Jan
01

Effet de la masse sur la performance en ski de fond

Effet de la masse sur la performance en ski de fond par Bernard Bilodeau

Dans plusieurs activités sportives, la masse corporelle a une influence sur la performance. Les effets de la masse corporelle sont souvent tellement importants que pour des sports comme la boxe, la lutte, l’haltérophilie et souvent même lors de compétitions d’aviron [lors des championnats du monde par exemple], les athlètes sont classifiés par rapport à leur masse corporelle. Toutefois, dans la plupart des sports, cette classification n’existe pas. Pour un sport comme la course à pied, les athlètes ont une masse assez basse, en moyenne autour de 60-65 kg. Il y a cependant quelques exceptions, comme le Tanzanien Ikangaa qui ne pesait que 50 kg, alors qu’à l’autre extrême, l’Australien DeCastella pesait environ 73 kg. Ces deux athlètes avaient cependant des records personnels similaires sur marathon, autour de 2 h 07 min.

Qu’en est-il en ski de fond ? Lorsqu’on regarde la masse corporelle des skieurs de fond sur l’échelle internationale, on s’aperçoit qu’une très grande variation existe entre les skieurs. Par exemple, Norman [1989] rapport des valeurs variant entre 66 et 86 kg chez une quinzaine de skieurs qui ont participé aux 30 km classique des Jeux olympiques de Calgary. L’un des plus grands skieurs de tous les temps, Gunde Svan de Suède, avait une masse d’environ 80 kg, alors qu’un autre skieurs de non moindre calibre, l’Italien Maurilio DeZolt, avait une masse d’environ 65 kg. À l’autre extrême, le géant Finlandais Juha Mieto avait à transporter une masse corporelle [ou musculaire dans son cas !] de 96 kg répartie sur deux mètres. Comme on peut le constater, la masse corporelle est donc très variable chez des skieurs de fond de haut niveau.

Quel est l’effet de la masse corporelle sur la performance en ski de fond ? Pour répondre à cette question, je vais me servir de deux articles qui sont entièrement consacrés à l’effet de lamasse sur la performance en ski de fond. Ces deux articles sont du physiologiste Suédois Bergh. Dans un premier article paru en 1987, Bergh a démontré que les coûts énergétiques, à des vitesses constantes de 240 m/min et de 270 m/min, sont nettement inférieurs chez des sujets plus pesants que chez des sujets légers. Dans cet article, il a aussi démontré que le coût énergétique n’augmente pas de façon proportionnelle avec l’augmentation du poids. Pour expliquer ceci, prenons un exemple qui peut sembler absurde, mais qui est assez facile à comprendre. Disons qu’au cours de la dernière saison, un athlète a augmenté son poids de deux fois, passant de 50 à 100 kg [ce qui est toute une augmentation !]. Son coût énergétique pour skier à une certaine vitesse ne sera pas augmenté de deux fois, mais de 1,6 fois [ou nouvelle masse-2/3]. Bergh a démontré que le coût énergétique varie avec la masse exprimée avec l’exposant M2/3. En utilisant cette équation avec l’exposant M2/3, les athlètes avec une grande masse corporelle ont un avantage marqué sur le plat, en descente, ainsi qu’en montée peu abrupte, alors qu’en montré très abrupte, les skieurs légers ont l’avantage. On peut voir que certains athlètes seront plus ou moins avantagés en tenant compte de la distribution des sections de plat, de montée peu et très abrupte, ainsi que lors de descente.

Bergh [1992] a aussi chronométré plusieurs skieurs lors des Championnats du monde de ski de fond [Lahti, Finlande] en 1989. La tendance semble indiquer que la vitesse est positivement reliée à la masse corporelle et ce, sur tous les terrains. Sur 15 km, cet avantage pour les skieurs pesant est d’environ une seconde par kilogramme de poids versus des skieurs légers. Les skieurs pesants sont avantagés [moins grand pourcentage de temps pour skier chaque section] lors des montées, lors des descentes et sur le parcours total.

De plus, Bergh et Forsberg [1992] ont comparé les dix skieurs les plus légers et les dix plus pesants de l’Équipe nationale suédoise depuis 1970 et ont observé la tendance suivante : les skieurs plus pesants ont eu sensiblement plus de succès lors des Championnats du monde, lors des Olympiques ainsi que lors des Championnats de Suède que les sujets légers.

Finalement, Bergh propose que pour exprimer la consommation maximale d’oxygène [VO2max], il serait dorénavant souhaitable d’utiliser la mesure en ml/min-1/kg2/3, de façon à égaliser les différences dans la masse corporelle. Cette équation est aussi supportée par le fait que le physiologiste Norvégien Ingjer [1991] ait observé une très haute corrélation entre la performance et le VO2max exprimé en ml/min-1/kg-2/3 alors que la corrélation entre la performance et le VO2max exprimé en ml/kg-1/min-1 n’était pas aussi élevée. Avec cette équation, les valeurs minimales nécessaires pour faire partie de l’élite mondiale sont respectivement de 350 ml/min-1/kg-2/3 pour les hommes et de 290 ml/min-1/kg-2/3 pour les femmes.

Donc, une plus grande masse corporelle semble être bénéfique sur les plats, montées légères et en descentes, alors que les skieurs légers ont un avantage lors de montées abruptes. Cet avantage avec une masse corporelle plus grande peut cependant se produire seulement si ce surplus de poids est en fait constitué de muscles [ou masse active] et non en graisse [ou masse inactive].

1993

Jan
01

Quelques principes d’entraînement

Quelques principes d’entraînement par Guy Thibault

Je ne m’en cache pas, à l’origine, ma motivation pour entamer des études en physiologie de l’exercice résidait dans ma quête de  » trucs  » pour améliorer ma performance [en cyclisme, en course à pied et en ski de fond] ! Mais bien qu’on trouve toute sortes de  » lois  » en physiologie, on ne trouve que des  » principes  » en physiologie appliquée à l’entraînement. J’en suis venu à conclure que l’entraînement n’est pas tant une science qu’un art.

En fait, le bagage de connaissances en entraînement sportif est relativement peu développé. L’entraînement n’est qu’un des multiples facteurs qui déterminent la performance, si bien qu’il est difficile d’apprécier les effets de tel ou tel type de programme d’entraînement. Par ailleurs, il n’est pas facile de convaincre des athlètes d’adopter des formules d’entraînement qu’on voudrait tester et dont la valeur n’a pas déjà été démontrée. Un autre phénomène qui n’aide pas au développement des connaissances en entraînement réside dans le fait que les entraîneurs n’ont pas tendance à partager leurs  » découvertes  » avec les autres entraîneurs, c’est-à-dire leurs adversaires !

Résultat ? Deux phénomènes :

• beaucoup d’athlètes et d’entraîneurs ont tendance à répéter des patrons d’entraînement sans vraiment être capables d’en démontrer le bien-fondé [sinon en prétendant qu’ils ont été utilisés avec succès par tel ou tel champion, or plusieurs vedettes réussissent en dépit de mauvais programmes d’entraînement, grâce à leur talent];

• les spécialistes fournissent des  » principes  » d’entraînement et non pas des lois et encore moins des recettes.

Chaque spécialiste de l’entraînement a sa propre liste de principes, mais en général ils sont assez semblables, bien que certains apprentis scientifiques ont parfois tenté de promouvoir des principes absolument farfelus [Je pense, par exemple, à cet entraîneur qui demandait à ses athlètes de s’entraîner les mains nues pratiquement tout l’hiver  » pour s’habituer à souffrir « ] !

À ma connaissance, la meilleure analyse des principes d’entraînement [applicables au ski de fond et aux sports apparentés] est celle qu’a publiée le Dr Tim Noakes, chercheur sud-africain bien connu dans le monde des sciences du sport, dans son livre  » Lore of running, discover the science and spirit of running  » [Leisure Press, Champaign, Ill., 1986].

Voici trois des principes d’entraînement les plus reconnus et quelques applications de ceux-ci que je décris brièvement en m’inspirant autant de mon expérience d’athlète et d’entraîneur que de mes lectures. Notez qu’à partir de ces principes, on peut concevoir plus d’un programme d’entraînement pour un athlète donné. Comme je le disais dans un article précédent, rappelez-vous aussi que  » mieux vaut un programme d’entraînement médiocre suivi à la lettre qu’un excellent programme suivi à moitié.  »

 

1. Surcharge

 » Pour améliorer un facteur déterminant de la performance, il faut lui imposer une surcharge « .

Applications

Il faut solliciter, au cours des séances d’entraînement, toutes les qualités physiologiques, biomécaniques et éventuellement psychologiques qui peuvent déterminer ou limiter la performance en compétition. Pour le skieur de fond, ces qualités sont surtout : la consommation maximale d’oxygène [VO2max] [voir mon article intitulé  » Déterminants de la performance « ], l’efficacité de chacun des pas de ski, l’endurance et, de façon moins prononcée mais tout de même importante, la capacité anaérobie [voir l’article de Bernard Bilodeau intitulé  » Un peu de physiologie au service du ski de fond « ]. Il est préférable de cibler, au cours d’une séance donnée, un nombre limité de ces qualités afin d’optimiser la surcharge [par exemple, une séance consacrée au développement de la consommation maximale d’oxygène le mardi et une séance de développement de l’endurance le jeudi].

