver, pour ses pistes de ski de randonnée, ses sentiers de marche et ses glissades improvisées au gré des vallons. Le parc des Champs-de-Bataille n’est pas seulement au cœur de la ville, il est aussi au cœur de l’histoire et cher au cœur de ceux qui le côtoient régulièrement et qu’ils appellent familièrement et tout simplement « les plaines ».

 

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Un outil de programmation de l’entraînement intermittent avec applications en ski de fond

Un outil de programmation de l’entraînement intermittent avec applications en ski de fond par Guy Thibault

Note de l’éditeur : Dans cet article, Guy Thibault, physiologiste de l’exercice, conseiller scientifique de plusieurs entraîneurs de haut niveau, expose un modèle graphique simple et utile qu’il a mis au point pour aider les entraîneurs et les athlètes sérieux à mettre en perspective les principaux éléments d’une séance intermittente d’entraînement, et à les agencer de façon rationnelle. Ce modèle s’applique au ski de fond comme à toutes les activités sportives pour lesquelles on peut avoir recours à des séances intermittentes d’entraînement comprenant des périodes d’effort à 85 % de la consommation maximale d’oxygène (VO2max) et plus.

L’entraînement intermittent

Il a été maintes fois démontré et il est bien connu que les programmes d’entraînement comprenant des séances intermittentes – on dit aussi entraînements par intervalles – améliorent davantage les déterminants de la performance dans les sports dits « d’endurance » tels le ski de fond (capacité anaérobie, puissance aérobie maximale (PAM) et endurance aérobie1 ). En effet, comme l’indique le tableau suivant, lors d’un exercice à effort constant, on ne peut maintenir pendant très longtemps une intensité dans la zone optimale de développement de ces déterminants de la performance. C’est justement parce qu’il permet de faire beaucoup plus de travail à une haute intensité relative donnée qu’on a souvent recours à l’entraînement intermittent de préférence à l’entraînement de type continu.

    À ne pas confondre avec le VO2max ou la puissance aérobie maximale, on entend ici par endurance aérobie l’habileté à maintenir pendant longtemps une puissance relative donnée ou l’habileté à maintenir pendant un temps donné, une puissance relative élevée.

Habituellement, on compose une séance d’entraînement de type intermittent en spécifiant les six éléments suivants :

  • le nombre de répétitions ;
  • le nombre de séries ;
  • la durée ou la distance des fractions d’effort ;
  • l’intensité des fractions d’effort ;
  • la durée ou la distance des périodes de récupération entre les fractions d’effort plus intense, et entre les séries ;
  • l’intensité de ces périodes de récupération.

Par exemple, la Figure 1 illustre l’évolution de l’intensité de l’exercice au cours d’une séance d’entraînement intermittente consistant à effectuer 21 répétitions de 2:00 min:s, réparties en trois séries de sept, à 85 % de la PAM.

En général, le nombre de répétitions est d’au moins trois et peut aller jusqu’à 30, parfois plus, et la durée des fractions d’effort peut être comprise entre quelques secondes et plusieurs minutes. C’est en fait l’agencement de ces composantes qui conditionne à la fois la qualité physiologique qui sera sollicitée (et donc améliorée ou entretenue) et le niveau de difficulté de la séance.

On peut évidemment imaginer une infinité de compositions de sorties de ce type. Par contre, à partir du moment où certains des éléments de la séance sont arrêtés, il reste un nombre limité de possibilités pour le(s) dernier(s) élément(s) à fixer, si on veut que la séance ait un niveau de difficulté raisonnable.

À notre connaissance, il n’y a pas de modèles simples décrivant le lien qui existe entre les composantes d’une séance intermittente et son niveau de difficulté. Ainsi, plusieurs entraîneurs et pratiquement tous les athlètes trouvent qu’ils n’ont pas la possibilité de mettre beaucoup de variété dans les programmes d’entraînement qu’ils établissent, ni d’apprécier ou de contrôler convena-blement le niveau de difficulté des séances.

But

Le but du présent article est d’exposer un modèle empirique et graphique de l’entraînement intermittent que l’on a développé pour permettre aux entraîneurs et aux athlètes sérieux de mieux apprécier comment chaque élément d’une séance de ce type peut varier pour un niveau de difficulté donné et pour leur faciliter la tâche en matière de programmation de séances et de plans d’entraînement.

Le modèle

Le modèle empirique de l’entraînement intermittent que l’on propose prend la forme d’un graphique. Il met en relation les composantes d’une infinité de séances d’entraînement intermittent qui ont toutes le même niveau de difficulté.

Sur ce graphique, chaque point le long de chacune des six courbes représente une séance d’entraînement intermittent (on a représenté à l’aide d’un point plus évident celles qui ont une durée de fraction d’effort qui est un multiple de 0:30 min:s). En abscisse, on trouve la durée des fractions d’effort; en ordonnée, le nombre de répétitions. Chacune des six courbes correspond à une intensité relative : de 85 % à 110 % de la PAM, par incréments de 5 %.

Comme l’indique le tableau inséré dans le graphique, on a choisi arbitrairement de fixer les trois autres composantes de la séance (le nombre de séries, la durée de la récupération entre les fractions d’effort et entre les séries) selon le nombre total de répétitions de la séance. On a tout simplement cherché à éviter que des séances aient une durée trop élevée et à limiter à huit le nombre maximal de répétitions par série. S’il y a plusieurs répétitions, la récupération sera moins longue et le nombre total de répétitions à effectuer sera divisé en un plus grand nombre de séries. On tient pour acquis que la récupération entre les répétitions et entre les séries est effectuée à moins de 60 % de la PAM, une intensité facile.

À titre d’exemple, la séance représentée par le point A du graphique consiste à effectuer quatre séries de sept à huit répétitions (pour un total de 30 répétitions) d’une fraction d’effort à 85 % de la PAM, moyennant une récupération active de 1:00 min:s entre les répétitions et de 3:00 min:s entre les séries. La séance représentée par le point B du graphique consiste à effectuer une série de quatre répétitions d’une fraction d’effort à 85 % de la puissance aérobie maximale, moyennant une récupération active de 5:00 min:s entre les répétitions.

Les caractéristiques des séances représentées

Les séances d’entraînement intermittent qu’on peut composer à partir de ce modèle ont, entre autres choses, les caractéristiques suivantes :

    La nature de la fatigue ressentie par l’athlète pendant et après la sortie ne sera pas nécessairement la même selon qu’il s’agit d’une séance comprenant des répétitions plus ou moins nombreuses, longues ou intenses. Par contre, l’impression générale de fatigue ressentie sera sensiblement la même, quelle que soit la séance. En fait, toutes les séances issues du modèle sont perçues comme difficiles, c’est-à-dire que les athlètes sont généralement capables de les effectuer à condition qu’ils soient très motivés. Habituellement, ils ressentent le besoin d’observer une période de repos (actif ou non) d’une journée ou deux avant d’entreprendre une autre séance « difficile ». Toutes les séances issues du modèle ont une composition qui les rend intéressantes pour le développement des principaux déterminants de la performance dans un grand nombre de sports. En effet, leur intensité est comprise entre 85 et 110 % de la PAM, soit une plage d’intensités réputées pour avoir un effet optimal sur le développement de l’endurance aérobie, de la PAM et de la capacité anaérobie, de même que de l’efficacité du geste sportif. Optimiser le temps d’entraînement à haute intensité pourra également s’avérer un élément important de la préparation motrice et psychologique des skieurs de fond qui, en compétition, doivent travailler à des puissances qui sont souvent plus élevées que celles qu’ils adoptent spontanément lors de séances d’entraînement de type continu. Les éléments des séances issues du modèle peuvent prendre des valeurs qui se situent dans un vaste continuum de possibilités en ce qui a trait à l’intensité, au nombre total de répétitions (entre 3 et 30), à la durée de chaque fraction d’effort et à la durée totale de l’entraînement (entre 15 et 90 minutes, excluant l’échauffement et le retour au calme), si bien que leur représentation graphique indique des zones peut-être moins souvent explorées, invitant ainsi l’entraîneur ou l’athlète à composer des formes originales de séances d’entraînement. Pour une intensité donnée, les séances comprenant un grand nombre de répétitions amèneront l’athlète à effectuer un grand volume total d’entraînement à l’intensité cible, alors que celles comprenant un plus petit nombre de répétitions lui apprendront à maintenir l’intensité cible plus longtemps avant la récupération. Par exemple, la séance représentée par le point B comprend un total de 24 minutes à 85 % de la PAM, alors que celle représentée par le point A en comprend 45 à la même intensité, soit pratiquement le double. Ainsi, on peut en quelque sorte prétendre que les séances d’une intensité donnée comprenant un nombre élevé de répétitions mettent l’accent sur la quantité (le volume total de travail et donc la stimulation physiologique à haute intensité sont élevés), alors que celles qui en comprennent un nombre faible mettent l’accent sur la qualité (l’athlète « apprend » à maintenir plus longtemps l’intensité élevée, comme il aura à le faire en compétition).

Comme on l’indique dans la section suivante du présent article, le modèle suggéré ici a des applications sur le plan pédagogique et il facilite la programmation de séances et de programmes d’entraînement.

Applications pédagogiques du modèle

Lorsqu’on a eu l’occasion d’exposer ce modèle à des entraîneurs de haut niveau, on a constaté qu’il facilite l’enseignement du lien dynamique qui existe entre les différentes composantes d’une séance d’entraînement intermittent. En effet, il permet de mettre en évidence comment il faut faire varier une ou plusieurs de ces composantes selon l’objectif visé, tout en maintenant inchangé le niveau de difficulté des séances. Par exemple, on peut calculer à l’aide du modèle le nombre de répétitions d’effort à 95 % de la PAM qu’il faut faire, selon que les fractions d’effort auront une durée de 1:00 min:s ou de 3:30 min:s; en l’occurrence 24 et trois répétitions, respectivement.

