Avr
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Championnats canadiens des maîtres de Labrador City : des championnats chocolat

Championnats canadiens des maîtres de Labrador City : des championnats chocolat par Jean St-Hilaire

Le réflexe n’y est pas. Même chez le fondeur. Il faut charmer ses spatules, traficoter leur code  » génétique « , pour qu’elles consentent à nous emporter vers le nord. Ce n’est pas la banale peur de l’inconnu, c’est la peur de l’inconnu froid.

Championnats canadiens des maîtres, au Club de ski nordique Menihek, à Labrador City, du 24 au 29 mars dernier. Nous sommes 77 au rendez-vous, dont 23 femmes. Des  » sudistes  » pour la plupart. Terre-Neuve, la province hôtesse, engage 28 participants, l’Ontario 14, le Québec 12, le Nouveau-Brunswick 11, la Colombie-Britannique 6, l’Alberta 3 et l’Ile-du-Prince-Edouard 1, Paul Wright, le directeur… et unique membre de sa province, excellent compétiteur par ailleurs. Deux glisseurs du Maine sont aussi de la galère.

Le contingent québécois recrute au diable vauvert. Richard Arsenault et sa moitié, Adrienne, font le déplacement depuis Gaspé, par la route, après un crochet par Québec. Le couple Yves Deguire-Chantal Métivier [Hull] et Brian Thorp [Chelsea] partent de l’extrémité ouest de la province, de l’Outaouais. À quelques double-poussées de sa 82e année, le doyen Georges Girard rallie le Labrador à tire d’ailes, tout comme Gaétan Beaulieu, qui se joint à Sept-Îles à la  » Garlic Connection  » formée de trois gars du coin, Paul Lebel, Alain Plante et Camille Thériault. Escale stressante pour le Grand… Ses bagages font tiquer les préposés à l’embarquement. On le soupçonne de commerce illicite de bois de chauffage, ou de quelque méga-traffic de scapulaires. A beau qui vient de Sainte-Anne-de-Beaupré… À bout de palabres, l’oiseau vous emporte la congrégation et tout le saint-frusquin à destination. Pendant ce temps, le vétéran Robert Giguère, notre directeur provincial Pierre Bernatchez et votre serviteur font route par le tire-bouchonnant tronçon de Baie-Comeau-Manic 5, les raidillons des Monts Groulx et les eskers de Mont Wright. Mille kilomètres. De douze à treize heures de jazz.  » Une équipe équilibrée « , proclame notre PB national. Ouais… un champion et deux picouilles! Une 4 X 4 nous accompagne à bord de notre 4 X 4. Calende chocolat, phares chocolat, carosserie chocolat, c’est Tara, la chechienne labrador pas toujours chocolat de notre Pierre. Comme le mode d’emploi n’est pas écrit sous la queue, nous nous disons, Robert et moi, que c’est son analyste. Et de fait, elle emmène notre directeur en consultation trois fois pas jour et nous le ramène ragaillardi. Dommage qu’elle s’y connaisse moins en fartage…!

Mais toutou et Miles Davis ne nous y trompent pas, la nature régit tout ici. De Manic 5 à Mont Wright, pas âme qui vive, exception faite des quelques motoneigistes déshydratés qui refont le plein au relais Gabriel. Trois-cent vingt-cinq kiomètres qui s’étirent sans fin entre forêt boréale et taïga. Accostons à Fermont à 0 h 30, fourbus.

Reconnaissance au matin de notre vraie destination, le Menihek. Le passage au secrétariat de la course nous en dit vite long sur la décontraction de nos hôtes. Roland Michaud est malade et ne peut être des nôtres, apprend-t-on au préposé, Frank Darrell. Il disparaît sans mot dire et revient une couple de minutes plus tard avec les 80 $ de son inscription. Ça ira comme ça tout au long de la semaine, en souplesse, gentillesse et chaleur. De bois rond, le chalet du club fait un lieu très convivial, étonnamment familier pour nous, Québécois, avec ses photos laminées de Pierre Harvey, Yves Bilodeau et Jocelyn Vézina.

Le premier contact avec la piste nous voit plus sur la défensive. Non qu’elle ne soit bien dessinée et entretenue et que la nature n’y soit magnifique. Elle se profile à flanc d’une montagne au chevet d’un lac, dans une manière de cuve dont le micro-climat fait des prodiges à cette latitude. On y trouve des épinettes noires d’un gros 60 cm de diamètre. Plateau de départ et un court tronçon en bordure du lac exceptés, on skie partout à l’abri des vents. Non, ce qui nous refroidit, c’est la montée têtue qui, du 600e mètre aux 4 km, sera notre menu quasi quotidien, les championnats se déroulant pour l’essentiel sur une piste de 10 km conçue par Bill Koch. M’enfin, le petit coup de froid l’intimide que les  » gros cardios  » porteurs d’un régulateur de croisière, et j’ai nommé notre Caillou Bernatchez et cézigue. Du quatrième kilomètre à l’arrivée en revanche, c’est beaucoup plus démocratique. Technique dans le Koch’s Delight [une couple de bosses nous déposent sur un S : perte de dénivellée de 50 m sur 600 m], mais d’un tracé logique, sécuritaire et des plus grisants.

Nous voici au 30 km, le lundi 24. Soleil, neige et air à -10 °C. Gaétan part en lion en M3 et l’emporte en 1 h 47 min 45 s, neuf minutes devant Paul Wright. Mais au chrono, le coq du jour est ontarien, Paul Inkila, de Thunder Bay. Vainqueur en M2, il met un peu plus de deux minutes de moins. Alain Plante fait deuxième [1 h 54 min 25 s] cependant qu’en M1, Yves Deguire [1 h 58 min 39 s] et Brian Thorp [2 h 03 min 31 s] terminent troisième et sixième dans l’ordre. En M4, où le héros de la place, Alfie Parsons, s’impose en 1 h 47 min 24 s, Paul Lebel termine sixième en 2 h 5 min 8 s, un rang mais deux jours-lumière devant votre serviteur [2 h 28 min 39 s]. En M5, entrée sénatoriale de notre Pierre B. qui fait durer le plaisir 2 h 48 min 56 s [cinquième]. En M6, Richard Arsenault [2 h 5 min 19 s] touche le bronze derrière l’Acadien Gabriel Aubé et le Terre-Neuvien Jack White, notre nouveau directeur national.