2. Progression [Ce principe est lui-même une conséquence du principe de surcharge]

 » Au cours d’une saison d’entraînement, il doit y avoir une progression logique de chacun des paramètres [par exemple, le kilométrage de la séance, l’intensité moyenne de la séance, le degré de difficulté de la séance, la durée de la récupération entre les répétitions de la séance intermittente, le nombre de séances par semaine, le nombre de séances  » difficiles  » par semaine, etc.]. « 

Applications

Comme les déterminants de la performance s’améliorent avec l’entraînement, il faut prévoir une progression de la  » charge  » d’entraînement, sinon il n’y a plus de  » surcharge « . En général, les spécialistes suggèrent de faire d’abord progresser le  » volume  » [c’est-à-dire le kilométrage de chaque séance ou le kilométrage hebdomadaire] en conservant l’intensité à un niveau relativement stable et plutôt confortable. Ils suggèrent de passer ensuite à une phase de progression de l’intensité vers une zone d’intensité qui s’apparente à l’intensité à laquelle l’athlète devrait effectuer les compétitions en vue desquelles il se prépare.

Je suis plutôt d’avis qu’il faut effectuer des fractions d’effort à intensité élevée dès le début du programme et respecter une augmentation d’abord dans le nombre de répétitions effectuées aux intensités cibles choisies, puis délaisser progressivement les fractions d’effort à très faible et à très forte intensité pour faire de plus en plus de fractions d’effort à l’intensité cible, c’est-à-dire celle à laquelle l’athlète devrait faire ses compétitions importantes [c’est ce que mon ex-entraîneur de demi-fond, Mercier, appelle la  » progression du général au spécifique « ]. Par ailleurs, je recommande faire progresser, au cours de la saison, la durée [ou la distance, c’est pareil] des fractions d’effort à une intensité donnée. Ainsi, en début de saison, on peut faire 14-15 x 500 m à la vitesse qu’on maintiendrait sur 10 km en loppet, soit environ 90 % du VO2max, [avec deux minutes de ski à basse vitesse entre les répétitions] et 3 x 2 000 m à cette même vitesse en fin de saison. L’intensité [c’est-à-dire la vitesse] reste inchangée, le volume total de la séance diminue [6 km à intensité cible en fin de saison versus 7 ou 7,5 km en début de saison], mais la  » qualité  » de la séance augmente [c’est ce que Mercier appelle la  » progression de la quantité vers la qualité « ].

3. Surcompensation

 » Le niveau de développement d’un déterminant de la performance marquera une pointe si une période d’entraînement facile suit une période d’entraînement difficile. « 

Applications

Il faut alimenter les séances d’entraînement difficiles et les séances d’entraînement faciles [ou les journées de repos] au cours de la semaine. Il faut prévoir un repos  » actif  » ou  » passif  » de quatre à sept jours toutes les deux à quatre semaines d’entraînement intensif. On peut obtenir une performance optimale en réduisant les paramètres de l’entraînement au cours des dernières semaines avant une compétition ou une série de compétitions importantes. Finalement, on peut prendre un congé  » actif  » ou  » inactif  » de deux à quatre semaines après la fin de la saison avant de reprendre l’entraînement estival.

Évidemment, il existe bien d’autres principes d’entraînement et on peut accorder plusieurs autres interprétations à chacun de ceux que je décris ici. Il demeure qu’en concevant votre programme d’entraînement tout en respectant ces principes, vous optimisez les chances d’atteindre le niveau de performance que votre bagage génétique et d’autres facteurs [comme la qualité de votre équipement] vous permettent d’espérer atteindre.

Si vous n’avez pas la chance de profiter des services d’un entraîneur compétent, je vous suggère de trouver un ou, à défaut de cela, de vous créer un programme adapté à vos besoins et respectant les principes fondamentaux de l’entraînement moderne. Au cours de la saison, adaptez votre programme s’il le faut.

1993

 

Jan
01

Autotest nutrition

Autotest nutrition par Odette Tardif

Un rappel en début d’hiver… Vérifiez votre programme nutritionnel d’athlète !

Entraînement

Nous devons tenir compte de l’ensemble des aliments lorsque nous établissons un repas équilibré et ce, surtout pas baser notre choix sur quelques vitamines et minéraux. Les protéines sont essentielles au maintien de tissus sains alors que les glucides et les lipides sont les combustibles essentiels à la pratique d’un sport ou d’un exercice.

Vrai ou faux

1. L’athlète a des besoins en protéines, vitamines et minéraux plus élevés, donc il doit prendre des suppléments pour accroître sa performance.

2. Il est très important de remplacer le glycogène musculaire de façon quotidienne, surtout pendant l’entraînement.

Réponses

1. Faux. L’athlète a surtout des besoins en énergie plus élevés s’il augmente ses apports quotidiens en respectant les pourcentages de CHO, protéines et lipides recommandés [55 à 60 % — 15 à 20 % — 25 à 30 %]. Il comblera par le fait même ses exigences nutritionnelles en protéines, vitamines et minéraux sans supplémentation. Il est bien connu que l’effet des vitamines et minéraux est supérieur lorsque venant des aliments plutôt qu’isolés dans une capsule.

2. Vrai. Car l’organisme ne peut emmagasiner du glycogène utilisable que pour 90 minutes. Il est bien connu que lorsque le glycogène des muscles est épuisé, la fatigue se fait sentir. Donc, idéalement, viser une alimentation composée d’au moins 50 % de CHO pour assurer le combustible nécessaire à la pratique d’un sport.

Exemple : un apport de 2 500 calories nécessite 345 g de CHO, soit un litre de lait, 6 fruits et 13 portions de féculents.

Avant la compétition

Vrai ou faux

3. L’accumulation de glycogène entraîne un gain de poids de ± 2,5 kg.

4. Au cours de cette dernière semaine, l’athlète doit augmenter progressivement la durée de son entraînement.

Réponses

3. Vrai. Cette prise de poids est due à l’eau emmagasinée avec le glycogène. Cette eau compense, en partie, la perte par sudation au moment de la compétition.

4. Faux. Au contraire, l’athlète doit diminuer l’intensité de son entraînement.

Journée de la compétition

Le repas précédant la compétition se doit d’être à haute teneur en CHO et faible en protéines et en gras. Plus d’énergie et moins d’effort de digestion. Prendre ce repas 2 h 30 à 3 heures avant la compétition.

Vrai ou faux

5. 30 à 45 minutes avant la compétition, la prise de sucre concentré [miel, breuvages sucrés] permettra une libération d’énergie supplémentaire en début de compétition.

6. Aucun des produits spéciaux, tels que gelée royale, lécithine ou spiruline n’améliore la performance.

Réponses

5. Non. Ces succès stimulent la production d’insuline et ainsi risquent d’entraîner de l’hypoglycémie en début de compétition [baisse d’énergie]. En cours d’effort, une solution à faible concentration glucidique [ex. : Gatorade] aura un effet positif.

6. Vrai. Ces produits n’améliorent pas en soi la performance. Toutefois, ils peuvent avoir un effet psychologique positif.

Spasme musculaire

Si les crampes musculaires sont habituellement sans conséquence à long terme, elles n’en sont pas moins suffisamment inconfortables pour sortir un athlète de la compétition. Les crampes sont souvent induites par la chaleur, bien que les mécanismes exacts en sont mal connus. On attribue à la déshydratation et au débalancement électrolytique une bonne part de responsabilité.

Vrai ou faux

7. Dans un sport de longue durée, il est préférable de boire dès que la soif se fait sentir.

8. Certaines pathologies entraînant vomissements ou diarrhée peuvent occasionner des déficiences en électrolytes et minéraux. Les plus à risque sont :

9. Une déshydratation à 2 % n’est reliée à aucun symptôme, donc est considérée comme acceptable.

10. L’accumulation d’acide lactique et la fatigue musculaire peuvent aussi être causes de spasmes.

Réponses

7. Faux. Il faut boire dès le début de l’effort, régulièrement et ce, bien avant d’éprouver la sensation de soif. Ce liquide permet d’assurer un volume sanguin normal. Une baisse de celui-ci réduit la quantité de sang distribué au cœur et aux muscles et ainsi diminue l’oxygène disponible pour l’exercice [± 125 ml, 4 fois l’heure, davantage pour ceux qui transpirent beaucoup].

8. Na [sodium], K [potassium], Mg [magnésium], Ca [calcium]. Les boissons commerciales pour athlètes sont tout à fait bien indiquées. Poursuivre leur consommation même après l’entraînement pour compenser les pertes.

9. Faux. Une déshydratation à 2 % peut baisser la performance de 15 à 20 %.

10. Vrai. Les causes peuvent aussi être rattachées à certaines pathologies vasculaires [ex. : diabète, etc.]. Ceci est plus rare mais non négligeable.

1993

 

Jan
01

Parlons duathlon

Parlons duathlon par Robert Crispo

C’est le 10 octobre 1992. Un beau samedi. Soixante-dix-neuf athlètes, quinze équipes [soyons francs, cent neuf masochistes en tout] s’élancent à la conquête d’une montagne à gravir deux fois.