Aussi, on peut facilement mettre en évidence la plage de durée des fractions d’effort à l’intérieur de laquelle se situent les séances « pertinentes » à une intensité donnée. Par exemple, le modèle indique qu’il n’apparaît pas utile de s’entraîner à 85 % de la PAM sur des fractions d’effort de moins de 1:30 min:s (le nombre de répétitions devrait être plus grand que 30), ou de plus de 6:30 min:s (le nombre de répétitions serait plus petit que trois).

Le modèle permet aussi d’apprécier de combien il faut modifier le nombre de fractions d’effort d’une certaine durée lorsque change l’intensité. Par exemple, le niveau de difficulté est exactement le même, que l’on fasse quatre répétitions d’effort de 2:00 min:s à 105 % de la PAM ou que l’on en fasse 14 à 90 % de la PAM ou 21 à 85 % de la PAM.

Applications du modèle en matière de programmation de séances d’entraînement

À l’aide du modèle, les entraîneurs et les athlètes peuvent imaginer autant de séances qu’ils le veulent, à n’importe quelle intensité comprise entre 85 et 110 % de la PAM. Même en se restreignant aux durées de fraction d’effort multiples de 30 secondes, on obtient, pour les intensités de 85, 90, 95, 100, 105 et 110 % de la PAM, 31 sorties différentes, comme on l’illustre sur la figure représentant le modèle.

On peut également effectuer des séances dont la durée des périodes d’effort et l’intensité varieront d’une série à l’autre en faisant une partie d’une séance issue du modèle, suivie d’une partie d’une autre séance. Ainsi, par exemple, en s’inspirant des séances A et B, on peut suggérer l’entraînement suivant : deux séries de sept ou huit répétitions de fractions d’effort de 1:30 min:s à 85 % de la PAM avec respectivement 1:00 et 3:00 min:s de récupération entre les répétitions et les séries, puis une série de deux périodes d’effort de 6:00 min:s à 85 % de la PAM avec 5:00 min:s de récupération entre les répétitions. Dans ce cas, l’athlète aura effectué la moitié de la séance A et la moitié de la séance B.

Par ailleurs, l’entraîneur ou l’athlète est en mesure, à partir du modèle, de contrôler le niveau de difficulté des séances. On peut en effet considérer qu’une séance au cours de laquelle l’athlète n’effectue qu’une fraction du nombre de répétitions prescrit par le modèle, fera un entraînement dont le niveau de difficulté est inférieur au niveau « maximal ». Par exemple, effectuer cinq, six, sept, huit ou neuf répétitions d’une fraction d’effort qu’on peut répéter dix fois selon le modèle correspond à un niveau de difficulté de 50, 60, 70, 80 ou 90 % respectivement.

Cela suppose, par contre, qu’on est en mesure de doser parfaitement la puissance à laquelle on travaille pendant les fractions d’effort, ce qui ne pose pas de problème si l’entraînement s’effectue à l’aide d’un ergomètre étalonné (p. ex. un ergocycle). Ce n’est pas le cas en ski de fond.

Fait intéressant à souligner, lorsqu’on demande à des athlètes expérimentés d’effectuer une séance issue du modèle sans nécessairement leur communiquer l’intensité cible (on ne précise alors que le « patron » de la séance, c’est-à-dire le nombre de fractions « d’effort » et la durée des périodes de récupération entre les répétitions et entre les séries) ils adoptent généralement l’intensité cible de façon spontanée. Ceux qui adoptent en début de séance une intensité plus élevée que celle qu’on attend compte tenu du modèle auront tendance à réduire l’intensité au fur et à mesure qu’ils réaliseront qu’ils ne seront pas capables de maintenir l’effort jusqu’à la fin de la séance. Inversement, ceux qui adoptent en début de séance une intensité trop faible auront tendance à s’ajuster en augmentant l’intensité dès qu’ils réaliseront que la séance n’est pas assez éprouvante. Ainsi, en moyenne, la séance d’entraînement aura amené l’athlète à travailler à une intensité qui diffère peu de l’intensité visée par le patron de séance. Le skieur n’a donc qu’à connaître le patron de la séance, sans nécessairement qu’on lui communique précisément l’intensité cible. Cela peut constituer un avantage intéressant, particulièrement pour plusieurs activités sportives, comme le ski de fond, où il est difficile de communiquer l’intensité de travail ou de l’apprécier avec précision.

À toute fin pratique, en ne précisant que le patron de la séance, on obtiendra vraisemblablement la sollicitation physiologique recherchée car l’intensité réelle à laquelle s’entraînera l’athlète ne sera manifestement pas très différente de celle qui est visée.

Il faut souligner qu’il ne serait pas possible d’utiliser la fréquence cardiaque cible comme moyen de communiquer ou de contrôler convenablement l’intensité des fractions d’effort. C’est évidemment le cas pour toutes les séances à intensité supramaximale, c’est-à-dire à plus de 100 % de la PAM. Même au cours des séances dont l’intensité d’effort est sousmaximale (moins de 100 % de la PAM), la fréquence cardiaque n’atteint pas assez rapidement un plateau pour que ce paramètre puisse véritablement aider l’athlète à trouver la bonne intensité de travail.

Applications du modèle en matière d’organisation du programme d’entraînement

Le modèle ne dicte aucune approche en matière de programmation de l’en-traînement à long terme, mais il permet à l’entraîneur ou à l’athlète de s’en donner une. On peut concevoir une progression à observer au cours d’une phase du programme d’entraînement en « numérotant » les séances selon l’ordre séquentiel dans lequel elles devront être effectuées. Les possibilités sont infinies, mais voici en guise d’exemple trois modes de progression qu’ont spontanément suggérés des entraîneurs à qui on a fait faire des exercices sur les applications du modèle.

TYPE DE PROGRESSION DESCRIPTION JUSTIFICATION
Progression de l’intensité Toutes les séances à 85 % de la PAM, puis celles à 90 % de la PAM et ainsi de suite au fur et à mesure que progresse la saison, jusqu’à 110 % de la PAM. Pour permettre à l’athlète de s’adapter, sur lers plans métabolique, moteur, ostéo-articulaire et psychologique, aux intensités sousmaximales et maxiamles avant de passer aux intensités supramaximales.
Progression de la quantité vers la qualité Séances comprenant un grand nombre de répétitions en début de saison, puis, par la suite, celles comprenant un nombre de plus en plus petit, nonobstant l’intensité. Pour maximiser le temps total de travail aux intensités cibles en début de programme (miser sur la quantité), et pour amener progressivement l’athlète à apprendre à maintenir l’intesité longtemps avant le repos (miser sur la qualité).
Progression de la durée des séances De la séance la plus courte à la plus longue, nonobstant l’intensité. Pour préparer progressivement l’athlète à effectuer des séances d’entraînement longues.

Ainsi, selon son approche, l’entraîneur ou l’athlète pourra établir une progression à sa façon et en s’assurant du contrôle du niveau de difficulté des séances tout au long de la saison. Évidemment, on peut également organiser une progression du niveau de difficulté des séances en faisant faire, comme on l’a mentionné précédemment, un nombre de répétitions qui est une fraction du nombre « maximal » de répétitions prescrit par le modèle.

Validité et limites du modèle

Toute approche en matière de programmation de l’entraînement est difficile à valider parce que cela demande de contrôler avec beaucoup de rigueur des paramètres sujets à fluctuation, et ce, auprès d’un grand échantillon d’athlètes de divers niveaux. Le modèle présenté ici n’échappe évidemment pas à cette règle.

Pour apprécier tout de même la justesse du modèle, on a demandé à un athlète d’effectuer en laboratoire 31 séances qui en découlent. Il a observé que bien que la nature de la fatigue ressentie pendant et après chaque entraînement varie selon sa composition, l’impression globale et subjective de fatigue est sensiblement la même, quelle que soit la séance.

On n’a donc pas identifié de biais systématique. Que la séance soit courte ou longue, qu’elle soit à intensité élevée ou très élevée et que son nombre total de répétitions soit petit ou grand, l’athlète a dû chaque fois se motiver fortement pour terminer n’importe quelle des 31 séances découlant du modèle. Il a déclaré que, dans tous les cas, la période d’une journée ou deux de repos actif ou inactif qui lui était allouée lui paraissait nécessaire pour qu’il soit en mesure d’effectuer la séance « difficile » suivante. Fait à souligner, la PAM de cet athlète a augmenté de 20 watts par mois (période au cours de laquelle il effectuait une dizaine de séances issues du modèle, intercalées de un à trois jour(s) de repos actif ou inactif) pendant les trois mois de l’expérience, passant de 380 à 440 watts, soit l’équivalent de VO2max de 60 et de 68 ml/kg/min respectivement.

Bien qu’il ne soit pas statistiquement valable de conclure à partir d’un seul cas, il est intéressant de noter que cet athlète n’a pas trouvé qu’un type de séance était plus difficile qu’un autre.

À défaut d’une véritable validation du modèle, on peut affirmer, à partir des commentaires formulés par les entraîneurs et les athlètes qui l’utilisent, qu’il demeure utile pour ses applications pédagogiques et pratiques en matière d’organisation de séances et de plans d’entraînement à long terme.

Dans sa version actuelle, le modèle ne permet pas d’apprécier l’effet d’un changement de la durée de la récupération entre les répétitions et entre les séries. Cependant, l’expérience indique que le nombre de répétitions qu’on peut effectuer avant d’atteindre un niveau donné de fatigue change peu si la récupération varie à l’intérieur d’une plage raisonnable de durée et d’intensité, par exemple plus ou moins 20 %.

Le modèle ne s’applique pas aux séances d’entraînement comprenant des fractions d’effort de moins de 30 secondes, une lacune importante qui pourra être corrigée dans une version ultérieure. On sait en effet que l’entraînement par intervalles courts a un effet important sur le développement de la PAM et de la capacité anaérobie. Il faudrait vérifier si une projection des formules du modèle pour des intensités supérieures à 110 % de la PAM et pour des durées inférieures à 30 secondes mène à des compositions « raisonnables » de séances.