Ces dames et les 60 ans et plus se produisent quant à eux sur 20 km. Chantal Métivier se classe troisième [1 h 29 min 56 s] d’une course relevée en F2. Robert Giguère commence sa razzia des titres des M8 en l h 26 min 35 s, tandis que notre Georges (Girard) fait de même en M10 [3 h 3 min 32 s] en dépit d’une hanche récalcitrante.

Relâche compétitive le lendemain. On nous propose en lieu et place un bain de culture et de géographie économique labradoriennes entrepris au matin par une visite de la mine à ciel ouvert de l’Iron Ore. Nous voici dans un paysage titanesque de montagnes décapitées et allégées ce jour-là de 109 000 tonnes de minerai. Première parmi les exploitations canadiennes du genre, 1 750 employés, une flotte de camions surdimensionnés d’une capacité de 200 tonnes, soit l’équivalent de 400 charges de  » pick-up « ; un réseau de chemins de 110 km, un chemin de fer pour acheminer le minerai à l’usine de concentré et de boulettes, en contrebas, et de là à Sept-Îles. Un nouvel actionnaire majoritaire, australien, et des réserves pour 50 ans. Au soir,  » screech in « , soit élévation à la dignité de citoyen honoraire du Labrador au fort attrayant centre culturel local. Le rituel s’apparente à celui pratiqué à Terre-Neuve. Très folkorique, en tenue de pêcheur, hilarant quoique pas toujours facile à décrypter dans son anglais entortillé des  » outports « , l’officiant pérore, vous soumet à une courte épreuve langagière, vous fait bécoter la morue — avec ou sans préservatif, c’est au choix — et vous bénit de sa rame. Une rasade de rhum, moins gargantuesque que sur l’île, fait passer l’arrière-goût. Ils étaient une douzaine à nous représenter ce soir-là, dont Lise Bégin-Langlois, la déléguée technique. Elle n’a pas fait de chichi avec la morue. Ni avec le rhum! La cérémonie s’est déroulée à l’entracte d’un concert des Labrador Black Spruce, un ensemble fort honorable qui fait dans la  » folk ballad  » et le  » folk rock « .

Dix [femmes et hommes de 60 ans et plus] et 15 km style libre le lendemain, par -2 °C et neige légère. Gaétan et Robert continuent de planer sur leur catégorie. Comprimons la litanie : Chantal troisième en F2 [40 min 5 s], Georges met 1 h 43 min 19 s en M10 et Robert l’emporte en 43 min 7 s, par trois minutes et demi sur son rival et par ailleurs bon ami Karl Kinanen. Sur 15 km, Yves est deuxième [53 min 22 s] et Brian quatrième [55 min 31 s] en M1; Alain se fait chiper l’argent par une seconde en M2 [51 min 24 s]; Gaétan s’impose par cinq bonnes minutes en M3 [50 min 51 s]; Paul est cinquième [58 min 33 s] et cézigue septième [1 h 14 min 3 s] en M4; Pierre sixième en M5 [1 h 10 min 28 s] et Richard quatrième en M6, à quatre tic tac du bronze. Au soir, copieux et animé banquet aux pâtes et aux mets chinois dans un restaurant de la ville.

Combiné le lendemain. Ces dames font deux fois une piste de 2,7 km, les hommes deux fois 4,1 km, en classique d’abord, en libre ensuite, si possible. Sur le plateau de départ, deux billots barrant la piste délimitent une zone d’échange de 30 m, qu’il faut parcourir skis en main. Attention au tronçon de raccord, il est pas piqué des vers… avait dit en substance Gaétan, au banquet.  » Y’a rien là !  » l’avait-t-on rabroué cavalièrement. Le crac avait accusé le coup humblement :  » J’dis ça juste pour vous être utile « . Effectivement, l’évidence sous les pieds, nous reconnaissons que la présence d’un cartographe en sortie de reconnaissance n’eut pas été un luxe… Avons tourné trop en amont… Le tire-bouchon, messieurs dames!… On en sort tous plus ou moins loucheur. Certains font la génuflexion, d’autres de la liquéfaction, mais à l’arrivée, tous conviennent que ce genre de course, très ludique, commande reprise.

Au détail : Yves deuxième [27 min 23 s] en M1; Alain deuxième [27 min 5 s], à trois secondes de Paul Inkila en M2 ; Gaétan premier [26 min 49 s] en M3; Jean cinquième [37 min 54 s] en M4; Pierre quatrième [39 min 41 s] en M5; Robert premier [33 min 48 s] et Chantal deuxième [20 min 25 s] en F2, cependant que Brian, Camille, Georges et Paul sont forfaits. Neige légère, -3 °C.

Au soir, petite fête fort sympathique au chalet de ski alpin voisin du centre de ski de fond. On y sert de la saucisse de caribou — succulente — et de la musique traditionnelle du Labrador et de Terre-Neuve : Jack Was Every Inch a Sailor, We’ll Rant and We’ll Roar et tout le joyeux menu des bals à l’huile de l’île.

Relâche le Vendredi saint. Restaurents exceptés, Lab City est littéralement cadenassée ce jour-là. Chacun fourbit donc ses armes pour le 50 km, incorporé à la Great Labrador Loppet. Les femmes concourent sur 27 km, de Fermont à Lab City, les hommes sur 50 km, de Lab City vers les hauteurs de Fermont et retour. Style libre. Les polyvalents et fûtés prennent fait de la neige tombée au matin, après traçage… cézigue fait son petit héros en classique. Parcours vallonné, roulant, en montée graduelle à l’allée, qui nous hisse à la ligne de partage des eaux, tracé de la frontière labrado-québécoise. Le retour, c’est du bonbon. Pour tous, car plusieurs femmes concourent en classique et nous pratiquent des rails qui, la chaleur montant [il fait 0 °C/-1 °C sur le coup de midi], glacent légèrement et permettent une dynamique double poussée.