C’est le Duathlon séquentiel d’automne rouge. Comment une association aussi pacifique et amicale que l’AMSF a pu voir aussi rouge l’automne pour confier à son directeur Pierre Bernatchez, sûrement le plus sado…, l’organisation d’un duathlon séquentiel. Aie ! Aie ! duathlon séquentiel, qu’est-ce que ça mange en automne ? On pense à duel; séquentiel, pas un mais deux duels ! De quoi nous faire mourir… à petits pas.

Cinq secondes après le départ, déjà plus personne ne parle. C’est déjà plus raide qu’on pense. Un kilomètre de fait. C’est quoi cette idée de monter en courant ! Il n’y a plus de beaux arbres revêtus de leurs coloris; à côté de la route, je ne vois que du gravier… rien de romantique. Ça monte, ça monte, ça monte; une éternité. Ils ne me reprendront plus. Enfin un verre d’eau. Finalement, un faux plat [montant, bien entendu]. Encore une grosse côte. Mes jambes sont pesantes. C’est l’enfer. Ils ne me reprendront plus.

Nous redescendons à quatre ou cinq en gondole. Nous sommes tous excités, nous nous racontons cet exploit. Nous avons déjà oublié notre misère toute récente. Quelle sorte de monde sommes-nous ? Cinglés, dirais-je.

La deuxième montée : le vélo. Oui, oui, ça va être plus facile, nous sommes assis. Ça part plus vite et la côte arrive plus vite aussi. Les arbres haut en couleurs sont également disparus. Et encore des côtes, des côtes. Mon braquet est à son plus petit. Je force comme si j’étais sur mon plus gros. Je me dis qu’on a dû faire gonfler les côtes à mon grand désarroi. Où est la forme ? Un petit verre d’eau. Un relâchement : des crampes. Définitivement, pas de plaisir. Voilà la dernière côte, le dernier kilomètres qui en vaut dix ou presque… une éternité. Ils ne me reprendront plus. JURÉ, c’est la dernière compétition. J’arrive en haut cuit, brûlé, mort. Qu’est-ce que je vois ? Des cyclistes frais et dispos qui arrivent en haut du Mont-Sainte-Anne par les gondoles. Oui, il y a des cyclistes qui ont du génie.

Nous redescendons. Nous nous racontons nos derniers faits d’armes.

Au fait, à quand le prochain duathlon ? Complètement débile et taré, mais comment faire autrement.

Félicitations aux organisateurs, notamment à Pierre. Je comprends son éternel sourire maintenant.

1992

 

Jan
01

Un peu de physiologie au service du ski de fond

Un peu de physiologie au service du ski de fond par Bernard Bilodeau

Au cours des dix dernières années, de nombreux changements se sont produits dans le domaine du ski de fond. L’avènement des techniques de patinage a complètement changé le sport, de sorte que la moitié des courses maintenant au palmarès est dédiée à ce style  » libre  » ou patinage. Avec l’engouement général vis-à-vis cette innovation, quelques études ont été produites pour mieux comprendre cette nouvelle technique. L’une des premières études sur les techniques de patinage a été publiée par le Finlandais Karvonen en 1987. Il avait démontré que les fréquences cardiaques et la concentration sanguine de lactate étaient semblables après un test de 3 km à vitesse maximale avec la technique du patinage et avec la technique classique. Il avait cependant trouvé que le patinage était 11 % plus rapide. Dans une autre étude en 1989, il avait observé qu’à cinq vitesses constantes données, la technique du patinage produisait des fréquences cardiaques et des concentrations de lactate inférieures à celles observées avec le pas alternatif.

Durant l’hiver 1989, avec l’aide de quelques professeurs de l’Université Laval, j’ai comparé trois différentes techniques de patinage, le 1-skate, le 2-skate et le offset, versus le pas alternatif et ce, sur un parcours de 3 km avec différents terrains. Les résultats ont démontré que les trois techniques de patinage sont en moyenne 16 % plus rapides que le pas alternatif. Les fréquences cardiaques et les coûts énergétiques [VO2] ne furent pas différents entre les quatre techniques et ce, sur tous les terrains étudiés. De plus, aucune différence significative n’a été observée entre les trois techniques de patinage, bien que les deux skieurs de calibre national qui ont participé à l’étude ont été quelque peu plus rapides avec le 1-skate pour le parcours complet, de même qu’en légère montée et sur le plat.

Le groupe de Hoffman au Wisconsin est très actif au point de vue recherche sur le ski de fond. Ils ont évalué les techniques classiques et le offset avec le ski sur neige, ainsi qu’en ski à roulettes. Dans toutes leurs études, ils ont démontré que la double poussée est la technique la plus efficace en terme de VO2. Cependant, la consommation maximale d’oxygène [VO2max] lors d’un exercice avec une petite masse musculaire telle que les bras, est inférieure d’environ 20 % par rapport à un exercice où les bras et les jambes sont impliqués. Donc, bien que le coût énergétique de la double poussée est plus bas versus le pas alternatif et le offset, cette consommation d’oxygène représente un plus haut pourcentage du maximum, ce qui produirait une fatigue plus rapide lors de la double poussée.

En résumé, il semblerait que pour une même vitesse de croisière, les techniques de patinage produisent de moins hautes concentrations de lactate et de fréquences cardiaques que lors du pas alternatif; à des vitesses maximales, il ne semble pas y avoir de différences dans ces mêmes paramètres physiologiques entre les techniques, bien que le patinage soit environ 15 % plus rapide.

Pourquoi les techniques de patinage sont-elles plus rapides que le classique ? Plusieurs facteurs ont été proposés pour expliquer ces différences :

  1. La disparition du fart de retenu sous le ski avec le pas de patineur peut être un facteur assez important. Hoffman a comparé la double poussée avec des skis adaptés pour le patinage [seulement fart de glisse] versus des skis pour le classique [avec fart de retenu] et a observé que pour une vitesse donnée, la double poussée avec les skis de patinage a produit des fréquences cardiaques, des coûts énergétiques et des concentrations de lactate inférieurs, toutes ces diminutions variant entre 1 et 5 % comparativement à des skis avec fart de retenu.
  2. D’autres auteurs ont suggéré que la position plus basse avec le patinage peut aider à diminuer la résistance de l’air.
  3. Dû au fait qu’un seul ski est en contact avec la neige lors du glissement avec la technique du patineur, la friction entre le ski et la neige est donc moindre.

 

Jan
01

Déterminants de la performance

Déterminants de la performance par Guy Thibault

La première étape de la planification de l’entraînement en sport consiste à identifier les déterminants de la performance dans l’épreuve pour laquelle on se prépare. La deuxième consiste à concevoir des séances qui développent, de façon optimale, chacun de ces déterminants. La troisième vise à déterminer la distribution des séances dans le calendrier d’entraînement, en tâchant de faire évoluer les éléments des séances selon un patron qui optimise le développement et l’entretien des déterminants.

Ces trois étapes sont importantes… mais inutiles si vous ne réalisez pas la quatrième étape qui, elle, est cruciale et qui consiste… à s’entraîner ! Comme le disait mon premier entraîneur de demi-fond :  » Mieux vaut un programme d’entraînement médiocre suivi à la lettre qu’un excellent programme suivi à moitié.  »

En ski de fond, de même que dans les sports que pratiquent plusieurs skieurs de fond, comme la course à pied, le cyclisme, le vélo de montagne, la natation de longue distance, le ski à roulettes, etc., les compétitions ont une durée qui varie généralement d’environ 30 à 300 minutes. La performance dans ces compétitions dépend surtout de trois déterminants : la consommation maximale d’oxygène, l’efficacité du geste et l’endurance. Le but du présent article est de définir ces déterminants et d’en présenter certains éléments.

La consommation maximale d’oxygène, dont le symbole est VO2max [ » V  » pour volume,  » O2  » pour oxygène,  » max  » pour maximal], est le reflet de l’habileté du système de transport [poumons, cœur, circulation, etc.] et d’utilisation [les cellules musculaires, leur perfusion par le sang et l’activité des enzymes] de l’oxygène. Le VO2max varie dans la population d’environ 20 ml O2/kg/min [chez les sédentaires obèses mal nantis du point de vue génétique] à environ 90 ml O2/kg/min [chez les athlètes de très haut niveau qui sont donc bien nantis génétiquement et qui sont très entraînés]. Le tableau suivant indique comment le VO2max varie dans la population.

Consommation maximale d’oxygène [VO2max] en millilitres d’oxygène par kilogramme de masse corporelle et par minute [ml O2/kg/min] dans l’ensemble de la population, selon le sexe et l’âge
HOMMES FEMMES
âge [ans] valeur moyenne 60 % ont entre 20 % ont plus de âge [ans] valeur moyenne 60 % ont entre 20 % ont plus de
moins de 20 48 42 et 54 54 moins de 20 38 34 à 42 42
20-29 46 41 et 51 51 20-29 36 31 à 41 41
30-39 44 36 et 50 50 30-39 34 29 à 39 39
40-49 40 34 et 46 46 40-49 31 25 à 37 37
50-59 34 28 et 40 40 50-59 25 16 à 34 34
60-69 30 25 et 35 35 60-69 21 13 à 29 29
plus de 69 25 20 et 30 30 plus de 69 16 8 à 24 24

Votre bagage génétique détermine non seulement le VO2max que vous auriez si vous ne vous étiez jamais entraîné, mais aussi le taux d’augmentation de votre VO2max pour un programme d’entraînement donné. D’après des recherches effectuées à l’Université Laval, on estime qu’en réponse à un entraînement aérobie assez intense, environ 4 % des sujets augmenteront leur VO2max d’une valeur inférieure à 5 %, alors qu’environ 3 % l’augmenteront de plus de 60 %. Ainsi, les skieurs de très haut niveau, par exemple ceux qui évoluent sur le circuit de la Coupe du monde, bénéficient d’un VO2max particulièrement élevé [généralement plus grand que 75 ml O2/kg/min] grâce à un héritage génétique favorable qui leur permet à la fois de commencer l’entraînement avec un VO2max élevé et de l’augmenter fortement au cours de l’entraînement.