Conclusion

En conclusion, le modèle proposé du lien dynamique entre les éléments d’une séance d’entraînement intermittent, bien qu’il ne soit fondé que sur des bases empiriques et bien qu’il n’ait pas été validé de façon rigoureuse, semble avoir des applications pratiques sur le plan pédagogique et en matière d’organisation de séances et de programmes d’entraînement dans plusieurs sports comme le ski de fond, où la PAM, l’endurance aérobie et la capacité anaérobie sont des déterminants de la performance.

L’auteur invite les entraîneurs qui le désirent à communiquer leurs observations sur le modèle de l’entraînement intermittent présenté dans le présent article en communiquant avec lui, par courriel, à l’adresse suivante : guy.thibault@msss.gouv.qc.ca.

Références et lectures suggérées

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  • Péronnet, F. et G. Thibault. 1984. L’ordinateur HERMANN au service des coureurs, (partie II), L’entraîneur (Canada), jan.-mars:28-29.
  • Péronnet, F. et G. Thibault. 1984. Consommation maximale d’oxygène, endurance et performance, L’entraîneur (Canada), oct.-déc.:20-22.
  • Péronnet, F. et G. Thibault. 1989. Mathematical analysis of running performance and world running records, J. Applied Physiol. (Modeling Methodology Forum), 67:453-465.
  • Péronnet, F., G. Thibault, M. Ledoux et G. Brisson. 1991. Le marathon : équilibre énergétique, alimentation et entraînement du coureur sur route; 2e édition, Décarie (Montréal) et Vigot (Paris), 438 p.
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  • Thibault, G. 1997. Intensité ou volume ? Réflexions sur une épineuse question, Vélo Mag, Juin:26-29.
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  • Thibault, G. et A. Marion. 1998. A model of interval training prescription (résumé de communication), Med. Sci. Sports Exerc., 30(5), p. S-108.
  • Thibault, G. et D. Mercier. 1981. La planification de l’entraînement du coureur de fond, La Revue québécoise de l’activité physique, 1:11-19.
  • Thibault, G., F. Péronnet et D. Mercier. 1987. HERMANN : A computer program designed to help the runner and the coach, Part II : Training prescription, Journal de l’Association Canadienne pour la Santé, l’Éducation Physique et le Loisir, 53:24-29.

www.amsfski.com
www.savoir-sport.org

 

Oct
01

Tout ce que j’ai toujours su sur le ski à roulettes, sans jamais penser vous en parler

Tout ce que j’ai toujours su sur le ski à roulettes, sans jamais penser vous en parler par Paul Junique

Fixer le premier ski se fait sans difficulté. Les problèmes commencent avec la fixation du second. En penchant le buste, on déplace notre centre de gravité vers l’avant et notre équilibre tend à se modifier. Newton m’a expliqué tout ça dans son deuxième principe. « Pour contrer le déséquilibre, le bas du corps se déplace vers l’arrière, ce qui fait reculer la jambe (mobile) fixée au ski et on se casse la figure. »

Vous venez de prendre votre première leçon de skis à roulettes, celle qui consiste à rester debout, une fois les deux skis fixés. Si le prof est compétent, il vous montrera comment coincer le premier ski pour l’empêcher de reculer. Dans le cas contraire, il devra vous montrer comment soigner votre première brûlure.

Vous êtes sur vos deux skis ? Alors, allez‑y, c’est comme sur la neige… mais avec un casque au lieu d’une tuque.

Si vous lisez ces lignes, vous faites partie des Maîtres, vous avez obligatoirement assisté au cours « Équilibre 101 » donné par Léon – c’est un prérequis pour être Maître – et vous avez des chances de ne pas tomber tout de suite. Profitez-en, roulez un peu, les chutes s’en viennent.

Voici quelques conseils pour vous éviter bien des bobos, quelques lignes pour satisfaire votre curiosité et un article pour faire plaisir au rédacteur en chef qui en avait besoin pour le dernier numéro de L’Écho des maîtres.

  • La technique ressemble beaucoup à celle du ski sur neige, mais pour simplifier l’apprentissage, les skis de classique sont munis d’un système anti-recul qui permet aux plus nuls d’avoir un « kick » impressionnant.
  • Les roues vertes sont utilisées par temps très froid, les roues bleues s’utilisent par temps sec, les roues rouges ne sont plus à la mode et les roues jaunes sont réservées aux pistes humides et aux périodes de pluie.
  • N’essayez pas de remplacer des roues usées par des roues de carrosse de Provigo. Vous passerez pour un touriste.
  • En descente, pour freiner, le chasse‑neige est déconseillé puisqu’il n’y a pas de neige. Essayez plutôt la méthode suivante :
    • Faire une prière, baisser le bassin, poser une main – gantée de préférence – à terre, pivoter autour de la susdite main, allonger les deux jambes dans un mouvement de rotation qui abaisse le centre de gravité. Le contact sol-fesses doit se faire le plus délicatement possible. C’est Michael Jackson qui m’a montré tout ça ;
    • Une fois arrêté, sourire aux spectateurs, laver et soigner les plaies, ramasser les morceaux de bâtons brisés, se promettre de ne plus recommencer, se faire vacciner contre le tétanos, s’inscrire au plus vite au cours complet de débarques donné chaque automne par un spécialiste du club .
  • Ne circulez pas sur les autoroutes aux heures de pointe.
  • Le marché de seconde main est en pleine effervescence. Vu la rareté des roues de certains skis, on peut se procurer, pour quelques dollars, des modèles destinés au musée Jack Rabbit. Lorsque les roues sont définitivement détruites, tous ces modèles s’accrochent facilement sur un mur de garage ou dans une cave, à côté d’une vraie paire de raquettes en babiche de « Canadien Pneu ».
  • Les courses commencent à s’organiser au Québec. Elles se font le plus souvent en milieu urbain, autour des grands centres hospitaliers pour assurer un accès rapide aux centres d’Urgence santé.
  • Au mont Royal, l’an passé, le nombre de photos de skieurs à roulettes prises par les touristes a dépassé de 245 le nombre de photos d’écureuils mangeant de petites arachides salées dans la main d’un Européen.
  • Le ski à roulettes existe depuis la nuit des temps. Dans une grotte, en Mauritanie, on a retrouvé des peintures rupestres montrant un de nos ancêtres avec des skis à roulettes. Malheureusement, certains affirment qu’il s’agit de skis nautiques. Les ethnologues sont perplexes et les œnologues ne sont pas fixés.
  • Deux compagnies distribuent leurs produits au Québec. Je ne les nommerai pas (sauf si elles m’envoient des paires gratuites pour faire des cadeaux à mes amis Maîtres). Cependant, la compagnie italienne Skikette tente une percée sur le marché nord-américain. Je les essaie et je vous en reparle.
  • V2 n’est pas une sous-marque moins vitaminée de V8, comme la croyance populaire le laisse croire. Il s’agit bien d’une marque d’excellents skis à roulettes, puisque j’en ai quatre cinq paires.
  • À l’automne, on ne me voit pas tous les jours en skis à roulettes au Mont Royal. C’est une légende urbaine.

Bon, je vous quitte. Je vais essayer une nouvelle paire avec quatre roues.

Octobre 2001

 

Oct
01

Ma traversée du Canada à vélo

Ma traversée du Canada à vélo par Évariste Lavoie

Depuis quelques années déjà, je mijotais l’idée de traverser le Canada. Au début, je voulais le faire en ramassant de l’argent pour une œuvre. Estimant les coûts à environ 50 000 $, j’ai mis cette idée de côté. Je ne pouvais pas financer cela, et trouver des compagnies pour la parrainer s’avérait trop difficile. J’aurais pu le faire en prenant une partie de l’argent pour couvrir le coût de cette traversée et en remettre le solde à une œuvre. Toutefois, tant qu’à donner des miettes, je préférais partir seul et payer mes dépenses. L’hiver a passé et je suis parti m’entraîner un mois et demi dans la région de Grenoble tout en vérifiant si, en parcourant 100 km et plus de vélo par jour, la récupération se ferait bien. J’y ai fait 3 500 km. Puis, avant mon départ pour Vancouver, j’ai parcouru 500 autres kilomètres. J’avais donc cumulé 4 000 km avant d’entreprendre ma traversée du Canada.

Une petite remorque devait me servir pour embarquer tous mes vêtements, les outils, les pièces de vélo, les pneus, etc. fournis par la boutique Bicycles Record à Sainte-Foy que je remercie. J’ai effectué les démarches pour l’achat du billet Montréal‑Vancouver ainsi que pour l’autobus de Québec à l’aéroport de Montréal. Première surprise, mon billet d’avion coûtait 300 $ de plus, plus 47 $ et 100 $ entre autres à cause du surplus de bagages.

Le voyage Montréal‑Vancouver se passe très bien. Après avoir descendu de l’avion, je monte le vélo et la remorque et je pars pour Vancouver. J’ai 33 km à faire et je couche à l’hôtel The Belmore. Assez chère, près de 100 $, mais je n’avais pas le goût de chercher ailleurs, car il faisait déjà noir et j’avais eu beaucoup de difficultés à me rendre là.  De plus, je n’avais pas encore mangé. La remorque était un modèle de première série et elle me faisait louvoyer sur la route. Ce n’était pas contrôlable dans les descentes ; c’était comme un fouet à l’arrière du vélo. Descendre des côtes à 15 km c’était un danger. Je parvenais à demeurer sur le vélo avec beaucoup de difficulté. J’ai donc pris la décision de renvoyer quelques vêtements chez moi (20 $ par Purolator). La pesanteur réduite n’était pas suffisante. J’ai alors décidé de renvoyer la remorque et la plupart des vêtements, des pneus et des outils (80 $ par Purolator) et je m’informai pour trouver un marchand de vélo. J’y ai acheté un porte-bagages, une petite valise et décidai de conserver le minimum de vêtements. En une journée, tout a été réglé, y compris l’hôtel à moins cher.