Autour du podium, ça donne ceci : Georges réfreine ses ardeurs à la course populaire de 10 km [1 h 28 min]. Yves l’emporte [2 h 38 min 18 s] et Brian est quatrième [2 h 47 min 38 s] en M1; Alain est deuxième [2 h 41 min 24 s], mais emporte néammoins le titre canadien en M2, le premier étant l’Américain Chris Dorion, qui le précède de 40 s; Gaétan, meilleur temps du jour [2 h 34 min 4 s], complète son coup de balai en M3, un peu moins de trois minutes devant Alf Parsons, premier en M4, ou Paul est cinquième [2 h 52 min 52 s] et Jean septième [4 h 18 min 6 s]. En M5, Pierre fait cinquième [3 h 33 min 30 s]. Richard est deuxième en M6 [2 h 57 min 55 s], un peu plus de onze minutes derrière l’impressionnant Gabriel Aubé, et notre non moins impressionnant Robert se tartine un chrono de 3 h 5 min 44 s en M8, pour l’emporter par 10 min 46 s sur Karl Kinanen.

Gaétan croit voir rouge sur le dernier kilomètre… Il voit juste de fait : manipulé par nulle autre que notre très enthousiaste déléguée technique Lise Bégin-Langlois, le Petit Chaperon rouge s’intercale entre lui et son suivant. Chapeau à notre charmante fumiste! Elle pratique un style de gestion technique souriant et convivial, tout à fait dans l’esprit de cette rencontre annuelle des maîtres, compétitive certes, mais fraternelle tout autant.

Au banquet de clôture, l’entrain et la tristesse se tiraillent en nous. Nombreux sont ceux qui affirment n’avoir jamais participé à des championnats aussi agréables et bien organisés, comme quoi souplesse et rigueur peuvent aller de pair. Le président Gerry Rideout et ses gens se sont révélés des hôtes extraordinaires. Ils on vu de bout en bout à tout, voire à la célébration du sacré d’une telle amicale. Au banquet du mercredi, le député du coin à la législature de St. John’s, dont le nom m’échappe malheureusement, avait fait état d’une conversation à l’improviste avec Georges. Il avait été particulièrement touché par ce mot de sagesse de notre doyen :  » On ne peut pas tous être le plus grand pin de la montagne, mais on peut tous être un bon arbuste dans la vallée « . Enfin, pour  » faire court « , toujours est-il que cet élu sensé et les organisateurs des championnats se sont virés de bord en un rien de temps pour présenter à notre Georges national, en ce soir d’adieu, un message-hommage encadré, marqué du sceau de Terre-Neuve et signé de la main du premier ministre Brian Tobin!

Une ovation debout a salué la courte cérémonie. Le moment était empreint d’égales sincérité et solennité. Ce fut le point d’orgue tout indiqué d’une semaine exceptionnelle.

Avril 1997

Avr
01

Le massage sportif: plus que du flattage

Le massage sportif : plus que du  » flattage  » par Charles Brière

Le massage a bien changé depuis quelques années au Québec. Dans les années 80, l’influence nouvel âge venue de Californie avait fait du massage une espèce de  » flattage sédatif « . Les gens qui pratiquaient la méthode suédoise se sont sentis obligés de faire de même. À la base, le massage s’est toujours voulu thérapeutique. César lui-même, après le combat, envoyait ses troupes se faire masser pour pouvoir reprendre la bataille le lendemain sans qu’ils aient de courbatures.  » Et on pouvait qualifier ce sport de sport extrême. Ah ! Ah !  »

Le massage sportif en soit n’existe pas. Il est composé de manoeuvres empruntées au massage californien, suédois, etc. Il se pratique avant et après l’effort par des techniques différentes. Il s’agit du massage pré-événement et post-événement.

Le but recherché par le thérapeute en massage pré-événement est d’amener, par un pompage systématique, un afflux sanguin important au muscle, ce qui prépare celui-ci à l’effort. Ainsi, le surplus d’oxygène apporté par le sang aide à diminuer les micro-blessures possibles durant le travail musculaire. [Si vous vous présentez sur un site de compétition et qu’un massothérapeute vous offre un drainage par des frictions, sauvez-vous ! Ce genre de massage aura un effet sédatif sur vos muscles. À ce moment, vous aurez l’impression de manquer de puissance à l’effort ou pire encore, de ne plus avoir de jambes, ce qui serait dramatique].

Pour ce qui est du massage post-événement, on doit l’espacer d’au moins une à deux heures après l’événement, histoire de laisser le temps au métabolisme de bien terminer son travail post-compétition. Alors, le massothérapeute peut, par des manoeuvres empruntées au massage californien ou suédois, aller déloger les toxines accumulées dans les muscles et terminer par un léger pompage pour aider la guérison des fibres musculaires endommagées.

Le massage sportif est une assurance de longévité que vous prenez pour vous permettre de pratiquer vos sports favoris jusqu’à 100 ans sans blessure et tout en souplesse. Il vous permettra même d’améliorer vos performances de façon significative.

Je masse depuis bientôt un an, un athlète médaillé d’argent au lancé du disque à Barcelone, médaillé d’argent à Atlanta au lancé du javelot et champion du monde en 1992. Voyant à 10 %, il participe aux jeux paralympiques. Il me disait que par le passé, on lui avait conseillé d’ajouter à son plan d’entraînement des séances régulières de massage, ce qu’il a rejeté du revers de la main. Aujourd’hui, il me dit regretter cette décision, car depuis un an nous avons travaillé sur une multitude de blessures accumulées à l’entraînement.

Pensez-y pour vous. En plus d’être des athlètes dans la vie, vous êtes des athlètes de la vie contemporaine; le massage sportif n’est pas moins important pour vous.

Avril 1997

Avr
01

Le stress, positif ou négatif ?

Le stress, positif ou négatif ? par Charlotte Beaudin

Spontanément, la plupart d’entre nous pensent que le stress est forcément négatif. Pourtant, il est d’abord positif. C’est cette tension intérieure que l’on ressent et qui nous motive à agir. C’est ce qui stimule un skieur de fond à persévérer malgré ses douleurs lors d’une course ou qui nous permet de traverser rapidement la rue lorsqu’une voiture approche. Ainsi, avant de définir le stress comme une maladie, il importe de comprendre qu’il est un atout essentiel à la vie. Le stress est un état de l’organisme humain quand il perçoit que son bien-être est menacé et qu’il doit utiliser toutes ses énergies à se protéger. Et dans cette perspective, apprendre à gérer son stress c’est se placer dans une recherche constante du bien-être pour nous aider, avant tout, à rester en santé.