Le meilleur test de terrain pour estimer votre VO2max est le test de piste de l’Université de Montréal, mieux connu sous le nom de test Léger-Boucher du nom de ses concepteurs. Une autre façon d’estimer le VO2max sans aller en laboratoire est d’effectuer une compétition de course à pied sur trois kilomètres et d’utiliser le tableau suivant. Si vous n’avez pas la chance de faire une compétition sur trois kilomètres dans des conditions  » idéales « , vous pouvez également faire un test sur deux kilomètres. Comme la motivation n’est jamais aussi intense au cours d’un test que d’une compétition, j’ai supposé ici que vous pourriez maintenir sur trois kilomètres en compétition la même vitesse de course qu’au cours d’un test de deux kilomètres, ce qui n’est sans doute pas très loin de la réalité et qui, de toute façon, conduit à une erreur qui est inférieure à l’erreur associée à d’autres facteurs [votre spécialité, votre motivation, l’efficacité de votre foulée, les conditions de température et de vent, l’étalonnage du parcours, etc.].

 

Consommation maximale d’oxygène [VO2max] selon la performance pour une compétition de 3 km ou selon le résultat à un test de 2 km
PERFORMANCE
test 2 km compétition 3 km vo2max [ml/kg/min]
11:58 17:57 35
10:18 15:27 40
9:46 14:39 42
9:17 13:56 44
8:51 13:17 46
8:28 12:42 48
8:07 12:10 50
7:47 11:41 52
7:29 11:14 54
7:13 10:50 56
6:58 10:27 58
6:45 10:07 60
6:31 9:47 62
6:20 9:30 64
6:09 9:13 66
5:59 8:58 68
5:49 8:43 70
5:40 8:30 72
5:31 8:17 74
5:23 8:05 76
5:16 7:54 78
5:09 7:43 80
N.B. Si l’efficacité de votre foulée est supérieure à la moyenne [il n’y a pas de moyen facile de vérifier cela; il faut faire un test en laboratoire], votre VO2max est inférieur à celui que vous trouvez dans cette table et vice versa.

 

L’efficacité du geste, c’est-à-dire l’efficacité du pas en ski, l’efficacité de la foulée en course, l’efficacité du style au crawl… est le reflet de votre habileté à transformer l’énergie chimique des substrats [que vos muscles utilisent au cours de l’effort] en énergie mécanique, c’est-à-dire en mouvement. Moins vous dépensez d’énergie pour vous déplacer à une vitesse donnée, plus vous êtes efficace, de la même façon que l’automobile qui consomme le moins d’essence à une vitesse donnée est la plus efficace. On ne sait pas très bien pourquoi l’efficacité du geste varie tant d’une personne à l’autre, mais on sait que l’amélioration de la technique [votre  » style « ] s’accompagne d’une augmentation de l’efficacité du geste [vous dépensez moins d’énergie pour skier à une vitesse donnée si votre technique est meilleure]. Toutefois, on a également pu observer que certains athlètes qui ont l’air inefficace sont efficaces et vice versa. Un sujet donné peut fort bien être efficace dans une activité donnée et ne pas être efficace du tout dans une autre activité, même s’il s’agit de sports dans lesquels le  » style  » ne semble pas jouer un grand rôle [par exemple la course à pied et le cyclisme sur route].

L’endurance est un déterminant de la performance qui est défini de façon peu précise par les athlètes, les entraîneurs et les physiologistes de l’exercice. On la confond souvent avec la consommation maximale d’oxygène, alors qu’il s’agit de tout autre chose. Pour comprendre ce qu’est l’endurance, il faut savoir que la période de temps pendant laquelle un athlète peut maintenir une vitesse correspondant à son VO2max, ce qu’il convient d’appeler sa vitesse aérobie maximale ou VAM, est d’environ sept minutes. Toutes les courses d’une durée supérieur à sept minutes sont indubitablement accomplies à des vitesses inférieures à cette VAM. On dit que ces épreuves [de plus de sept minutes] sont accomplies à des vitesses  » sous-maximales « . Ces vitesses peuvent être exprimées en pourcentage de la VAM [%VAM], afin de comparer des athlètes dont la VAM est différente. Par exemple, si deux skieurs ont une VAM de 300 et 200 m/min et qu’ils skient respectivement à 240 et 160 m/min, chacun skie à 80 %VAM. En effet, ces athlètes skient à la même intensité relative, car cette dernière correspond à des efforts comparables relativement à leur VAM respective.

La vitesse relative, c’est-à-dire le %VAM, qui peut être soutenue en compétition, diminue avec la distance de course. Toutefois, cette diminution n’est pas la même pour tous les coureurs. Les athlètes qui jouissent d’une grande endurance maintiennent un plus haut pourcentage de leur VAM au cours d’une épreuve de durée donnée que les athlètes dont l’endurance est moindre, comme l’illustre le tableau suivant.

Intensité en pourcentage de la vitesse aérobie maximale (% VAM)
maintenue au cours de compétitions de diverses durées par des
coureurs dont l’endurance est plus ou moins élevée
Intensité maintenue (% VAM)
Endurance
durée de la compétition [min] faible forte forte
7 100 100 100
30 87 89 92
90 76 80 87
180 70 75 83

Ainsi, la définition classique de l’endurance est la suivante : c’est la capacité de maintenir longtemps une vitesse relative [par rapport à la VAM] élevée. On est souvent témoin d’une manifestation de l’endurance lorsqu’on compare les performances de plusieurs coureurs sur une grande étendue de compétitions. Un jour où j’animais un kiosque de la revue Runner’s World au marathon de New York, j,ai été à même de constater [à l’aide d’une analyse effectuée avec le logiciel familièrement appelé HERMANN que j’ai développé avec François Péronnet au cours de mes études de doctorat à l’Université de Montréal] qu’un coureur nommé Toivola [si ma mémoire est bonne] pouvait faire un marathon dans un temps sensiblement identique à celui de son compatriote Lasse Viren en dépit du fait que ce dernier avait une performance au 3 000 m de presque une minute plus rapide que celle de Toivola qui, manifestement, compensait pour son VO2max relativement faible [environ 75 ml O2/kg/min, cela dit sans vouloir offenser personne] grâce à son endurance exceptionnelle. Sans doute avez-vous déjà pu constater que ceux qui vous battent sur une courte distance n’arrivent pas à vous suivre au cours des longues épreuves [vous avez une endurance élevée] ou vice versa [vous avez une endurance faible]. Le tableau suivant illustre l’importance relative des trois déterminants de la performance dans les épreuves prolongées.

Effets de l’amélioration du VO2max, de l’endurance et de l’efficacité de la foulée sur la performance en course à pied d’un coureur de niveau moyen sur 10 km, 20 km et au marathon; même pour les distances les plus longues, une augmentation du VO2max a un plus grand effet sur la performance qu’une augmentation de l’efficacité de la foulée ou de l’endurance
vo2max [ml o2/kg/min] : 56 56 56 64 64 64
endurance : ´ Ý ´ ´ Ý ´
efficacité de la foulée : ´ ´ Ý ´ ´ Ý
10 000 m 41:48 40:57 39:28 36:09 35:31 34:25
20 000 m 1:29:40 1:26:51 1:24:27 1:17:02 1:14:54 1:13:11
42 195 m 3:24:17 3:15:07 3:11:51 2:54:13 2:47:15 2:45:04
N.B. : ´ moyenne; Ý élevée.

Dans un prochain article, je tenterai d’expliquer les principes sur lesquels il faut se fonder pour concevoir des séances et un programme d’entraînement qui développent, de façon optimale, les déterminants de la performance dans les épreuves prolongées : le VO2max, l’efficacité du geste et l’endurance.

Si vous désirez en savoir plus sur les déterminants de la performance et la planification d’un programme d’entraînement qui respecte les principes de l’entraînement, je vous invite à consulter le livre que mon ex-directeur de thèse et moi avons écrit sur le sujet : Le marathon, équilibre énergétique, endurance, alimentation et entraînement du coureur sur route, 2e édition, Décarie, Montréal; Vigot, Paris; 1991; François Péronnet et collaborateurs.

N.B. : Assurez-vous de vous procurer la deuxième édition, car on a ajouté, à la première édition publiée en 1981, une nouvelle section de plus de 150 pages intitulée :  » La performance et son amélioration « . On trouve ce livre en bibliothèque ou chez l’éditeur [Décarie Éditions au (514) 342-8500; télécopieur : (514) 342-3982; 34,50 $].