Jour 1 – 9 mai 2001

Vancouver – Hope

141,52 km – 6 h 01

Après une deuxième nuit passée à Vancouver et un déjeuner pas très bon, je ceinture la petite valise et mon sac à dos sur le vélo, puis c’est le départ. Je fais 15 km. Puis, la charge me cause des problèmes ; elle veut tomber. Je dois m’arrêter et acheter des élastiques. Je réussis à faire tenir le tout, mais cela est très pesant et il faut que j’appuie sur les guidons pour empêcher le vélo de basculer vers l’arrière. C’est difficile de rouler, car aussitôt que le vélo penche un peu, cela veut me renverser. C’est dur sur les épaules et les bras ; la pesanteur en arrière du vélo fait comme si j’avais une personne en plus. Je termine malgré tout la journée avec un bon kilométrage. Je me loue une chambre dans un motel. En prenant ma douche, de l’eau bouillante vient subitement. Je fais un pas brusque. Je glisse et tombe en dehors du bain, le dos sur le terrazo, les deux pieds restés dans le bain. J’ai eu de la difficulté à me relever, mal à une épaule, dans le dos et à un orteil. J’étais réellement sonné, cela a pris quelques minutes avant que je me relève. C’en fut fait pour la douche. Je me suis essuyé et habillé pour aller souper avec mes douleurs au dos et à l’épaule. Après le souper, je me suis massé. À sept heures, j’étais au lit et j’ai regardé la télévision jusqu’à 9 heures avant que je ne puisse fermer l’œil.

Jour 2

Hope – Lyton

115,72 km

Vent de dos et de face avec beaucoup de grosses montées longues et difficiles avec les bagages.

Jour 3

Lytton – Cache Creek

86 km

Vent de face, de grosses côtes longues. Pas de restaurant ; la fringale m’a pris. J’ai terminé assez fatigué ; je n’avais plus de force. J’ai pris une douche, j’ai soupé et je me suis couché.

Jour 4

Cache Creek – Kamloops

82,27 km– 4 h 03

Vent de face, beaucoup de grosses côtes longues. J’ai dîné en route. Je viens de prendre le premier bon repas depuis mon départ de Vancouver. Ici on mange beaucoup de hamburgers et toutes sortes de sandwiches avec de la sauce et des patates frites.

Jour 5

Kamloops – Canœ

125,36 km – 5 h 56

Vent de face et de dos. Belle température. La première partie sur le plat, la deuxième partie côteuse.

Jour 6

Canœ – Revelstoke

104 km

Forte pluie froide. Le compteur a cessé de fonctionner. Je l’ai regardé un moment, et. en levant les yeux, j’ai vu cet amoncellement de sable apporté par la pluie. J’ai essayé de l’éviter ; peine perdue, la roue avant a labouré et la charge sur le vélo m’a fait perdre l’équilibre. Je me suis retrouvé étendu sur le côté, sans mal, mais insulté. J’ai regardé aussitôt en arrière ; des autos venaient. Je me suis relevé et remis en route. J’ai fini la journée gelé et trempé. Depuis six jours, j’ai roulé 688 km.

Jour 7

Revelstoke – Glacier Rogers Pass

69 km

Pluie et neige. Étape dure, longues côtes. J’ai eu faim, j’ai terminé très fatigué et j’ai eu froid. Coucher au Best Western Roger Pass. Plus de 100 $ pour la chambre et 25 $ pour le repas.

Jour 8

Glacier Rogers Pass

0 km

Je me réveille et regarde dehors : il y a six pouces de neige. C’est froid et venteux. Le prochain hôtel est à 88 km. Je ne peux pas partir. Le temps est long à ne rien faire.

Jour 9

Glacier Rogers Pass – Golden

88 km – 3 h 52

Départ par temps froid. Par la suite, beau temps. Avec la pesanteur arrière du vélo et parfois la mauvaise route, je dois faire défausser les deux roues. J’ai remarqué, sur mon compteur, avoir atteint 68 km/h dans une descente. Je savais que si je faisais une crevaison, cela ne serait pas contrôlable.

Jour 10

Golden – Banff

143,57 km – 7 h 02

Vent changeant de dos, de côté et de face. Beaucoup de grosses côtes, temps froid et même un peu de neige. J’ai terminé la journée fatigué.

Jour 11

Banff – Calgary

132,66 km – 6 h 01

Départ sous la pluie. Vent de dos et de côté pendant 25 km. Après 48 km de vent de face et de la pluie, une tempête de neige dans une montée de 15 km. Je ne voyais rien, il neigeait tellement qu’il fallait presque fermer les yeux. C’était dans un parc provincial ; il n’y avait pas de maison. J’avais les mains et les pieds gelés. Je ne pouvais pas arrêter. Je me suis résigné à pédaler. J’avais les doigts gelés et je tremblais. Il restait 60 km à faire avant le prochain hôtel. En haut d’une côte, la neige a cessé de tomber et le soleil est apparu. Cela m’a réchauffé.

Jour 12

Calgary – Brooks

191,16 km – 7 h 02

Vent de côté et de dos. Au départ, température assez fraîche. Après, le soleil de temps à autre et le reste du temps, nuageux. J’ai terminé la journée fatigué et j’ai failli chuter à plusieurs reprises à cause du vent très fort de côté et le déplacement du vent pas les camions remorque. J’avais du mal à tenir sur le vélo ; il penchait et tassait de 4 à 5 pieds. J’avais peur que le vélo ne glisse.

Jour 13

Brooks –Medecine Hat

109,23 km – 4 h 03

Je suis parti avec un très faible vent dans le dos.

Jour 14

Medecine Hat – Gull Lake

176 km – 7 h 45

Un peu long, mais pas de motel ouvert, j’ai dû continuer. Je termine assez fatigué.

Jour 15

Gull Lake – Morse

117,3 km – 5 h 50

Vent de face. Trajet très long avec longue montée. Ensoleillé.

Jour 16

Morse – Moose Jaw

120 km – 6 h 01

Vent de face plus fort qu’hier et temps ensoleillé.

Jour 17

Moose Jaw – McLean

114,22 km – 6 h 01

Gros vent de face et de côté. Temps partiellement ensoleillé.

Jour 18

McLean – Grenfell

87,25 km – 4 h 47

Gros vent de face et de côté. Ensoleillé. Quatrième journée avec de gros vents de face. J’ai dû changer le pneu arrière.

Jour 19

Grenfell – Moosomin

98,77 km – 4 h 56

Vent de face pendant 60 km et par la suite, de côté. Pour terminer la journée je me suis fait tremper. Il restait 2 km à faire et une grosse averse est tombée. C’est arrivé comme un ouragan. Au motel, j’ai rencontré deux jeunes filles qui traversent, elles aussi, le Canada. Nous avons jasé et le lendemain je leur ai souhaité bonne chance.

Jour 20

Moosomin – Virden

65,83 km – 3 h 19

Encore le vent de côté et de face pour la sixième journée. Aujourd’hui, je suis obligé de m’arrêter. Sinon, il me faudrait parcourir 80 autres km pour atteindre le prochain motel.

Jour 21

Virden – Carberry

124,49 km – 7 h 02

Septième journée avec le vent de face assez fort, un genou qui me fait mal à force de pousser sur les pédales. Je me suis arrêté à mi-chemin et je me suis frotté avec un onguent réchauffant pour soulager le mal.

Jour 22

Carberry – Elie

122 km

De la pluie, mais pas de vent. J’ai brisé le porte-bagages à 25 km de la ville ; j’ai réussi à repartir. Aucune maison à moins de 25 km. J’ai pu avoir un boulon et effectuer la réparation. Je me suis rendu au seul endroit où je pouvais coucher : un bar qui avait des chambres à louer. Un vrai trou, il y avait des cadenas sur toutes les portes. Elie compte environ 25 maisons, un bureau de poste, un bar, un restaurant. L’alcool coulait à flot et les gens y prenaient un coup solide. Le matin, j’ai voulu sortir, mais j’ai dû attendre qu’une personne débarre la porte.

Jour 23

Elie – Sainte-Anne

105,16 km

Encore le vent de côté et de face ainsi que des averses. À un certain endroit, et sur 13 km, le vent de face était tellement fort que j’ai dû rouler sur 39×27 pour pouvoir avancer. Je roulais à peine 13 km/h. Par la suite, la route qui contourne Winnipeg change de direction et le vent s’est présenté de côté.

Jour 24

Sainte-Anne – Falcon Lake

109,51 km – 4 h 58

Vent de côté et de dos. Temps nuageux. À 40 km, la pluie a débuté pour environ 40 km. À un moment, le soleil s’est montré, mais il est reparti aussi vite qu’il était apparu.

Jour 25

Falcon Lake – Kénora (Keewatin)

62,41 km – 3 h 02

Vent moyen de face. Temps nuageux et parcours très montagneux. Je dois m’arrêter, sinon je devrai faire 150 km avant d’atteindre le prochain hôtel.

Jour 26

Kénora (Keewatin) – Dryden

150 km

Temps ensoleillé. Vent changeant de dos, de face et de côté. Beaucoup de longues côtes. Dès le départ, beaucoup de montées, très peu de descentes ; ça monte presque toujours. J’ai pensé aux astronautes, car à force de monter, on se rapproche d’eux.

Jour 27

Dryden – Ignace

110,80 km – 7 h 18

Beau soleil. Vent moyen tantôt de face, tantôt de dos ou de côté. Une autre journée généreuse en côtes. J’ai roulé tout ce kilométrage sans voir un restaurant. Les 40 derniers km, j’avais la fringale.

Jour 28

Ignace – Upsola

111,16 km – 5 h 19

Temps ensoleillé et nuageux, vent de face la plupart du temps et pour finir de grosses côtes. Je termine ma journée fatigué. À 40 km, je ne me sentais pas bien du tout : une douleur au ventre causée probablement par de l’eau ou de la nourriture infectée.