Lors d’une émission télévisée à Radio-Canada [hiver 1995], plusieurs médecins étaient d’avis que seul un stress  » excessif  » est dangereux pour notre santé. De leur point de vue, le stress est une question d’équilibre entre le travail, l’amour et les loisirs. Empruntant l’image d’une montgolfière qui s’envole à l’aide de trois ballons, si le ballon du travail est très gonflé et dirige la montgolfière, l’amour et les loisirs doivent se restreindre à suivre cette route et ont ainsi peu de place pour influencer la direction de la montgolfière. Et vous, quel ballon dirige votre montgolfière ?

Bien sûr, nous traversons tous des périodes ou des étapes de vie au cours desquelles un de ces trois ballons agit prioritairement sur nos choix quotidiens. Une personne qui débute sa carrière accorde beaucoup d’importance à son travail, tout comme une mère de famille qui vient d’avoir un nouvel enfant voit son horaire quotidien se transformer au rythme du nouveau-né.

Il est illusoire de croire qu’un jour on réglera tout et qu’il n’y aura plus de situations stressantes dans nos vies. Ce qui compte, c’est l’équilibre ! Selon les spécialistes en gestion du stress, effectuer un retour en équilibrant les trois grandes forces qui constituent notre vie, c’est-à-dire le travail, l’amour et les loisirs, c’est s’offrir l’occasion d’éclairer les choix que nous faisons et voir quelles actions concrètes nous sommes prêts à mettre en œuvre.

Avril 1997

Avr
01

Un rapport décisif sur le lien entre l’activité physique et la santé

Un rapport décisif sur le lien entre l’activité physique et la santé par Guy Thibault

Sans doute pratiquez-vous le ski de fond davantage pour votre plaisir, votre condition physique ou votre performance que pour votre santé. Vous savez toutefois que la pratique régulière d’activités physiques, particulièrement celles qui — comme le ski de fond — sollicitent fortement le système cardiorespiratoire, contribue à vous maintenir en santé. Mais jusqu’à quel point ?

C’est en quelque sorte la question à laquelle s’est attaqué le  » Surgeon General  » des États-Unis avant d’émettre, dans la foulée des Jeux olympiques d’Atlanta, un rapport sur le lien entre l’activité physique et la santé. Cet avis est d’ores et déjà considéré comme le texte officiel le mieux documenté, le plus persuasif et le plus percutant en cette matière. C’est la première fois que le gouvernement américain — généralement peu dirigiste en matière de santé — alerte l’opinion publique afin de s’attaquer à la sédentarité et afin de susciter une augmentation du niveau d’activité physique de la population. Il faut se rappeler que le Surgeon General est une autorité morale dont les positions officielles sur le tabagisme, le SIDA et les habitudes alimentaires ont eu un effet de sensibilisation percutant à l’échelle internationale.

L’idée que les gens ayant un mode de vie actif risquent moins de souffrir de certaines maladies est largement répandue depuis longtemps. C’est toutefois au début des années soixante-dix que l’on s’est mis à cumuler une grande quantité de données fiables permettant de soutenir cette idée. Le rapport du Surgeon General se distingue des autres avis officiels sur l’activité physique et la santé qui ont été émis antérieurement ici au Québec et ailleurs dans le monde, notamment parce qu’il s’appuie sur une analyse détaillée de la totalité des études scientifiques qui ont mis en évidence le rôle préventif de l’activité physique vis-à-vis de nombreuses maladies. Le tableau suivant résume ses principales conclusions.

Synthèse des conclusions du rapport de Surgeon General des États-Unis sur l’activité physique et la santé [? : résultats jugés non concluants pour l’instant; ß : diminue la probabilité d’en souffrir ou d’en mourir; ? : augmente la probabilité d’en souffrir ou d’en mourir; + : peut avoir un effet bénéfique; ´ : sans effet.
problèmes de santé effet de la pratique régulière d’activités physiques
prévalence mortalité
Accident cérébro-vasculaire ? ?
Anxiété, dépression ß
Arthrite +
Cancer du côlon ß ß
Cancer du rectum, de l’utérus, de l’ovaire, du testicule, du sein ? ?
Diabète  » sucré «  ß
Hypertension ß
Maladies cardio-vasculaires en général ß ß
Maladies coronariennes [angine de poitrine, infarctus, mort subite] ß ß
Obésité ß
Ostéoarthrite ´ ? (1)
Ostéoporose + (2)
Traumatismes de l’appareil locomoteur ? (3)
(1) La pratique très intensive de certaines activités peut augmenter le risque de souffrir d’ostéoarthrite, probablement par suite des séquelles de blessures.
(2) Effet bénéfique : l’activité physique est nécessaire au développement et au maintien de la masse osseuse; par contre, les résultats ne sont pas concluants en ce qui a trait aux femmes qui ont franchi la période de la ménopause et qui ne prennent pas d’oestrogènes.
(3) Risques augmentés pouvant être limités par un entraînement adapté, progressif et sécuritaire.

Dans le rapport du Surgeon General, on invite toute personne à être plus active. En effet, les bénéfices au plan de la santé augmentent avec le niveau d’activité physique. Même une faible augmentation de la dépense énergétique hebdomadaire peut — pour la personne sédentaire — s’accompagner d’une amélioration notable de la santé [parlez-en à votre beau-frère]. Élément intéressant pour nous, membres de l’AMSFQ : le rapport du Surgeon General souligne que la personne déjà active obtiendra davantage de bénéfices en devenant encore plus active ! Je souligne au passage que dans le cadre du Camp des maîtres de décembre 1997, on m’invite à prononcer une conférence sur le vieillissement, l’entraînement physique et la performance. Certains des éléments du rapport du Surgeon General y seront abordés.