En attendant, voici deux exemples de séances d’entraînement qui peuvent contribuer au développement du principal déterminant de la performance dans les épreuves prolongées [et sans doute au développement de l’efficacité de la foulée] : le VO2max.

Premier exemple :

• Trois séries de quatre fois 1 minute à vitesse élevée, avec 2 minutes de récupération active entre les répétitions et 5 minutes de récupération active ou passive [faites des exercices d’étirement] entre les séries.

La minute à haute intensité doit être accomplie à une vitesse que vous pourriez soutenir environ 5 à 10 minutes en compétition. Chaque fraction d’effort doit vous paraître facile, mais l’accumulation des répétitions doit occasionner une  » bonne fatigue « , sans plus. Commencez par une série la première semaine, deux la suivante, puis trois à partir de la troisième semaine.

Second exemple :

• Fractions d’effort de 15 secondes à très haute vitesse entrecoupées de périodes de récupération active [à très faible vitesse] d’environ 30 secondes, pendant 30 minutes [10 minutes la première fois, 20 minutes la semaine suivante et 30 minutes à partir de la troisième semaine].

N.B. : Un petit truc : utilisez le mode  » count down repeat  » si votre montre est munie de cette fonction et fixez la durée à 15 secondes : effort soutenu pendant un intervalle de temps, récupération pendant deux intervalles de 15 secondes.

Voici finalement un exemple de séance d’entraînement à la course visant le développement de l’endurance et de l’efficacité de la foulée :

• Fractions d’effort sur 100 m, 200 m, 300 m, etc. au rythme auquel vous voulez effectuer un 10 km [par exemple : objectif du 33:20 au 10 km = 20 sec/100 m], avec une récupération sur 100 m effectuée dans le double du temps qu’il vous faut pour franchir les 100 m à vitesse rapide [par exemple : 100 m en 40 sec pour le coureur dont l’objectif est de 33:20 au 10 km]. Au cours de la séance, augmentez la distance de fraction d’effort tant que vous pouvez, puis diminuez-la jusqu’à 100 m.

N.B. : En général, on se rend jusqu’à environ 700 ou 800 m.

Concrètement, pour un coureur dont l’objectif est de 33:20 au 10 km :

Échauffement : environ 2 000 m en 9:00 à 10:00

100 m en 0:20, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

200 m en 0:40, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

300 m en 1:00, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

400 m en 1:20, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

etc.

… jusqu’à environ : 800 m en 2:40, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

… puis on redescend : 700 m en 2:20, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

600 m en 2:00, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

500 m en 1:40, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

400 m en 1:20, 100 m en 0:40 [marche ou jogging lent]

etc.

100 m en 0:20.

Retour au calme : environ 1 000 m en 4:30 à 5:00

Je vous souhaite d’avoir beaucoup de plaisir lorsque vous mettrez en pratique la fameuse quatrième étape de la planification de l’entraînement en sport !

1992

 

Jan
01

L’indice glycémique pour de meilleurs choix

L’indice glycémique pour de meilleurs choix par Odette Tardif

Une excellente façon de classifier de précieux aliments, sources d’hydrates de carbone, est celle appuyée sur l’indice glycémique. Cet indice reflète la capacité d’un aliment d’élever la concentration du glucose dans le sang, dans un temps donné.

Les portions d’aliments étudiés contiennent 50 g de CHO chacune. L’augmentation de la glycémie [sucre dans le sang], à la suite de l’ingestion de celles-ci, est mesurée puis exprimée en pourcentage relatif à l’absorption d’un sucre de comparaison, sucre simple, qui est en général le glucose.

Nous mangeons des sucres simples et des sucres complexes. Les sucres simples sont le glucose, le fructose, le sucrose, le factose et le malcose. Les sucres complexes sont des chaînes plus longues de glucose que l’on appelle amidon ou féculent.

Tous les hydrates de carbone doivent d’abord être digérés ou convertis en glucose pour être absorbés [passés dans le sang]. C’est alors que le glucose ira alimenter le muscle pour donner de l’énergie ou être emmagasiné en glycogène.

Deux facteurs influencent surtout cette vitesse d’utilisation du glucose : d’abord le temps de séjour d’un aliment dans l’estomac [vidange gastrique] et celui pendant lequel il est transformé en sucre absorbable par les enzymes de l’intestin.

Nous serions portés à croire qu’un sucre simple est absorbé plus rapidement qu’un sucre complexe. Or, tel n’est pas toujours le cas. La pomme de terre cuite et le pain ont des réponses glycémiques comparables au glucose.

Quelles sont les applications pratique de ceci ?

D’abord les CHO ayant un indice glycémique élevé seront utiles à la fin d’un exercice prononcé, alors que le muscle a épuisé ses réserves de glycogène et qu’il nécessite encore de l’énergie. De tels sucres sont également nécessaires après un entraînement important, lorsque le muscle régénère son glycogène.

Contrairement à ces deux circonstances, lorsque l’athlète débute un apport d’endurance, il requiert des sucres avec indice glycémique beaucoup plus faible, donc qui seront entraînées dans la circulation sanguine de façon plus tardive et sur une période plus longue.

Pour permettre de bons choix, les aliments sont classifiés en trois classes selon qu’ils ont un indice glycémique élevé [au-dessus de 85 %], modéré [60 à 85 %] et faible [60 % et moins].

Celui qui s’adonne à un exercice modéré [60-80 % de VO2 max] utilisera son glycogène musculaire en 90 à 180 minutes, selon l’importance de ses réserves. Il est donc important de consommer immédiatement après cet effort, un apport d’au moins 50 g de CHO ayant un indice glycémique élevé ou du moins modéré. Cet apport sera répété toutes les deux heures jusqu’à la prise d’un repas complet.

Avec une alimentation optimale, l’organisme prend 20 heures à refaire ses réserves musculaires de glycogène. Le gras et les protéines accompagnant une source de CHO vont modifier l’indice glycémique de cet aliment en retardant la vidange gastrique.

Toutes ces recommandations s’appliquent à un athlète de plus ou moins 70 kg. Donc, si une femme pèse 50 kg, elle doit multiplier par 0,7 ces grammes ou portions de CHO [50 kg/70 kg].

Voici un tableau pouvant servir d’exemple :

calories totales* 70 % en CHO CHO [g] recommandés nb de portions de 50 g
1 500 1 050 262 5 – 6
2 000 1 400 350 7
2 500 1 750 438 8 – 9
3 000 2 100 525 10 – 11
3 500 2 450 612 12 – 13
4 000 2 800 700 14
4 500 3 150 787 15 – 16

* Notre besoin est calculé à partir de votre poids et de l’importance de votre entraînement.

Donc, pour une meilleure performance, utilisez l’indice glycémique et assurez-vous de bons choix, aux bons moments.

 

Fév
01

Chroniques d’Italie

Chroniques d’Italie par Jean St-Hilaire

Nous planons sur un nuage noir. En route vers Mirabel, à l’embarquement, depuis, une pensée nous assaille : vers quoi allons-nous ?  » Je gage que c’est remis « , jette Mireille, pas tant par fatalisme que pour conjurer le mauvais sort.

17 janvier

Depuis deux jours… Vers les 4 heures du matin, une voix étrangement monocorde, presque surréaliste, vient survolter nos têtes engluées de sommeil, la voix du commandant de notre aéronef KLM [747] :  » Deux scuds irakiens sont tombés il y a quelques minutes sur Tel Aviv « . Rien de bien musical à nos oreilles de vacanciers. Culpabilisant. Deux petites heures plus tard, nous foulons les couloirs astiqués de Schiphol, l’aéroport d’Amsterdam, dans l’attente de notre correspondance pour Munich. La tension se voit, se sent. Regards en tire-bouchon du personnel… Et ce malaise qui s’empare de nous, enfantin, stupide, au vu d’une physionomie un tant soit peu méditerranéenne… État de siège psychique. L’autodéfense paranoïaque. L’absurde se porte bien. Dans les halls d’attente, les écrans télé crépitent des bombardements sur Bagdad.

Aux abords de Munich, les champs nus nous explosent au visage.  » Pas de neige à moins de 1 500 m, nous dit, triomphante, la jolie préposée au comptoir de location d’autos de l’aéroport.  » Faudrait aller en France…  »

Elle pousse le bouchon. Nous cinglons depuis peu vers Garmisch-Partenkirchen que la neige apparaît, indécise. Il est blanc d’une blancheur irréelle, mais bien mince, l’édredon qui s’étale devant nos attentes de fondeurs.

Six à bord de notre fourgonnette. Nous filons vers Dobbiacco, dans le Trentin Haut-Adige, en Italie. Coupe du monde des maîtres. Mireille, c’est dame Belzile, la femme de notre Pierre Harvey. Il y a aussi Daniel Auclair et sa douce, Lucie Brunet, de même que notre Robert Giguère national et votre serviteur, Jean St-Hilaire. Notre jeune doyen Georges Girard était aussi du vol, avec le Saguenéen Marc Larouche. Ils rallieront l’Italie en train, avec l’Ontarien Goesta Edvardsson, qui les attend en gare de Munich.