Jour 29

Upsola – Kakabeka falls

112 km – 5 h 14

Temps nuageux, très peu de soleil. Vent de face. À deux reprises, des orignaux sont passés devant moi ; l’un d’eux avec son petit. Je voulais me rendre jusqu’à Thunder Bay, 25 km plus loin. Toutefois, j’ai dû m’arrêter pour ne pas forcer un genou qui me faisait souffrir. Je l’ai frictionné avec un onguent chauffant.

Jour 30

Kakabeka Falls – Nipigon

142 km en 6 h 06

Temps ensoleillé. Vent de dos. J’ai failli écraser un porc-épic qui a traversé la route juste devant moi. Les derniers kilomètres sont durs, les pieds me brûlent. J’ai dû arrêter deux fois, enlever mes souliers et me masser les pieds pour atténuer cette sensation de brûlure.

Jour 31

Nipigon – Terrace Bay

110 km – 5 h 08

Temps ensoleillé. Vent changeant de dos et de face. Beaucoup de grosses côtes longues. Le genou me fait mal, car je dois forcer beaucoup dans les côtes.

Jour 32

Terrace Bay – Marathon

90 km

Temps nuageux. Beaucoup de grosses côtes longues. Vent de dos et de face.

Jour 33

Marathon – White River

99,10 km

Temps nuageux. Vent de dos. Encore des côtes. Pendant l’ascension d’une côte, je vois un gros ours noir juste devant moi. Je mets les freins, je le laisse passer, il traverse la route, va dans le fossé, sent, fait demi-tour et revient sur la route. Au milieu de celle-ci, il m’a regardé, puis il a continué. il a sauté dans le fossé et a pris le bois. J’ai continué cette montée comme si rien ne s’était passé. Je n’étais pas intéressé à lui faire la conversation.

Jour 34

White River – Wawa

93,22 km – 4 h 23

Vent de face, rien de spécial. La fatigue commence à se faire sentir après 33 jours sans repos.

Jour 35

Wawa – Montréal Harbour

112 km – 5 h 32

Vent de dos, de côté et de face. Beaucoup de côtes, aucun restaurant sur 100 km. Pour coucher, j’ai été chanceux ; j’ai déniché des camps de pêche. Il y en avait un de libre sur le bord du lac Supérieur. Au bureau de location, j’ai acheté un pain et du beurre, puis j’ai soupé et déjeuné avec des rôties.

Jour 36

Montréal Harbour – Sault Sainte-Marie

124,18 km – 6 h 25

Vent de face surtout. De grosses côtes longues. Et pour finir, un temps chaud et humide. Mes jambes sont fatiguées, les pieds me brûlent, bref une étape très dure.

Jour 37

Sault-Sainte-Marie – Iron Bridge

110,59 km – 5 h 17

Vent de face, ensoleillé, temps très chaud (31°C). C’est la deuxième fois que je roule en cuissard court. J’ai dû arrêter deux fois, car les pieds me brûlaient et aussi parce que je n’étais pas remis de ma fatigue de la veille. Jour 38

Iron Bridge – Espanola Jonction

125,86 km – 6 h 01

Vent de face, ensoleillé, temps très chaud en après midi (31°C). Pas fameux le souper : un hamburger et une frite, mais ça coûtait presque rien.

Jour 39

Espanola Jonction – Sturgeon Falls

165,13 km  – 6 h 18

Nuageux au départ. Vent de dos. Le soleil est revenu, je n’ai pas mis de crème solaire et j’ai des coups de soleil aux bras.

Jour 40

Sturgeon Falls – Matawa

108,30 km – 4 h 59

Nuageux au départ, par la suite soleil très chaud. Vent de dos. Que des côtes. Après 30 km de longues montées, déjeuner. Puis, 40 km après le départ, tout était fermé. J’ai terminé pas mal vidé. Un mal à l’arrière de la cuisse gauche me faisait souffrir et m’empêchait de forcer.

Jour 41

Matawa – Deep River

105 km – 4 h 43

Vent de dos et de face, ensoleillé, beaucoup de côtes, des grosses et des longues. La douleur à l’arrière de la cuisse gauche persiste. Journée difficile.

Jour 42

Deep River – Arnprior

131 km – 5 h 39

Vent de face, de côté et quelques fois dans le dos. Le matin, nuageux, et après, le soleil, très chaud. Parcours plutôt plat. J’ai dépassé deux garçons et une fille avec des sacs de couchage. J’ai échangé quelques mots avec eux ; ils allaient en Nouvelle-Écosse.

Jour 43

Arnprior – Plaisance

142,39 km – 6 h 10

Vent de dos, quelques fois de face. Ce matin, en vérifiant mon vélo, je me suis aperçu que j’avais un boulon de cassé sur le porte-bagages. J’ai dû aller dans un machine shop pour refaire les filets et obtenir un boulon plus gros. Je suis retourné à mon hôtel chercher mes bagages et je suis parti plus tard à cause de cela.

Jour 44

Plaisance – Montréal

146,80 km – 6 h 30

Vent de face. Après quelques kilomètres, le porte-bagages s’est brisé deux fois sur une distance de 15 km et il n’y avait aucune possibilité de le réparer. Je m’apprêtais à laisser tous mes bagages sur le bord de la route, quand une dame qui se dirigeait vers le prochain village m’a offert de les transporter. Je l’ai suivie en vélo. Au terminus d’autobus, j’ai demandé une boîte et j’ai expédié le plus gros de mon bagage chez moi. J’ai gardé un sac à dos avec quelques vêtements de rechange. J’ai payé le transport et j’ai téléphoné à mon frère pour lui demander de passer prendre mon bagage à la gare d’autobus.

Il est presque midi quand je repars pour Montréal avec un vent de face, et 125 km à parcourir. À Saint-Eustache, sur la route 148, roulant sur l’accotement, un automobiliste est venu me chercher. Il a passé tellement près, que le miroir de l’auto m’a frappé dans le dos, sur mon sac à dos. Le miroir a cassé et j’ai glissé, appuyé sur le côté de l’auto. Le bonhomme s’est arrêté et il m’a dit qu’il ne m’avait pas vu. Il paraissait avoir bu. J’ai eu envie d’alerter la police, mais comme je ne semblais pas blessé, j’ai laissé faire. Je suis parti plutôt craintif, surtout sur la route 344 qui part de Saint-Eustache et passe par Rosemère et Terrebonne jusqu’au pont Charlemagne. Sur la route 138, il y a des arrêts et des feux de circulation à toutes les intersections sur 30 à 35 km. À Mascouche, j’ai trouvé un motel à 5 km en dehors de ma route. C’était un motel assez dispendieux. Le gérant m’a accordé un rabais de 20 $ sur le prix de la chambre. Il était presque 21 heures et je n’avais pas encore mangé. J’ai payé 80 $ pour la chambre. En revenant de manger, il pleuvait un déluge.

Jour 45

Montréal– Cap-de-la-Madeleine

142,80 km – 6 h 55

Vent de face et averses. Je ressens des douleurs au bas du dos. Est-ce que c’est le sac à dos porté pendant 6 h 30 la veille ou le choc subit quand le miroir de l’auto s’est fracassé sur mon dos ?

Jour 46

Cap-de-la-Madeleine – Québec

136,78 km – 5 h 37

En déjeunant au restaurant le Madelon, je portais le maillot avec les informations de la traversée du Canada de Vancouver à Halifax. Beaucoup de personnes m’ont posé des questions. J’avais commandé mon déjeuner lorsque la serveuse est venue me voir pour me dire qu’un Monsieur à une autre table avait payé pour moi. J’ai terminé mon déjeuner et je suis allé le remercier. Je suis parti vent de côté et sous des averses. À Donnacona, en raison des averses, plusieurs personnes sont venues à ma rencontre en auto. Nous avons dîné et je suis reparti avec celles venues me rejoindre en vélo. Arrivé à Québec sous la pluie, nous nous sommes rendus au parc Maizeret où un groupe nous attendait, dont un journaliste.

Jour 47

Québec – La Pocatière

124,34 km – 5 h 02

Je pars avec un autre vélo et un nouveau porte-bagages. Michel Bédard m’accom-pagne durant les 50 premiers km. Nous dînons ensemble et je continue ma traversée du Canada en solo. Je couche au motel Le Martinet. Je ressens toujours ce mal dans le bas du dos.

Jour 48

La Pocatière – Dégelis

154 km – 6 h 22

Vent de dos au départ pendant 70 km, ensuite vent de côté. Le matin nuageux, mais gros soleil en après-midi. Sur le bord de la route, j’entends une personne crier mon nom. Je rebrousse chemin et je reconnais un ancien cycliste de Montréal, un dénommé Brault, qui fait aujourd’hui de l’escalade. Après un brin de conversation, je continue ma route.

Jour 49

Dégelis à Florenceville – Nouveau-Brunwick

154 km – 6 h 48

Vent de face et de côté. Parcours plat sur 25 km et, après, des côtes avec de longues montées. Le soleil était de la partie (30°C). Je suis rentré fatigué, épuisé, vidé…

Jour 50

Florenceville – Frédericton

167,14 km – 7 h 06

Vent de face et de côté. Temps très chaud (30°C). Encore de longues montées. Je trouve la route longue et je dois m’arrêter quelques fois, car mes pieds brûlent.

Jour 51

Fréderiction – Moncton

197 km – 8 h 17

Vent changeant. Au début, 45 km sur le plat, ensuite longue côte. Je me suis arrêté à un garage vers le 160e km afin de m’informer sur le prochain motel. On me dit qu’il est à 40 km. Avec un vent de face, je continue et je rentre à 20 h 45.

Jour 52

Moncton – Debert Nouvelle-Écosse

165,60 km – 6 h 50

D’abord, je suis allé essayer la côte magnétique. Ensuite, je suis parti pour l’avant-dernière étape. Je ne voulais pas faire autant de kilomètres, mais il n’y avait ni motel ni restaurant. De toute façon, il en restera moins à faire demain.