Le Surgeon General reconnaît que ce n’est pas tant l’argument de la santé qui motive généralement les gens à s’entraîner : la peur de la maladie et de la mort constitue un argument peu convaincant chez les gens sains. Plusieurs personnes comprennent mal le concept de réduction du risque de souffrir d’une maladie et auront tendance à prendre en exemple, pour justifier leur inactivité, les cas de gens aux habitudes de vie exemplaires qui sont tout de même décédés [victimes de leur hérédité] de maladies que l’activité physique est sensée prévenir, comme par exemple, le gourou du jogging, Jim Fix, et le patineur Sergei Grinkov.

On recommande plutôt de faire la promotion d’un mode de vie physiquement actif très tôt chez les jeunes et d’insister davantage sur le plaisir que procure la pratique sportive. Mais en tant que skieurs de fond, on savait déjà cela, n’est-ce pas ?

Soulignons au passage que l’objectif de Kino-Québec est de réduire de 10 % le taux de personnes sédentaires et très peu actives au Québec avant l’an 2000. Ce taux était estimé à 30,2 % en 1993. On peut consulter le résumé du rapport du Surgeon General en visitant le site WWW du  » Center for Disease Control  » : http://www.cdc.gov/nccdphp/sgr/sgr.htm.

Avril 1997

Avr
01

La gestion du poids… ou de l’image?

La gestion du poids… ou de l’image ? par Pierrette Bergeron

Dans notre société, l’image a acquis une place importante. Chez les personnes sportives, la silhouette préoccupe même plus que dans d’autres groupes de la population.  » Ce n’est pas pour rien qu’on dépense toutes ces calories « , n’est-ce pas ?

Quand on parle de gestion du poids, on pense généralement à une diminution de la masse grasse et, quelques fois, à une augmentation de la masse musculaire. Dernièrement, j’ai eu plusieurs questions concernant certains produits et régimes. Je vous propose donc de discuter brièvement de Reduxtm, du régime 40-30-30, des régimes en général et de l’augmentation de la masse musculaire.

Reduxtm

Le dexfenfluramine [Reduxtm] est une version raffinée du fenfluramine [Pondéraltm]. La nouveauté, c’est que l’isomère  » dex  » a été isolé et donc, que le produit n’a plus ses effets secondaires dépresseurs. Cependant, sa consommation présente différents effets secondaires potentiels, certains bénins mais d’autres graves, comme l’hypertension pulmonaire primitive, très rare en temps normal mais mortelle dans 50 % des cas après quatre ans.

L’action du Reduxtm est d’augmenter la sensation de satiété et ainsi réduire la consommation alimentaire. On peut cependant s’interroger quant à la pertinence de son utilisation. Les effets secondaires augmentent après trois mois de consommation et on ne connaît pas les effets d’une consommation à long terme. De plus, l’efficacité s’émousse avec le temps; les gens ne perdent presque plus de poids.

Santé Canada a publié une mise en garde stipulant la période d’utilisation d’au plus trois mois et l’indication chez des personnes ayant un IMC de 30 et plus ou de 27 et plus avec d’autres facteurs de risque. En aucun cas, son utilisation n’est indiquée chez les personnes qui ne sont pas  » hypothéquées  » au plan de leur santé.

Le régime 40-30-30

Ce régime est présenté dans le livre  » The Zone  » écrit par Barry Sears, ancien chercheur au Massachusetts Institute of Technology et créateur de la PR Bar. Ce régime, où 40 % de l’énergie provient des glucides, 30 % des lipides et 30 % des protéines, contraste de façon marquée avec nos recommandations habituelles de 60 %, 25 % et 15 % de l’énergie. C’est peut-être ce qui attire sportifs et athlètes.

Selon l’auteur, les athlètes peuvent atteindre  » La zone « , un état euphorique, sans effort, où le corps et l’esprit travaillent au maximum de leur efficacité permettant une performance maximale. Sears attribue ces effets bénéfiques à l’altération des éicosanoïdes [ÉI], qu’il qualifie de système hormonal le plus puissant contrôlant toutes les fonctions physiologiques.  » La zone  » est atteinte lorsque l’organisme produit plus de  » bons «  ÉI que de  » mauvais « . Le régime, qui recommande trois repas [500 calories] et deux collations [100 calories], permettrait d’équilibrer les hormones insuline et glucagon, augmentant ainsi les bons ÉI. Sears prétend qu’une alimentation élevée en glucides nuit à la performance et fait engraisser; il recommande de limiter les glucides pour réduire la sécrétion d’insuline qui favoriserait les mauvais ÉI.

Les ÉI sont des substances biologiquement actives, semblables à des hormones, comprenant les prostaglandines, les thromboxanes et les leukotriènes, qui sont synthétisés à partir d’acides gras insaturés à chaîne de 20 atomes de carbone; différents types d’ÉI sont synthétisés à partir des acides gras oméga-6 comparés aux oméga-3 [oméga fait référence à la position du premier lien insaturé].

Les ÉI ne sont pas considérés comme le système hormonal le plus puissant de l’organisme et les classifier en  » bons  » ou  » mauvais  » est trop simpliste. Plusieurs hormones, qui ne sont pas contrôlées par l’insuline, affectent la production d’ÉI. Le lien insuline-ÉI est décrit au mieux comme faible et indirect.

Si on n’est pas biochimiste, ces notions sont plutôt complexes. Mais quand Sears dit qu’avec une proportion plus élevée de gras on pourrait maigrir, on devient intrigué. Malheureusement ou heureusement, cette hypothèse n’a pas été vérifiée. Par ailleurs, il a été prouvé que chez des athlètes très entraînés ayant des réserves de glycogène peu élevées [donc, qui dépendent plus de l’oxydation des acides gras comme source d’énergie], il était difficile de maintenir des intensités au-dessus de 70 % du VO2max. De plus, on sait que les acides gras utilisés durant un exercice proviennent principalement de source intramusculaire plutôt que du tissu adipeux, en particulier lors d’intensités plus élevées. Ces acides gras intramusculaires doivent être remplacés après un entraînement; on a deux choix : soit les acides gras libérés par le tissus adipeux [réserves de graisse corporelle], soit du gras alimentaire. Donc, la plupart du temps, la perte de masse grasse est due aux calories totales dépensées, peu importe le carburant utilisé par l’organisme durant l’exercice. Et puisque c’est bien prouvé que les réserves de glycogène sont en relation avec la performance, on a plutôt intérêt à consommer surtout des glucides après un exercice et à perdre un peu de tissus adipeux !