Pleins gaz vers l’Italie. Pierre malmène le champignon, Daniel l’encourage, les filles ne disent mot sans consentir, Robert et moi faisons du rappel dans les virages… Oh ! les jolis précipices… Halte bouffetance à Seefeld. À la demande de Robert, qui n’était pas de l’expédition de 1988 et qui tenait à s’imprimer tout ça dans les lentilles. Dîner sur la terrasse, à deux gorgées de blonde du plateau de départ, que nous venons de reconnaître. Demi au poing, notre Robert s’enflamme, des vapeurs poétiques embrument bientôt ses lunettes; plus pâmé que ça, tu lévites ! Ça y est, qu’on se dit chacun à part soi dans un obscur pressentiment : il se prépare à nous en jodler une… Et hop ! on écluse. C’est ainsi que nous lui coupons le sifflet net et plongeons sur Innsbruck bercée de printemps. Regain d’hiver sur le col du Brenner… et nouveaux soupirs inquiets, dans la descente toutes voiles sorties vers Brixen [Bressanone], première ville d’importance sur notre chemin, en territoire italien. Pas plus de neige que de champagne en enfer. Vandoies, Chienes, Brunico… nous montons vers Dobbiacco-Toblach sans que le sol se couvre significativement. Mais enfin, nous montons et l’altitude finira bien par imposer son fait.

Comme de juste, aux abords d’une petite commune voisine de notre destination, un raidillon nous hisse subitement sur de quoi faire notre bonheur, un trente centimètres de neige qui ira s’épaississant à 50-60 cm à Toblach. Nous arrivons à la nuit tombante, passons nos pelures en vitesse et allons nous dérouiller, qui sur les pistes des championnats, dans le goulot vers Cortina, qui sur une piste communale, qui vient pour ainsi dire nous cueillir à la porte de notre appartement de vacances. Ensuite, nous casserons la croûte dans une auberge tout près. Notre proprio nous accompagne, histoire de nous offrir le Refosco [superbe !] de bienvenue. Il est de langue allemande, comme une forte majorité dans la province autonome de Bozen [Bolzano]. Le Sud Tyrol, les propriétés du commun à un million de dollars US, les hypothèques sur trois générations, le Volkspartei, la prospérité sans pareille du coin… il n’élude rien, l’Italie est ici très fière, mais c’est en allemand que ça se passe. Les spaetzli le disputent aux pasta au menu des restaurants et l’habitat est indiscutablement tyrolien, c’est-à-dire massif, typique et chaud avec ses bois au naturel et ses ouvertures en trompe-l’œil.

19 janvier

Nouvelles extases de Robert au lever, la couronne dentelée des Dolomites lui fait de l’œil, au sud. Il gazouille à la reconnaissance du parcours, il supporte sans peine les 1 200-1 300 m d’altitude sur lesquels se déploie la bouche de 15 km. Beau stade, assez chaleureux, à l’entrée sud de la ville. Beau boisé. Une montée assez sèche, à 1,2 km du départ, puis une autre, assez longue et exigeante sans être vraiment pentue, quelques kilomètres plus loin. Faux plats sur la haute partie, traversée d’un lac, quelques montées, puis descente assez grisante vers le stade. Un parcours dammé dur et tracé en triple sur une vieille neige farineuse qui nous restera jusqu’à la fin des concours. Pas de difficultés techniques particulières. Un parcours sélectif pour les récréatifs, mais pas pour les cracs. Nous qui redoutions les problématiques alchimies de klister skierons toutes les épreuves sur farts durs. Les canaux gèlent à Venise, à 150 km au sud, une vague de froid sévit sur le nord de l’Italie, les coureurs de classique s’exécuteront par -12 °C à -19 °C, ces températures prévalant jusqu’à près de midi, sur la basse partie du parcours et le stade, ombragés qu’ils sont en est par une formidable barrière rocheuse.

20 janvier : 30 km messieurs

Le -15 °C du départ de la course de classique a fondu à -5 °C pour le style libre. Deux boucles de 15 km. Pierre Harvey enlève la première de ses deux victoires. Au retour sur le stade, il est second, derrière le coriace Soviétique Andrei Sergueev. Sur sa gauche, les 45-49 viennent de partir… s’il n’accélère pas, il risque le coinçage. Il hâte le pas, double son homme. Le duo réussit à déborder les nouveaux partants avant le goulot du premier pont. Ouf… Dans la tête de Pierre, la cause est entendue. À la première montée [1,2 km], il plaque une accélération sèche et reprend le manège dans la suivante.  » Je me disais qu’il valait mieux en baver 3 km que d’en skier 15 stressé et risquer de me faire doubler au sprint « , résumera-t-il. Chrono de 1 h 20 min 13,5 s au bout du compte. Sergueev tardera de 49,2 s; l’Autrichien Virgil Sschneider est 3e. Plus en forme qu’il l’eût cru, Daniel Auclair termine 6e en 1 h 28 min 08,8 s. Dale Foley, le mari de Nianne, la présidente de l’ACMSF, fait 22e en 45-49 ans [1 h 36 min 14,2 s]. Dans la même catégorie, mais en classique, votre obligé fait 49e [sur 58…] en 2 h 12 min 32 s.

Le lendemain, place aux dames et aux messieurs 60 ans et plus. Notre bon Robert, qui a rêvé en double poussée une bonne partie de la nuit, est le premier en piste. 20 km. Plusieurs bons lévriers dans cette classe des 60-64. Rapides, mais terriblement oublieux… Le meneur part-il aux pâquerettes qu’ils sont 37 à le suivre. Dont Robert qui ne réalisera son erreur qu’au  » warm-down « .  » Ah ben… ah ben…  » 38 DSQ. Le poète de Beaupré n’en finit pas de soupirer sur ses feuillets de résultats. Car bons princes, les organisateurs accorderont leur chrono aux  » déviants « . Robert était 10e en 1 h 18 min 46,7 s. Resté dans le droit chemin, il eût été 1er ! C’est que nos papillons ont skié un kilomètre de trop et que le premier des dix-neuf classés, le suisse Alfred Burgler, a mis 1 h 17 min 10,1 s.

En après-midi, Mireille [30-34] joue gros jeu sur 20 km libre : elle sera première ou… dernière. Que deux au départ. Elle sème la suissesse Ulrike Sobkowski de six secondes pour l’emporter en 1 h 13 min 5,6 s. Meilleur temps de la journée : Maria Canins [35-39], en 57 min 4,5 s. Lise Daudrich est 2e en 55-59 ans [1 h 22 min 23,4 s]. Nianne Foley [45-49], 7e [1 h 29 min 21,2 s]. En classique, Marc Larouche fait 24e [1 h 54 min 36,1 s] en 65-69 et Goesta Edvardsson 4e [1 h 23 min 33,1 s], dans la même catégorie. Inscrit en libre ce jour-là, notre doyen Georges Girard, reçu quelques jours plus tard maître honoraire de l’Association des maîtres suisses, termine 3e en 2 h 07 min 30,3 s.

Ces mondiaux nous poussent en marge du temps, le téléjournal de fin de soirée nous y ramène. Les cratères de Bagdad, l’humiliation des pilotes descendus… Nous y ramène un peu : la montagne est trop magique, le vin trop doux.

22 janvier : 15 km messieurs

 » T’es une machine !  » lance avec un air de résignation admirative l’ex-international Yuri Bourlakov, à la tête de Pierre Harvey. Pierre vient de lui prendre 1 min 37 s. Chrono de l’express pressé de Saint-Ferréol : 38 min 33,2 s. Bourlakov est second, Schneider 3e. Un certain Vladimir Nikitin, affublé d’une bonne bouille de forçat, fait 7e. Une gloire pas si ancienne du programme soviétique lui aussi.  » Pas en forme « , invoque-t-il en allemand approximatif à l’adresse de Pierre.  » Bourlakov, pas mal. S’entraîne plus « . Notre champion a entrepris la course à fond de train, il redoutait la conformation du parcours, avec ses faux-plats où un adversaire hargneux pouvait le crocheter.  » Je suis surpris, c’est un bon temps… à 30 % du volume d’entraînement de la carrière active « .

Daniel, lui, s’était rabattu sur le classique. Quatrième en 44 min 23 s. Pas mal du tout. Une glisse plus molle que ses devanciers 1. Sergueev [URS], 2. Norbert Wurm [BRD], 3. Torstein Bjrhusdal [NOR], il s’est bien battu. Autres résultats : Dale Foley, 17e des 45-49 en 45 min 58,8 s en libre; Harold Daudrich, 24e des 55-59 en 55 min 19,8 s en libre; et Jean St-Hilaire, 56e des 40-44 en 1 h 7,8 s en classique.