Jour 53 – 30 juin 2001

Debert – Halifax

127 km – 6 h 47

Ce matin, gros vent de face. Je ressens de la fatigue dans les jambes. J’ai de la difficulté à tourner les jambes, mais je me suis rendu quand même, malgré les grosses montées. J’ai trouvé cette dernière journée très pénible. Sur les 20 derniers km, la route est interdite aux cyclistes. Malgré les affiches d’interdiction qui parsèment la route presqu’à chaque kilomètre, je continue d’y rouler. Je ne voulais pas sortir de cette route pour m’informer ; je voulais en finir le plus vite possible.

Enfin Halifax, je prends une sortie, je me renseigne pour un hôtel. On m’envoie de gauche à droite. Enfin, je trouve une chambre à 85 $. Je la prends et m’emploie ensuite à trouver un restaurant. Je marche environ deux kilomètres avant de trouver quelque chose. Le lendemain matin, je pars vers le centre-ville à la recherche d’un autre hôtel. Le premier que je vois coûte 225 $ la nuit ; ce n’est pas pour moi. Je repars et je m’informe à un employé de la ville pour un hôtel à un prix abordable. Le Monsieur me dit qu’ici c’est très cher et que je ne trouverais rien. C’était dans le périmètre du parc. Je commence à faire rue après rue. Je trouve une maison de touristes, la chambre qu’on me donne était encombrée, j’avais de la misère à me tourner de bord, 70 $ pour une chambre. Je couche là deux jours, car c’était la Fête du Canada. Ils fêtaient dans le port. J’ai pris un tour de ville dans un genre d’autobus amphibie. Ça contient une cinquantaine de personnes. On nous fait faire un tour de ville. Par la suite, nous avons descendu une rampe qui conduit à l’eau et c’est la visite du port de Halifax. Il y avait plusieurs bateaux de guerre. Cet autobus amphibie servait pour le transport des soldats durant la guerre au Vietnam. En soirée, il y eut un feu d’artifice. Le lendemain matin, j’ai pris l’autobus en direction de Québec. 37,40 $ pour le vélo dans une boîte, et 105,80 $ pour mon billet. Je suis arrivé à Québec le lendemain à 7 heures.

Québec – Halifax : 1 094 km en 7 jours

Vancouver – Halifax : 6 353 km en 53 jours

Octobre 2001

Oct
01

S’entraîner et récupérer: la combinaison gagnante

S’entraîner et récupérer : la combinaison gagnante par Richard Chouinard

S’adapter pour s’améliorer

L’amélioration de la condition physique se manifeste par des adaptations de l’organisme à des charges d’entraînement de plus en plus grandes. L’organisme possède ainsi une capacité d’adaptation qui est proportionnelle à son degré de sollicitation. Si le dosage de la charge de travail est progressif et spécifique à une activité physique, des adaptations importantes des muscles et des systèmes (ex. : le système cardio-respiratoire) permettront de hausser la capacité de travail.

Récupérer de la fatigue

Il est important de comprendre que ces adaptations se concrétiseront en récupérant de la fatigue accumulée lors de l’effort. Les stratégies à adopter consisteront à alléger l’entraînement ou à prendre du repos et à utiliser des moyens visant à assister l’ensemble du processus de récupération.

Donc, pour s’améliorer, il faut créer un certain niveau de fatigue, cette dernière étant une conséquence normale de l’exercice. Elle peut être considérée comme un système d’alarme visant à protéger l’organisme contre l’épuisement. Par contre, il faut éviter qu’elle devienne trop prononcée à la suite d’une séance d’entraînement ou, pire, à une séquence de plusieurs séances.

Pour obtenir les adaptations souhaitables, il faut alors récupérer. Le processus de récupération se déroulera lentement si aucune stratégie particulière n’est utilisée. On laisse le temps faire le travail. On peut, par contre, accélérer le processus en utilisant des stratégies particulières qui permettront de rétablir plus rapidement la capacité de travail.

Voici donc quelques conseils qui permettront de favoriser la récupération ou de mieux gérer l’état de fatigue :

1) L’importance du sommeil

Un bon sommeil nocturne est primordial à la récupération de l’organisme. La sécrétion de l’hormone de croissance pendant le sommeil est un facteur essentiel à la régénération et à la croissance des cellules.

2) La récupération active

Après une séance d’entraînement exigeante, une récupération active de 5 à 20 minutes, sollicitant légèrement le système cardio-circulatoire, permettra l’évacuation des déchets métaboliques et une élimination plus rapide de l’acide lactique.

3) La récupération passive

En complément à une récupération active, des moyens de récupération passifs à la suite d’efforts exigeants peuvent être utiles. Donc, un massage, un sauna, un bain chaud ou un bain tourbillon peuvent contribuer à diminuer la fatigue générale ou locale.

4) La restauration des réserves énergétiques

À la suite d’un effort d’endurance prolongé, soit de 60 à 90 minutes ou plus, restaurer les réserves d’énergie à leur niveau initial le plus rapidement possible peut s’avérer opportun, surtout si l’activité se poursuit le lendemain. Donc, dans les 15 à 30 minutes après l’effort, il est conseillé d’absorber 1 g de glucides par kg de poids corporel. Si mon poids est de 70 kg, je devrai manger et boire des aliments contenant 70 g de glucides. Il peut être également souhaitable d’ingérer quelques grammes de protéines afin de permettre la régénération des fibres musculaires. Le lait au chocolat est un aliment qui peut très bien convenir pour combler ces déficits. Ensuite, au plus tard deux heures après cette ingestion, il faut compléter la récupération énergétique par un bon repas principalement riche en glucides complexes (produits céréaliers, légumes, fruits et légèrement protéique).

5) L’importance de l’hydratation

L’hydratation, surtout par temps chaud et humide, est un facteur très important à considérer pour réduire le niveau de fatigue. Les crampes musculaires et l’épuisement dus à la chaleur peuvent être minimisés. D’abord, dans des conditions normales, chaque jour il faut boire environ 1 litre par 1 000 calories dépensées. Il faut boire suffisamment pour maintenir son poids et produire une urine transparente.

Deux heures avant un effort d’endurance, il est suggéré de boire de 250 à 500 ml d’eau. Si la température est chaude et humide, il est alors proposé de consommer encore 125 à 250 ml d’eau juste avant le départ.

Pendant l’effort, il est conseillé de boire 10 à 15 ml d’eau par kg de poids corporel par heure (ex. : 70 kg de poids corporel x 10 ml = 700 ml/heure) pour un maximum d’un litre par heure et ce, par ration de 100 à 250 ml aux 10 à 20 minutes. Si l’effort est d’une durée supérieure à 60 minutes, on peut ingérer des breuvages légèrement glucosés (environ 30 g de glucose/litre d’eau). On peut fabriquer sa propre boisson d’effort. La recette pour une telle solution est la suivante : 1 litre d’eau + 25 à 30 g de sucre de table ou de miel + 1 à 2 g de sel de table + un peu de jus de citron ou du thé, selon le goût. Si la boisson nous apparaît trop sucrée, la quantité de glucose peut être réduite et elle devrait être consommée à une température de 10 à 15°C .
Après l’effort, se réhydrater lentement à raison de un litre d’eau par kg de poids corporel perdu.

6) Le temps de récupération

Si une séance d’exercices prend plus de trois jours à récupérer, la séance a probablement été trop difficile. D’ailleurs, plus on avance en âge, au-delà de 35-40 ans, plus la récupération sera lente. Il faut alors penser à diminuer le volume global d’entraînement et la fréquence hebdomadaire des séances difficiles.

7) La périodisation de l’entraînement

À toutes les deux ou trois semaines d’entraînement soutenu, il serait approprié de planifier une semaine d’entraînement allégé. Cette réduction de la charge permettra de récupérer physiquement et psychologiquement, et même de se sentir plus en forme qu’auparavant. D’ailleurs, quelques jours avant une compétition ou une activité exigeante, l’entraînement devra être régressif.

8 ) Les moyens psychologiques

Intégrer l’activité physique à son mode de vie de manière rationnelle et équilibrée, varier les types d’entraînement et le menu d’activités et, enfin, se réserver des moments de détente ou de relaxation amèneront une ambiance psychologique favorable et permettront d’améliorer la capacité de récupération.

9) En conclusion

Il est impératif de considérer qu’une amélioration de la capacité de travail est impossible sans l’utilisation rationnelle de moyens et de méthodes de récupération. La récupération est donc un facteur indissociable de l’entraînement.

 

Oct
01

L’entraînement des muscles inspiratoires, nouveau complément de l’entraînement en ski de fond

L’entraînement des muscles inspiratoires, nouveau complément de l’entraînement en ski de fond par Guy Thibault, Ph. D.

L’entraînement traditionnel en ski de fond comprend, à part le ski de fond évidemment, des activités aérobies estivales comme le vélo, la course à pied, le patin et le ski à roulettes (et peut-être la consommation de bière, par exemple si vous vous appelez Alfred), mais aussi de l’entraînement avec résistances, c’est-à-dire de la musculation.

C’est logique : en soumettant nos muscles à un travail intense à l’aide de résistances, on augmente leur puissance (leur force, leur vitesse), ce qui se traduit, plus tôt en saison, en :

  • un moins grand risque de blessures d’usure et, en cas de chute, de blessures accidentelles ;
  • une plus grande facilité à maintenir une posture stable ;
  • un style de ski plus efficace ;
  • une plus grande puissance lorsque ça compte ;
  • et toutes sortes d’autres bonnes choses qu’on vous souhaite quand on vous aime !

Dans leur programme de musculation, les skieurs de fond sollicitent généralement plusieurs masses musculaires et mettent l’accent sur celles qui sont sollicitées de façon plus marquée en ski : les extenseurs des jambes, du dos et des bras, de même que les fléchisseurs et les extenseurs de la hanche, etc.

Mais les spécialistes en entraînement n’ont pas eu, jusqu’à maintenant, le réflexe de proposer la musculation pour les muscles respiratoires (les muscles intercostaux et le diaphragme).

Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils n’y ont tout simplement pas pensé ou bien parce qu’ils se disent que ces muscles sont déjà pas mal sollicités lors de l’entraînement aérobie, particulièrement lorsqu’il est intense, comme c’est le cas en entraînement intermittent (« ça devrait suffire, non ? »); ou encore parce que la respiration ne semble pas être un élément limitant la consommation maximale d’oxygène, le fameux VO2max, déterminant numéro un de la performance dans les sports d’endurance comme le ski de fond. En effet, lorsqu’on fait un effort maximal, comme par exemple monter une côte le plus vite possible, on est encore capable de respirer plus fort, mais si on le fait, on n’obtient pas pour autant une meilleure performance.

Mais voilà que dans la littérature scientifique, on commence, depuis peu, à trouver des éléments qui ébranlent nos convictions. D’abord, il y a cet Américain, spécialiste de la physiologie respiratoire, un dénommé Dempsey, qui a montré que chez certains athlètes, la respiration (les savants, pour faire savant, appellent cela la ventilation pulmonaire; rien à voir avec la ventilation de votre logis) peut s’avérer un facteur limitant de la performance. Résultat, on dispose maintenant d’un certain nombre de données suggérant ou démontrant que les athlètes peuvent s’améliorer d’une coche en ajoutant à leur entraînement traditionnel des exercices spécifiques de renforcement des muscles respiratoires.

Un exemple ? Un dénommé Volianitis et son gang de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni ont demandé à 14 rameuses de haut niveau (pour les initiés, voici leurs lettres de créances : VO2max = 3,56 L d’O2/kg; c’est pas mal) d’effectuer deux tests maximaux sur ergomètre à ramer, avant et après une période de 11 semaines d’entraînement bijournalier et spécifique des muscles inspiratoires. Le premier test : ramer la plus grande distance virtuelle possible en 6 min; le second : ramer le plus vite possible la distance virtuelle de 5 000 m.

En quoi consistait l’entraînement respiratoire ? Rien de moins que 30 inspirations consécutives contre une résistance correspondant à 50 % de la pression maximale d’inspiration mesurée à la bouche, et ce, deux fois par jour. C’est à peu près comme respirer profondément à travers une paille !

La résistance était créée à l’aide d’un truc mécanique, une sorte de pipe, à travers duquel les sujets devaient inspirer. Il s’agissait d’un appareil médical semblable au PowerLung qu’on trouve sur le marché (www.powerlung.com). Les 7 rameuses du groupe contrôle (il faut un groupe contrôle pour s’assurer que les éventuelles améliorations du groupe expérimental sont bien dues à l’entraînement et non pas à autre chose) effectuaient 60 inspirations par séance, mais contre une résistance trop faible pour solliciter de façon significative les muscles inspiratoires (seulement 15 % de la pression maximale d’inspiration). C’est un peu comme faire semblant.

Les résultats, comme l’indique le tableau suivant, suggèrent qu’en ajoutant un programme d’entraînement spécifique des muscles respiratoires à leur entraînement traditionnel, les athlètes de sports aérobies, comme le ski de fond, pourront améliorer leur performance. En moyenne, les rameuses du groupe expérimental ont réussi à retrancher 36 s à leur résultat au 5 000 m, soit une amélioration de 3,1 %, alors que le groupe contrôle ne l’a amélioré que de 11 s (soit 0,9 %). Bien sûr, 3,1 %, ce n’est pas le Pérou, mais quand on est au haut niveau, toute amélioration revêt une importance cruciale. Et quand on sait que des Lopettes se règlent parfois au sprint…

AMÉLIORATION
Avec un véritable entraînement des muscles inspiratoires Sans véritable entraînement des muscles inspiratoires
Force des muscles inspiratoires 45,3 >± 29,7 %* 5,3 >± 9,8 %
Distance virtuelle parcourue lors du test maximal de  6 min 3,5 >± 1,2 % 1,6 >± 1,0 %
Temps de performance au test de 5 000 m 3,1 >± 0,8 % 0,9 >± 0,6 %

Prendre note de la très grande variation interindividuelle du taux d’amélioration de la force des muscles inspiratoires. Elle suggère que certains athlètes ont avantage, plus que d’autres, à épicer leur préparation physique de séances visant spécifiquement la musculation des muscles inspiratoires.

À noter que, grâce à leur entraînement spécifique des muscles respiratoires, les rameuses éprouvaient une moins grande fatigue des muscles inspiratoires au terme du test maximal de 6 min. On s’explique. Faire un test maximal de 6 min, ça use : la force des muscles inspiratoires est en moyenne 11,2 % moins élevée au terme du test. Mais après les 11 semaines d’entraînement respiratoire, la diminution de la force des muscles inspiratoires due à l’épuisant effort de 6 min n’était que de 3,0 %.

On peut effectuer des exercices des muscles inspiratoires à l’aide d’un appareil spécialement conçu à cet effet, comme par exemple le PowerLung, ou tout simplement en pinçant les lèvres pendant que l’on effectue des inspirations « forcées » par la bouche. C’est un peu comme gonfler un ballon, sauf qu’on inspire plutôt que d’expirer. Il s’agit d’inspirer profondément et à haut débit, en dépit de la résistance à l’entrée d’air.

Les skieurs de fond qui voudront ajouter un programme d’entraînement des muscles inspiratoires à leur programme traditionnel de ski auront avantage à suivre une lente progression dans le nombre de répétitions par séance, mais aussi dans le niveau de résistance. Il s’agira de pincer les lèvres de façon sensiblement plus marquée au fur et à mesure que progressera l’entraînement et d’y aller avec un peu plus d’entrain.

Le fabricant du PowerLung recommande de faire 30 respirations complètes (inspirations et expirations) chaque matin et chaque soir. Mais, comme l’expiration se fait, même à l’effort intense, sans grande sollicitation des muscles respiratoires, ce sont surtout les muscles inspiratoires qu’on a avantage à entraîner, comme l’a d’ailleurs fait Volianitis et son gang.

Monsieur PowerLung promet des résultats en trois semaines. Plutôt conservateur pour un Texan : en général, dès qu’ils débutent un entraînement des muscles inspiratoires, les athlètes déclarent que les exercices subséquents leur apparaissent sensiblement moins contraignants sur le plan respiratoire.

Seul inconvénient de l’entraînement spécifique des muscles inspiratoires : difficile de le faire en public sans passer pour une personne franchement dérangée !

Lecture  suggérée :

Volianitis S. et coll., Inspiratory muscle training improves rowing performance. Medicine & Science in Sports & Exercise 33(5):803-809, 2001.

Octobre 2001

 

Oct
01

C’tu bon?

C’tu bon ? par Pierrette Bergeron

On me pose souvent la question : « Tel produit est-il bon ? ». J’ai donc décidé d’en analyser un avec vous. Le produit s’appelle Hammer Gel. Mon choix relève du hasard ; il ne faudrait pas penser que j’ai choisi ce produit parce qu’il est mieux ou pire que d’autres.

Description

Le Hammer Gel est fabriqué aux États-­Unis. Il est disponible en plusieurs saveurs : banane, chocolat, expresso, orange, vanille et framboise, selon le feuillet à l’intérieur de l’emballage. Celui que j’analyse est à la vanille. C’est un liquide jaunâtre dont la viscosité ressemble à celle d’un sirop. Sa saveur se rapproche de celle d’un sirop de maïs doux, légèrement aromatisé à la vanille ; aucun arrière-goût ne reste en bouche. Il est présenté dans une bouteille de plastique de 20 oz avec un bouchon vissé refermable comportant un bec verseur. Une pellicule aluminisée scelle le contenu. Un flacon de 5 oz accompagne la bouteille ; le bouchon vissé est muni d’un embout qui s’ouvre et se referme avec les dents (comme la « tétine » d’un bidon de vélo). Il est étanche, quoiqu’un peu difficile à fermer.

Selon les renseignements sur l’étiquette, le produit se conserve à température ambiante, à l’abri du soleil et de la chaleur. S’il n’est pas ouvert, il se conserve un an. Sur le contenant que j’ai depuis la mi-août, la date de péremption est le 11 juin 2002. Après qu’il est ouvert, il est recommandé de réfrigérer pour le conserver de deux à trois mois.

Deux modes d’utilisation sont proposées sur la bouteille :

  1. Tel quel dans le petit flacon : commencer à prendre le Hammer Gel après 20 à 30 minutes d’exercice et continuer selon les besoins. Prendre environ 4 oz d’eau avec chaque portion.
  2. Mélangé avec de l’eau : ajouter 1-2 portions de Hammer Gel à un petit bidon d’eau.

Ingrédients : maltodextrines à chaîne longue, eau filtrée, Energy Smart © (jus de fruit, dextrines de grains naturels), vanille, acides aminés (L-leucine, L-alanine, L-valine, L-isoleucine), sorbate de potassium (comme agent de conservation), chlorure de sodium, chlorure de potassium.

Renseignements nutritionnels

Par portion de 2 c. à table (33 g)

  • Calories : 100
  • Glucides : 24
  • Protéines : 0
  • Matières grasses : 0
  • Sodium : 14 mg

Quelques mentions apparaissent sur la bouteille de Hammer Gel : pas de sucre simple, 100 % glucides complexes, carburant à énergie rapide pour athlètes, la compagnie (Hammer Nutrition) garantie que c’est le meilleur carburant que vous pouvez acheter, chaque portion fournira 45-60 minutes d’énergie ferme.

Sur la feuille accompagnant le flacon, on retrouve trois modes d’utilisation du Hammer Gel. En plus des deux décrits ci-dessus, une récupération postexercice est proposée. On y lit que vous pouvez faire votre propre mélange au lieu d’employer une boisson de récupération trop chère remplie de sucres et d’ingrédients artificiels. Utilisez 2-3 portions de Hammer Gel avec 1-2 mesures de Hammer PRO ou une mesure de Hammer PRO SOY . Cette boisson postexercice économique et savoureuse vous fournira 48 à 79 g de glucides et 17,5 à 35 g de protéines.