Dans le régime  » The Zone « , l’apport en calories très faible a sans doute un lien avec l’amaigrissement !

Quelques faits sur les régimes

Un régime se définit comme un déficit notable entre l’apport et les besoins énergétiques individuels, même si les portions minimales du Guide alimentaire canadien sont respectées.

  • 95 % des personnes qui suivent un régime n’arrivent jamais à maintenir leur nouveau poids.
  • Les jeunes femmes au régime  » un jour sur deux  » pèsent en moyenne 5 kg de plus à la fin de l’année que celles qui n’ont pas fait de régimes.
  • Dans le syndrome du  » yo-yo « , la perte de poids devient de plus en plus difficile et le gain de poids de plus en plus rapide.
  • La plupart du temps, les régimes font perdre de l’eau et des muscles.
  • La perte d’eau initiale stimule la sécrétion d’hormones qui ralentissent la perte de poids.
  • Les régimes font diminuer le métabolisme; moins d’énergie est dépensée pour les fonctions vitales.
  • Une femme sur 100 au régime devient anorexique.
  • La première crise boulimique survient souvent après une diète restrictive; c’est une réaction de l’organisme au manque d’énergie et peut être le début du cercle vicieux de la boulimie.

À défaut d’une évaluation nutritionnelle individualisée, voici mes suggestions pour maigrir et surtout se maintenir :

  • Se donner du temps.
  • Choisir des aliments riches en glucides et faibles en matières grasses, comme le pain, les pâtes alimentaires et les pommes de terre [la satiété serait reliée à la quantité de glucides ingérée plus qu’à la quantité de gras]. Il faut plus d’énergie pour convertir les glucides en graisse que les matières grasses en graisse. De plus en plus d’études démontrent qu’un surplus de calories sous forme de glucides serait moins engraissant que le même surplus sous forme de matières grasses.
  • Prendre un gros plutôt qu’un  » petit  » déjeuner et réduire le souper.
  • Ne pas sauter de repas.
  • Manger lentement.
  • Manger ses aliments préférés assez régulièrement [même si c’est de la poutine !].
  • Se demander si on mange parce qu’on est fatigué, stressé, qu’on s’ennuie ?
  • Boire de l’eau.
  • Pratiquer une activité aérobique très régulièrement; les éducateurs physiques suggèrent de varier les intensités lorsque la forme le permet.

Cette approche vise une modification d’habitudes à long terme et n’amène pas de résultats spectaculaires.

Masse musculaire

La première condition pour augmenter sa masse musculaire, c’est de suivre un programme d’entraînement spécifique, c’est bien connu. Au point de vue nutritionnel, c’est l’apport énergétique et non l’apport en protéines qui est le facteur limitatif; autrement dit, il faut surtout manger assez.

L’effet de stockage protéique des glucides est aussi confirmé, c’est-à-dire qu’une alimentation élevée en glucides, combinée à une sensibilité à l’insuline, favorise la synthèse des protéines musculaires. La sensibilité des muscles à l’insuline augmente avec l’entraînement.

Donc, pour ceux et celles qui désirent accroître leur masse musculaire, il faut s’assurer que les besoins énergétiques sont satisfaits par un apport adéquat en glucides et ensuite vérifier si les besoins en protéines sont comblés.

C’est possible de modifier notre silhouette, dans la mesure de nos possibilités génétiques, en adoptant une approche équilibrée, individualisée et en se fixant des objectifs réalistes [c’est habituellement avec cette étape qu’on a de la difficulté].

Références

  • COLEMAN, E. (1996).  » The BioZone Nutrition System : A Dietary Panacea ? « , Int. J. Sport Nutr., vol. 6, no 1.
  • CONSEIL CANADIEN DES SCIENCES ET DE LA MÉDECINE DU SPORT (1995). Sport et nutrition pour les athlètes du Canada – Manuel de formation du titulaire de cours.
  • HILL, O. et COMMERFORD, R. (1996).  » Physical Activity, Fat Balance, and Energy Balance « , Int. J. Sport Nutr., vol. 6, no 2.
  • MONGEAU, L. (1997).  » Comité sur les traitements de l’obésité « . Contact, vol. 3, no 3.
  • RASIO, E. (1988).  » Conséquences des régimes amaigrissants sur le métabolisme « . Le point I.N.N., étude no 6.
  • SHERMAN, M. et LEENDERS, N. (1995).  » Fat Loading : The Next Magic Bullet ? « , Int. J. Sport Nutr., suppl. vol. 5.
  •  » Commonly Asked Questions Regarding Nutrition and Exercise : What Does the Scientific Literature Suggest ? « , Sports Science Exchange Roundtable, Fall 1992.
  •  » Current Thoughts and Practical Considerations Concerning Substrate Utilization During Exercise « , Sports Science Exchange Roundtable, Spring 1992.

Avril 1997

Avr
01

Hommage à Georges Girard

Hommage à Georges Girard par Marc-André Cournoyer

Permettez-moi de vous entretenir, un bref moment, de la vie d’un homme que l’Association des maîtres en ski de fond veut honorer.

Les dirigeants de votre association, par la voix de son secrétaire, veulent honorer un octogénaire qui a fait de sa vie une vie d’activités physiques dans bien des domaines, sur les deux continents et pendant près de trois quarts de siècle.

Il vit le jour à Saint-Casimir de Portneuf, aujourd’hui sûrement Saint-Cas. Il est un rejeton de la famille célèbre des Delamarre. Une famille établie dans la région de Québec depuis fort longtemps et originant du Lac-Saint-Jean.

Les gens de plus de soixante ans se souviendront de l’homme fort Victor Delamarre. Sa mère était une soeur de Victor, mon oncle Victor dit-il encore fièrement aujourd’hui.