Au soir, banquet tyrolien dans l’immense entrepôt plutôt frisquet d’une exploitation de bois d’œuvre. Cochonnailles, spaetzli, apfel strudel, le tout arrosé très  » prodigualement  » d’un kaltenbrunner, un rouge gouleyant de montagne. Sympathique. Plus que sur le stade encore, nous prenons conscience, non sans émotion, de la présence libre de maîtres soviétiques. Ils sont là à s’étonner, discourir ou rire des mêmes choses que nous; ils sont de la fête, avec plus d’exubérance que les classés occidentaux, je dirais, quand on les mande au podium. Sur le stade, sans doute nous envient-ils. La perestroika ne souffle manifestement pas encore sur les sentiers de neige de l’URSS. Le vêtement est le plus souvent d’un autre âge, fatigué. L’équipement est désuet, mais la performance très à jour… Un ange passe, à la remise des médailles des 50-54 ans. Tatiana Zlobina revient de la fontaine de jouvence, c’est forcé. Les têtes se tournent. Sur la championne ? Sûrement pas. Sur l’exemple de vieillissement déjoué ? Pas sûr. Ce que tous admirent en elle, c’est ce je-ne-sais-quoi aérien de noblesse incarnée. Pas celle de la particule, celle de la fierté et de la force de caractère. J’avais déjà vu ce regard quelque part, ce calme regard bleu acier aiguisé par mille ans de steppe… Le parfait sosie de la grande comédienne soviétique Alla Demidova, applaudie à la dernière Quinzaine internationale du théâtre de Québec. À cause de l’intériorité du regard surtout.

23 janvier : 10 km dames et 15 km messieurs, 60 ans et plus

Cette fois, Robert ne s’égarera pas, il a réformé son logiciel, c’est comme s’il avait le parcours gravé dans ses lunettes. Très froid : -18 °C. Il part comme une balle : premier au fond de l’entonnoir ! Il fera finalement 55 min 48,7 s. En classique, bien sûr. Treizième, ce qui est dans l’ordre de ses performances d’Ostersund. Il bougonne néanmoins à l’arrivée :  » Skis lents… « . Pierre et Daniel y regardent de près : fart de glisse insuffisamment raclé et surtout, fart de poussée dans la rainure. Ce jour-là, cette veille de course-là, notre Robert n’aura oublié qu’une chose : ses lunettes au fartage ! Il mâchouille sa déception, branle du chef, reconnaît. Trois heures plus tard, plus rien n’y paraît. Dans le col de Cortina, où nous cheminons par près de 1 500 m, en randonnée touristique, à vue du chapiteau doré des Tre Cime [les Trois Cimes], il est pris d’un nouvel accès de spasmes poétiques. Photos et re-photos, minestrone à 8 000 lires à l’auberge de la ligne de partage des eaux, et nous redescendons vers Dobbiacco.

Mais avant, Mireille avait exercé de nouvelles prédations en enlevant l’or du 10 km libre. Quatrième au sortir du stade, elle rejoint bientôt la meneuse, mène la course de contrôle et la double sans rappel sur le pont menant au stade, à 500 m de l’arrivée. Les médailles pleuvent drues sur l’Anna Gasthof, quel bonheur qu’on les remette à dix pas de notre porte, tout près de l’école communale. Il faut vous dire ici que nous logeons dans le vieux Toblach, à une minute de marche du monument à Gustav Mahler. Figé dans sa superbe de bronze, celui-là a tourné le dos à nos ébats tout au long des championnats. Son regard porte vaguement vers Innsbruck, au nord. Notre copain Raymond Couture, qui a déjà servi une partition du maître autrichien, à l’OSQ, apprendra peut-être avec un serrement de cœur que c’est dans ce hameau paradisiaque, qui compte aujourd’hui 3 000 âmes, que Mahler a mijoté quelques-unes de ses grandes œuvres, dont les symphonies  » Résurrection  » et  » des Mille « .

Autres résultats du jour : Georges Girard, 3e en 1 h 22 min 22,9 s sur 15 km classique en 75 ans et plus; Marc Larouche, 23e en 1 h 12 min 44,3 s en 65-69 sur 15 km classique; et Goesta Edvardsson, 9e en 1 h 2 min 10,8 s en 65-69 sur 15 km classique.

Un étal de journaux, au retour du stade. Dur rappel à la réalité.  » La gerra sera longa « , titre La Stampa

24 janvier : les relais

Coup de théâtre dans les relais 3 x 10 km classique, chez les 30-34 ans. On a surclassé Dale Foley pour l’occasion, il court le relais intermédiaire, entre Daniel et Pierre.

D’entrée, la commande s’annonce lourde, Soviétiques, Allemands et Autrichiens opposent des équipes profondes. Daniel revient au stade 4e [un peu plus de 29 minutes], Dale réussit à maintenir un contact relatif à la deuxième boucle [32 minutes +] et c’est depuis la sixième place que l’express Harvey se met en chasse des meneurs, une sixième transformée en une cinquième contre toute attente. Jusque-là, les Soviétiques tenaient la carotte. Nikitin les avait portés en tête et Bourlakov semblait avoir creusé un écart irrémédiable. Semblait… Le véloce Sergueev manque en effet à l’appel. Beau temps pour roupiller… Pierre part donc comme un dératé, tourne en 26 et des miettes, de loin le meilleur chrono du jour, et rentre avec le bronze. Allemands et Autrichiens ont mérité l’or et l’argent dans l’ordre.

En 60-64, Robert court le 3 x 5 km classique avec Marc et Goesta, deux surclassés des 65-69. Leurs chronos, dans l’ordre : 17 min 35,8 s, 23 min 21,9 s et 19 min 56,9 s. Neuvièmes. Même type d’association chez les féminines où Mireille, que nous surprendrons en pleine randonnée de santé [19 min 34 s], compose avec Lise Daudrich [55-59, 22 min 28,8 s] et Nianne Foley [45-49, 24 min 29,6 s] pour enlever le bronze, en 30-34 ans.

Au soir, deuxième banquet, dans la même enceinte que le premier. Même lubrifiant : le petit Kaltenbrunner. Des pâtes au menu, si j’ai bonne mémoire. Au micro, Dieter Eckmann, le président de l’Association mondiale des maîtres, y va de quelques nouvelles si péremptoirement larguées qu’on en demande si elles ne sont pas prématurées… L’une d’elle du moins. Royal Gorge, c’est fini :  » De 250 à 300 US$ d’inscription, c’est trop cher, nous avons plutôt opté pour Anchorage, en Alaska « . Championnats de 1992 s’entend. Ceux de 1993 ? Non plus à Lillehammer, la ville hôtesse des Jeux olympiques d’hiver 1994, mais à Geilo-Ustaoset, coquette station de montagne du Telemark. Ça reste donc en Norvège. Les championnats de 1994 appellent quant à eux un autre vol sur Munich puisqu’ils ont été attribués à Finsterau, petite station de Bavière située à l’entrée d’un parc national adossé à la frontière tchécoslovaque.

Le lendemain, au petit matin, Georges, Marc et Robert prennent le car pour Venise.  » C’est beau, mais mal drainé « , concluent-ils d’un commun accord. Les Brunet-Auclair, Belzile-Harvey et St-Hilaire optent quant à eux pour une excursion du côté d’Anterselva. L’équipe canadienne de biathlon séjourne dans une chaleureuse auberge de Mittel-Antholz [Anterselva-du-Milieu]. Les entraîneurs Bernard Voyer et Pierre Bégin nous y accueillent et nous partons de ce pas gravir, à skis de fond, les quelques 450 m qui nous séparent du pas de tir de la piste de biathlon aménagée à la limite des arbres, à 1 800 m. Descente grisante par la même piste pour le retour et plantureux repas d’hydrates, avec les gars et les filles de l’équipe canadienne. Il y a là, entre autres, dans une forme resplendissante, la toute récente gagnante d’une course de Coupe du monde, Myriam Bédard. Barrage de questions pour les Harvey-Belzile : en haute performance, un médecin et un modèle ne sont jamais de trop.

Au soir, après un délicieux repas de pizza arrosé d’un remarquable Foioneghe, introuvable au Québec, nous nous rassemblons chez les Daudrich, à l’invitation de l’ACMSF, pour un petit  » social  » sympathique.

26 janvier : 50 km classique, messieurs [écourté à un peu plus de 44 km] et 30 km classique dames et hommes 60 ans et plus [écourté à un peu plus de 26 km]

Dernier coup de collier. Déjà. En éliminant la montée du départ et une pente moyenne, au 12e km, on a court-circuité l’objectif du triplé de Pierre. Le parcours a perdu en sélectivité. Notre crac et Sergueev roulent ensemble jusque vers le 20e km, soit sur les plats du haut parcours où le Soviétique force le train.  » J’avais peur d’exploser, je l’ai laissé aller « , devait admettre Pierre. À la mi-course, il tenait encore une minute sur l’Allemand Norbert Wurm. Sergueev avait mis ses deux poursuivants d’accord, ceux-ci lui abandonnaient le titre [2 h 10 min 13,8 s]. Dans la longue descente donnant sur les plats de l’arrivée, Wurm revenait sur notre homme, se collait par la suite à lui comme une ombre et lui chipait l’argent au sprint. 2 h 11 min 20,3 s contre 2 h 11 min 23,2 s. Daniel Auclair, lui, mettait 2 h 20 min 53,2 s pour finir 7e. En 55-59, Harold Daudrich était 53e en 3 h 25 min 58,5 s; en 45-49, Dale Foley faisait 29e en 2 h 42 min 21,9 s et en 40-44, votre scribouillard se démenait durant 3 h 19 min 35,2 s pour finir 62e. Petit mot de réconfort de mes filles, au retour au pays :  » On te l’avait dit que t’avais pas d’affaires là ! « . Plusieurs abandons : 41 en 55-59, 40 en 45-49 et 50 en 40-44. Il faisait pourtant beau. Froid au départ, mais bon après 11 heures. La date hâtive, sans doute.