Analyse

L’acuité des papilles gustatives est accentuée lors d’un exercice ; on goûte plus. Il est donc approprié que la saveur soit atténuée dans une boisson ou un gel énergétique.

L’ajout de glucides est recommandé pour les exercices de plus d’une heure à raison de 30 à 60 g par heure. Donc, une portion de Hammer Gel, contenant 24 g de glucides, peut effectivement fournir de l’énergie pour 45 minutes d’exercice ; le flacon de 5 oz pourrait être suffisant pour au moins 4 heures. Les glucides peuvent être des sucres (glucose ou sucrose (= sucre de table)) ou des maltodextrines. Les maltodextrines goûtent moins sucré que les sucres ; par contre, elles coûtent plus cher. Du fructose (sucre contenu dans les fruits, entre autres) peut être présent, mais il ne devrait pas être le premier ingrédient listé. Le premier mode d’utilisation proposé vise à utiliser le gel à la place d’un aliment solide. Plusieurs sportifs préfèrent ne pas avoir à mastiquer lors d’un exercice.

Le Hammer Gel peut aussi être dilué pour servir de boisson énergétique. C’est ce qui est visé par le deuxième mode d’utilisation proposé. Lorsqu’une boisson est la source de glucides, la concentration en glucides doit être de 4 à 8 % (g/ml) pour ne pas compromettre l’absorption de liquide. Les maltodextrines, ayant une osmolarité plus faible, peuvent être présentes en concentration plus élevée que les sucres (ex. 8 % vs 6 %). Une à deux portions de Hammer Gel dans un petit bidon donneront une concentration adéquate (24 ou 48 ÷ 600 = 4 ou 8 %).

Une boisson de récupération postexercice devrait contribuer à refaire les réserves de glycogène en fournissant 1 g de glucides par kg de masse corporelle par deux heures. Ainsi, une personne de 75 kg (165 lb) aura besoin de 75 g durant les deux heures suivant son exercice. Trois portions de Hammer Gel fourniront 72 g de glucides au coût de 3,75 $ (voir coût ci-dessous). Il se pourrait qu’un apport en protéines combiné aux glucides contribue à mieux refaire les réserves de glycogène. La proportion à recommander n’a pas encore été établie avec certitude. Une portion de 500 ml de lait au chocolat (fait avec du Quick © ) fournira 66 g de glucides et 18 g de protéines à un coût moindre. Il est à remarquer que le Hammer Gel contient un additif, le sorbate de potassium, et qu’il n’est pas spécifié si la vanille est de type artificiel.

Les fruits contiennent du fructose et du glucose qui sont des sucres simples. Donc, le produit ne contient pas seulement des glucides complexes, comme c’est indiqué sur l’étiquette. Pendant l’exercice, les sucres simples, comme le glucose (une molécule) et le sucrose (deux molécules), ne stimulent pas la sécrétion d’insuline comme au repos.

Les acides aminés peuvent être utilisés comme source d’énergie, surtout lorsque l’apport en glucides et en graisses est insuffisant. Toutefois, ils ne fournissent pas l’énergie rapidement. Donc, ils ne sont pas très utiles durant l’exercice. De plus, ils contribuent également à augmenter le coût d’un produit. Le rôle des acides aminés à chaîne ramifiée, comme la leucine, l’isoleucine et la valine, dans la prévention de la fatigue résultant des modifications au niveau du système nerveux central lors d’un exercice d’endurance, n’a pas été prouvé scientifiquement.

Le chlorure de sodium est le nom scientifique du sel de table. Selon l’avis de l’American College of Sports Medecine sur la question de l’hydratation, pendant les exercices de plus d’une heure, l’ajout de sodium est recommandé en concentration de 50 à 70 mg par 100 ml, pour rendre la boisson plus agréable et promouvoir la rétention des liquides. Deux portions de Hammer Gel fournissent 28 mg de sodium. Cette quantité, diluée dans 600 ml, n’aura pas d’effet significatif.

Coût

Le prix indiqué sur la bouteille de Hammer Gel est 24,99 $. Puisque 2 c. à table équivalent à une once, on aura 20 portions au lieu des 26 indiquées sur l’étiquette. Chacune reviendra à 1,25 $ ou à 0,05 $ par g de glucide. En comparaison, le sirop de maïs revient à moins 0,01 $ (en fait 0,004 $) par g de glucide. Alors, ce seront les préférences et les budgets personnels qui influenceront la décision d’achat.

Mais, n’oubliez pas qu’il faut toujours essayer un nouveau produit en entraînement et ne jamais le prendre pour la première fois lors d’une compétition, au risque de contreperformer.

Octobre 2001

Avr
21

Québec, capitale nordique des Amériques

Québec, capitale nordique des Amériques par Louis-Guy Lemieux

La ville de Québec, située sur la même latitude que La Rochelle, en France, a une température aussi froide, en janvier, que le port de Mourmansk, sur la mer de Barents, dans le cercle polaire. Mais ce n’est pas le froid qui caractérise le mieux l’hiver québécois. C’est la neige.

Seule la péninsule du Kamtchatka, en Sibérie, reçoit autant de neige que le Québec : deux mètres et demi par hiver, en moyenne. Si vous vous rendez à une vingtaine de kilomètres de la ville de Québec, dans les montagnes, au nord, vous serez dans l’endroit le plus neigeux du monde : quatre mètres au sol chaque saison froide.

Partout sur le territoire québécois, il neige abondamment de décembre à avril. Parfois même avant, en novembre. Parfois même après, en mai. Les gens qui vivent du tourisme et des sports d’hiver parlent de « l’or blanc ».

Pas surprenant que l’un des plus jeunes et des plus jolis mots de la langue française, nordicité, ait été créé ici, à Québec, par le géographe Louis-Edmond Hamelin, fondateur du Centre d’études nordiques de l’Université Laval. Ce néologisme exprime fort justement la capacité d’adaptation des humains des régions nordiques au froid, à la neige et aux glaces.

Les Québécois ont apprivoisé l’hiver comme l’ont fait, chacun à leur façon, tous les habitants des pays nordiques de la planète. En retour, l’hiver a forgé le caractère propre des gens d’ici.

Quand l’hiver n’en finit plus de finir, les Québécois disent qu’il y a deux saisons au Québec: la froide et la chaude. Ils disent aussi, certains hivers précoces : « Ça ne peut pas être déjà l’hiver, on n’a pas eu d’été. »

L’anthropologue Bernard Arcand a fait rire tout le pays de bon cœur en suggérant avec humour que les Québécois entrent en hibernation, comme les ours des forêts septentrionales, trois mois chaque hiver, de décembre à février. Tout le monde en vacances. Les enfants des écoles comme les travailleurs. Place au repos, aux sports d’hiver et au carnaval.

L’anthropologue ne fait pourtant que reprendre une réalité vécue par nos ancêtres.

Dans le livre Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent, l’historien Jean Provencher raconte qu’au XIXe siècle, à Québec, la période annuelle du repos et des plaisirs commence fin novembre ou début décembre, avec la fin de la navigation sur le fleuve figé par les glaces. Cela dure jusqu’au Mardi gras.

Plusieurs activités commerciales cessent à ce moment. Le port entre en hibernation, pour ainsi dire. Les comptoirs et les magasins ferment, faute d’approvisionnement de l’extérieur. Pour se désennuyer, les gens organisent des courses de chevaux sur le fleuve gelé, des courses de traîneaux à chiens, des traversées du fleuve en canot, etc. On va beaucoup au théâtre, on boit plus que d’habitude dans les nombreuses auberges et tavernes.

Le premier carnaval d’hiver, en 1894, vise à aider les citoyens à passer l’hiver, à attirer les touristes et à relancer le commerce. L’actuel carnaval d’hiver de Québec poursuit avec succès les mêmes buts.

Chaque hiver ou presque, toujours au XIXe siècle, un pont de glace se forme naturellement entre Québec et Lévis, sur la rive sud du fleuve. Les gens de la région appellent de tous leurs vœux la soudure du fleuve, donc les grands froids. Le pont de glace est le seul lien entre les deux rives.

Quand la glace se soude, les villes de Québec et Lévis s’entendent pour entretenir un chemin carrossable. Le milieu du fleuve devient une zone franche. Des débrouillards y installent des cabanes sur les glaces où l’on vend de tout. Les gens s’y arrêtent pour boire un verre d’eau-de-vie ou un thé chaud.

Durant l’hiver 1817, le pont de glace s’étend depuis Québec jusqu’à Berthier-sur-Mer, 40 kilomètres plus à l’est. La chose ne se reproduira jamais plus par la suite, de mémoire de riverain.

En 1959, les Américains et les Canadiens construisent la « voie maritime du Saint-Laurent ». Dorénavant, la navigation est possible de l’Atlantique jusqu’aux Grands Lacs, et ce, douze mois par année. C’est la fin d’une époque héroïque. C’est le début d’une nouvelle façon de vivre l’hiver dans l’est du Canada, au Québec et à Québec.

Des brise-glace frayent un chemin aux navires à travers les glaces du fleuve. Pourtant, le froid est parfois le plus fort.

En 1968, fin janvier, le pont de glace se forme de nouveau entre Québec et Lévis malgré les efforts des brise-glace. Le trafic maritime est arrêté durant 10 jours. Il faudra faire appel au John-A. Macdonald, le plus puissant brise-glace de la garde côtière canadienne, pour venir à bout de la banquise.

On dit des Québécoises qu’elles ont le sang chaud. On dit des Québécois qu’ils ont un goût immodéré pour la fête. Ne cherchez pas plus loin, c’est un atavisme profond, venu des longs hivers d’antan, qui remonte à la surface, tout naturellement.

Cet article, reproduit avec l’autorisation de son auteur et du journal,  a été publié dans Le Soleil de Québec, édition du samedi 21 avril 2001 à l’occasion du Sommet des Amériques.

 

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