La localité de Saint-Casimir perdant son activité principale, les usines de forgerons, boutiques de forge alimentant les industries de Trois-Rivières du même genre, le paternel déménagea sa jeune femme et sa petite famille à Giffard près de l’église. La mère ne pouvait se servir que d’une seule jambe et était d’une famille pieuse; vous voyez donc là une qualité du père qui a été transmise au fils qui nous intéresse aujourd’hui. Le sens du pratique, aujourd’hui le pratico-pratique. Trait particulier de la famille, son père, deux fois plus âgé que sa mère, regagna le marché du travail après l’avoir abandonné au bout d’une première carrière normale. Pour se résumer, à son mariage avec la jeune, il retourna travailler pour ériger et soutenir une famille.

Celui qui nous retient aujourd’hui, pour faire progresser la Belle Province, travailla longuement aux chantiers Norton de Lauzon, les ancêtres de la MIL actuellement qui vient de changer de nom. Après plusieurs emplois, dont l’un au journal L’Événement de Québec, il termina sa période active dans le monde du travail en s’occupant de réhabilitation auprès des jeunes délinquants, ceux qui grouillaient, dit-il, souvent.  » Ceux non tièdes, si bien orientés, arrivent bien  » est sa devise dans ces cas. À cela se greffe une période à la chefferie de la police municipale de Giffard et un séjour au conseil municipal de la même ville.

En arrivant de la lutte où il fut champion canadien de sa classe, il se lança dans le ski de fond, dans le cyclisme de longue distance et dans l’exploration des bois dans la région de Québec, des deux côtés du fleuve, surtout dans la Seigneurie de la Côte-de-Beaupré. Il possède une des rares passes que le Séminaire de Québec délivre pour permettre de circuler sur les terres qui lui ont été cédées par le Roi de France.

Il fut, avec de valeureux compagnons, la bougie d’allumage de plusieurs centres de ski de fond dans la région et même, à coup sûr, à l’extérieur aussi.

Il compétitionne depuis onze ans d’affilée aux championnats mondiaux des maîtres en Europe et en Amérique du Nord, revenant médaillé à chaque compétition. Il vit depuis de nombreuses années plusieurs amitiés internationales avec des célébrités du monde du sport olympien.

À la dernière compétition en Finlande, il fut troisième derrière un Suédois et un Russe. Il veut fortement participer aux prochaines  » World Masters Championships  » [WMC], en mars 1997 en Italie, où il retrouvera de vieux amis et de vieux adversaires.

Sa province, son pays, que dis-je, il l’a apprivoisé de long en large en ski hors-piste, en compétitions, en bicyclette de montagne de l’extrême côte nord jusqu’à l’Abitibi en passant par l’intérieur des terres aussi, car il parcourut le sentier des Jésuites avec trois compagnons du Lac-Saint-Jean au parc Cartier-Brébeuf à Québec par les bois. Dans le nord québécois aussi, sur l’orageuse et rapide Toulnoustouln, qui veut dire torrent des hauteurs en langue montagnaise. Aussi, il participa à la célèbre randonnée Gaspé-Hull en ski de fond durant la non moins célèbre année 1984. Thierry Petry, le compagnon de Bernard Voyer au pôle sud et au Groenland, faisait aussi partie de cette odyssée.

En votre nom, en mon nom personnel, je remets à M. Girard, M. Georges Girard, une plaque commémorative par laquelle on veut se garder présents dans ses souvenirs, tous plus épiques les uns que les autres, par laquelle on veut lui laisser une marque durable et tangible de notre appréciation pour ce qu’il a fait pour l’Association, pour l’avancement du ski de fond, pour l’exemple qu’il démontre aux jeunes, pour nous avoir représenté dignement sur une période de plusieurs décennies.

Je veux le féliciter aussi pour l’œuvre accomplie en tant qu’ambassadeur des sports de la Ville de Beauport.

Vous trouverez en lui un grand communicateur; si vous êtes réceptif, il est intarissable.

Il faudra que je trouve le moyen et les moyens pour l’amener au mont d’Iberville, au Nouveau-Québec, près des frontières avec le Labrador sur la côte de la mer d’Ungava. C’est là le point culminant du Québec à un mille d’altitude.

Avril 1997

Avr
01

Hommage à Douglas Wren

Hommage à Douglas Wren par Benoît Roy

C’est dans un petit village d’Angleterre qu’a vu le jour notre ami Douglas. Déjà, dès le niveau primaire, c’est à la course qu’il allait et venait entre sa maison et l’école, soit l’équivalent de quatre milles par jour. On ne sait trop s’il courait parce qu’il était en retard ou parce qu’il se sauvait des petits voisins du coin qui voulaient lui faire expier les mauvais coups qu’il leur faisait!

Au secondaire, cette belle époque de sa vie, nul ne sera surpris d’apprendre qu’il préférait le rugby et l’athlétisme au latin et au grec.

Comble de malheur, quand Douglas termine son secondaire, la guerre commence à faire rage en Europe. Comme il est dans une forme splendide, il est recruté pilote dans la Royal Air Force. Les forces ennemies le redoutent comme la peste; l’aviation allemande concentre une bonne partie de ses effectifs contre lui. Son avion est abattu en 1942. Depuis cette époque, il est convaincu que s’il a pu survivre à l’écrasement d’un avion, il n’y a plus grand chose pour venir à bout de lui!

Comme il faut bien un jour gagner sa vie, c’est vers l’architecture que se tourne notre ami Douglas. Puis, ver le milieu des années 50, il est irrésistiblement attiré par le Canada et ses grands espaces. C’est à Ottawa qu’il fera ses premières armes en s’associant à une compagnie de construction. Il n’en continue pas moins de pratiquer le sport et à s’initier à d’autres activités dont le ski alpin.

L’année 1970 marque un tournant dans sa vie. Vous vous souviendrez que c’est l’époque de la crise d’octobre : menaces, enlèvements, bombes, etc. Autant d’événements qui auraient contribué, semble-t-il, à la fuite des capitaux, des sièges sociaux et des Anglais. Mais qui nous dit que tout ce brouhaha n’est pas relié directement à la venue parmi nous de notre bon ami Douglas ? J’espère que l’histoire saura un jour faire la lumière là-dessus.

C’est depuis cette année-là aussi que l’Université Laval s’est ouverte au monde. Imaginez que l’École d’architecture engage un  » British  » qui, par surcroît, se définit comme un agnostique. Selon Larousse, l’agnostique est celui qui croit que l’absolu est inaccessible à l’esprit humain. Voilà une bien drôle de manière de commencer une carrière dans une université qui se veut d’allégeance catholique. Mais passons.