Pendant ce temps, Mireille  » terrassait  » ses rivales sur 26 km et quelque et enlevait son troisième titre des championnats en 1 h 50 min 21,5 s. Ses quatre rivales ont toutes abandonné en chemin. Nianne Foley 16e en 2 h 34 min 33,8 s en 45-49.

Chez nos  » turbulents « , Georges terminait 4e en 2 h 33 min 1 s [75 ans et +]; Marc, 29e en 2 h 18 min 55,1 s [65-69]; Goesta, 14e en 1 h 53 min; et notre Robert, 14e en 1 h 42 min 26,6 s [60-64].

Le moment du retour, déjà… Bien sûr, la guerre nous a épargnés, mais la mort ne devait pas nous oublier. Quelque part pendant la semaine, un membre du jury, le Finlandais Vesko Eskelinen, décédait d’un infarctus.

Une dizaine exceptionnelle. Le comité sud-tyrolien n’avait rien ménagé pour réussir, le mouvement mondial des maîtres a été bien avisé de se pointer chez-lui, il ne peut qu’avoir accru son rayonnement, entendu que les fondeurs transalpins s’étaient montrés jusque-là quasi absents des championnats annuels. Nous devons aussi des remerciements sincères à Nianne Foley pour sa présence assidue aux réunions techniques, de même que la précision et la promptitude qu’elle a mises jour après jour à porter à notre attention tout renseignement utile.

Ciao Italia ! Gruss Gott Sud Tyrol. Les Belzile-Harvey et le soussigné gagneront Munich le lendemain, par le col du Gross Venedigger, laissant derrière eux Lucie et Daniel, en tête-à-tête pour une semaine de ski alpin. Georges, Robert et Marc feront pour leur part un crochet vers Genève, en train, par la Lombardie [italienne] et le Tessin et le Valais [suisses]. Ils y visiteront les Dupasquiers, participants de longue date aux mondiaux des maîtres. Georges en profitera aussi pour faire ses représentations, au nom du Centre mondial de commerce de Beauport. Après quoi notre fringant trio rentrera à Munich pour le vol du retour. Au passage de la vieille ville, il s’arrêtera faire une génuflexion ou deux au saint des saints des buveurs de bière, la Hofbrauhaus.

Robert affirme être sorti de là sans problème de transfert de poids. Georges, lui, affirme en être sorti sans problème tout court. Et Marc ? Avec deux problèmes… ! Qu’on a dit. On sait pas, on n’y était pas. Des bobards, sans doute. Espérons toutefois…

Sans rancune, les gars !

1991

Jan
01

Comment mater le vent!

Comment mater le vent ! par Benoît Roy

On sait que dans une descente, une bonne position de recherche de vitesse [par rapport à une position debout] peut réduire la résistance de l’air de près de moitié. C’est un bon investissement tant que vous n’entrez pas dans le décor ! On a vu aussi que ça peut être payant de réduire son excès de poids, spécialement dans les montées.

En ski de fond, les vents sont probablement moins incommodants qu’en vélo. Cependant, travailler en peloton peut être presque aussi rentable qu’à vélo. Saviez-vous qu’un faible vent de face de 15 km/h est suffisant pour vous forcer à réduire votre vitesse d’environ 25 % si vous voulez garder la même dépense d’énergie ?

Supposons que vous skiiez à une vitesse de 20 km/h, alors que faire ? Pourquoi ne pas exploiter la même stratégie que les cyclistes. Saviez-vous que le simple fait de skier sur les  » talons  » [environ 3-40 mètres] de celui ou celle qui vous précède, est suffisant pour réduire la résistance due à l’air d’environ 30 % ? Ceci correspond à une économie d’énergie appréciable, spécialement dans les situations où on est confronté à des vents de face, par exemple sur des lacs ou autres grands espaces. C’est une bonne manière de s’entraider pourvu que ce ne soit pas toujours la même personne à l’avant. Évidemment, votre champ visuel n’a pas à se limiter au postérieur qui vous précède, à moins que…

1991

Jan
01

Les propositions miracles

Les propositions miracles par Odette Tardif

Malgré tout ce que dit la publicité, les pratiques alimentaires, les vitamines, les minéraux et les suppléments proposés aux sportifs remplissent souvent bien mal leurs promesses. Voici quelques précisions concernant ces  » propositions miracles « .

Les pratiques alimentaires

Dans les numéros antérieurs, trois pratiques bien établies ont été discutées :

  • se bien nourrir  » consciemment  » et  » régulièrement « ;
  • la surcharge en glycogène avant une compétition;
  • et l’hydratation adéquate en cours d’entraînement.

Une quatrième pratique suscite aujourd’hui un certain intérêt bien que les avis soient partagés. Il s’agit de la prise de caféine avant une compétition. Des études scientifiques ont prouvé que la caféine peut stimuler la lipolyse [libération et utilisation des acides gras libres]. Prise avant une compétition, la caféine permettra de conserver le glycogène et de prolonger l’endurance. Ces effets ont été obtenus avec des doses de 5 mg/kg de poids corporel ou environ 2 tasses de café fort. De plus grandes quantités ont été bannies [se souvenir de l’effet diurétique du café]. Une étude récente porte à croire que la caféine ne serait pas efficace, toutefois, chez les gens consommant beaucoup de CHO. Donc à essayer avant usage sérieux…

Une pratique qui, elle, serait tout à fait inefficace est celle d’ingérer du calcium et du magnésium avant une compétition afin d’éviter les crampes musculaires.

L’athlète a-t-il des besoins accrus en vitamines et minéraux ?

L’athlète en santé et ayant une alimentation rationnelle a très peu besoin de ceux-ci. Il a des besoins accrus en énergie [kilojoules], vitamines du complexe B et en fer. Les apport en complexe B seront comblés facilement par une plus grande consommation de produits céréaliers, si nécessaire du germe de blé ou de la levure alimentaire.

Les apports en fer, on l’a vu, sont plus difficiles à rencontrer si l’athlète diminue sa consommation de viande. Les suppléments de fer seront nécessaires aux gens anémiques ou à ceux dont les réserves en fer sont abaissées. Se rappeler que les femmes sont plus à risque. Surveillez votre niveau de fer et évitez de prendre des suppléments inutilement en raison des risques d’interaction entre les minéraux [fer, cuivre, zinc particulièrement].

Ces suppléments dits  » naturels  » qui sont-ils ? Méritent-ils tant de popularité ?

Le germe de blé : Celui-ci est utile pour son huile, l’une des meilleures sources de vitamine E — 1 c. à table d’huile fournit 28 u.i. de vitamine E —. Le germe de blé s’ajoute avantageusement à la chapelure, aux céréales, dans les préparations de biscuits ou muffins.

La levure de bière et la levure alimentaire : Celles-ci contiennent 45 à 50 % de protéines et 35 % de CHO, ce qui en font des sources énergétiques intéressantes. De plus, on est en présence d’une concentration exceptionnelle de vitamines du complexe B. La levure Torula et la levure de Kéfir ont un goût plus doux, plus agréable.

La lécithine de soya : Ce que l’on sait de la lécithine en physiologie est infime par rapport à l’importance de sa promotion. C’est un merveilleux émulsifiant des graisses d’où son usage fréquent dans de nombreux aliments et crèmes dermiques. À très fortes doses, elle peut abaisser le cholestérol, mais peut aussi donner des troubles gastro-intestinaux. Personne par contre ne contredira la valeur nutritive du soya en alimentation.

La mélasse verte [Blackstrap] : Cette mélasse a une saveur très prononcée. Elle est la  » seule  » mélasse qui soit intéressante question valeur. Elle fournit 3,4 mg de fer et 144 mg de calcium par 15 ml. Certains apprécient son effet un peu laxatif. Ajoutée à du lait chaud, elle peut remplacer agréablement un café.

Le ginseng : Il existe plusieurs types de ginseng qui varient dans les concentrations de leurs constituants. Outre sa propriété aromatique, le ginseng possède des propriétés pharmacologiques. Parmi celles-ci, citons sa concentration en stéroïdes [paraxosides]. On les appelle souvent des  » anti-fatigues « . Le ginseng peut donc stimuler l’organismes, mais il peut aussi interagir avec d’autres substances. Comme les stéroïdes en général, des doses importantes peuvent causer des effets secondaires : insomnie, hypertension, excitation, diarrhée, œdème et difficultés menstruelles.

La gelée royale [pollen, propolis] : Trois noms qui recouvrent une même identité. Ils viennent de la production du miel par les abeilles. Leur valeur en protéines, vitamines et minéraux n’est pas négligeable. Toutefois, leurs propriétés thérapeutiques dans les maladies vasculaires n’ont fait l’objet d’aucune étude approfondie de ces pathologies. La propriété d’antibiotique naturel du propolis [substance résineuse] demeure discutable. Les extraits de pollen renferment, en faible quantité, tout ce qu’un aliment ordinaire peut fournir mais à quel prix ! Ne pas oublier le pouvoir allergène de ces extraits.

En conclusion, le produit de la  » victoire  » n’est pas encore vendu et beaucoup de publicité et d’affirmations gratuites s’offrent à nous ! Continuons de manger bien et rendons notre entraînement agréable.

1991

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