À peu près à la même époque, son statut de professeur lui laissant beaucoup de temps libre, comme tout le monde le sait, Douglas commence à s’adonner au ski de fond. C’est à ce moment-là que j’ai fait sa connaissance. Il m’a initié au Marathon canadien de ski et m’a enseigné les rudiments de la survie en camping d’hiver et à l’autonomie du coureur des bois. Vous dire que Douglas était planifié est peu dire. Je me souviens qu’il terminait les différentes étapes à la minute près du temps alloué pour chacune d’elles. Il avait pour son dire que tant qu’à payer pour participer à cette épreuve, autant en profiter au maximum.

Si vous êtes comme moi, vous avez plus de facilité à imaginer Douglas parmi nous au Camp des maîtres qu’assis devant la télé dans un foyer pour personnes âgées. Savez-vous pourquoi ? Eh bien, il préfère votre compagnie à cause de votre spontanéité, votre fraîcheur et votre joie de vivre. Il a tendance à s’ennuyer avec les vieux parce qu’il trouve qu’en général, ils manquent d’entrain et qu’ils sont trop pessimistes.

Le sport et l’activité physique sont pour lui, comme pour nous, un ciment qui lie entre elles les différentes couches de la société. Dans la confrontation sportive, il n’y a plus de classes sociales. Le prestige dû à la profession et l’origine sociale s’effacent quand on se mesure sur une paire de skis, sur un vélo de montagne, à la course ou lorsqu’on participe à un événement comme celui de ce soir.

Comme beaucoup d’entre nous, Douglas sait goûter encore la satisfaction découlant d’un entraînement intensif, l’euphorie envahissante quand le vent s’engouffre dans son casque de vélo dans ses descentes intrépides, le calme et la quiétude quand il vogue en canot sur lacs et rivières, la plénitude de l’effort à la fin d’une course de ski de fond, le goût du dépassement qu’exige la variété d’un triathlon.

Ce qui compte beaucoup pour Douglas, c’est de se garder actif non seulement physiquement mais aussi intellectuellement. Pas surprenant que même à la retraite, il agit encore comme consultant dans son domaine. Cette hygiène mentale lui apporte satisfaction et la vivacité qui le caractérisent.
Serviabilité et générosité sont aussi des traits qui le singularisent. Le sport est certes pour lui, compétition et dépassement mais aussi échange et partage avec les autres, isolement et persévérance dans les moments difficiles mais aussi écoute et accessibilité aux autres. Bref, la confrontation sportive demeure pour Douglas une belle école de vie. C’est ce qui lui a donné cette merveilleuse sérénité qui demeure une de ses marques distinctives et que nous souhaitons tous atteindre un jour.

Douglas me faisait part de sa philosophie de vie. Utilisant l’allégorie suivante, il me disait qu’à la naissance chacun reçoit une clé qui peut lui ouvrir la porte débouchant sur le bonheur ou le malheur, le ciel ou l’enfer, la tristesse ou la joie. À nous de choisir la bonne serrure, d’ouvrir la porte qui débouchera sur notre plénitude et notre épanouissement.

Douglas, tu es pour tous et toutes une belle inspiration et un modèle qui illustre que l’équilibre mental et physique vont de pair.

Avril 1997

Jan
01

Le coeur de la question

Le cœur de la question par Louise Poirier

Les hommes sédentaires et inactifs sont vulnérables aux maladies cardiaques. Mais ce n’est là que la pointe de la « bedaine ».

Guy a eu son premier infarctus à 33 ans. Christian, lui, avait 28 ans lorsque c’est arrivé. C’est bien jeune, direz-vous, surtout que la maladie coronarienne s’attaque généralement à des hommes âgés dans la cinquantaine. Mais les temps changent, comme l’explique le Dr Denis Coulombe, cardiologue et responsable du Programme de prévention des maladies cardiaques à l’Hôpital Laval de Québec. « Depuis quelques années, on voit de plus en plus de jeunes hommes et de jeunes femmes qui ont un problème cardiaque. C’est une constatation qui n’a rien de scientifique; je note plutôt une tendance. Or, 90 % de ces jeunes patients présentent l’un des deux (ou les deux) facteurs de risque suivants : ils sont de très grands fumeurs et ils font de l’hypercho-lestérolémie. »

Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la première cause de mortalité au monde. Le Canada ne fait pas exception à la règle. En 1995, elles ont causé 37 % des décès, suivies par le cancer, avec 28 %. Proportionnellement aux autres maladies, les MCV font de moins en moins de dégâts (38 % des décès en 1992) parce que la population a modifié certaines de ses habitudes de vie, que les soins médicaux se sont améliorés et que les techniques chirurgicales — comme le pontage et l’angioplastie — font des miracles. Mais reste qu’un nombre croissant de gens meurent d’une MCV au Canada : 79 117 en 1995 par rapport à 75 221 en 1992.

Les deux catégories de MCV les plus meurtrières sont l’accident vasculaire cérébral et, dans un plus grand nombre de cas, les cardiopathies ischémiques (comme l’angine de poitrine, l’infarctus aigu du myocarde, l’ischémie coronarienne chronique et la mort subite). À elles seules, ces maladies totalisent 75 % de toutes les mortalités dues aux MCV. L’arté-riosclérose, une dégénérescence (ou un durcissement) des artères, est l’une des grandes coupables. Fréquemment, elle est accompagnée d’hypertension artérielle.

Il y a des facteurs de risque non modifiables lorsqu’il est question de maladie cardiaque. Prenons le cas de Guy. Même s’il a été un compagnon d’entraînement de Gaétan Boucher dans sa jeunesse, son héritage génétique le poursuit : son père est décédé d’un infarctus à 55 ans et sa mère vit avec un taux de cholestérol très élevé. Guy a commencé à souffrir du diabète à 20 ans. En plus, il est un homme. En effet, si les femmes sont relativement immunisées, grâce à l’œstrogène, les hommes semblent plus vulnérables aux troubles cardiaques. Comme bien du monde, lorsqu’il est arrivé sur le marché du travail, Guy a négligé sa condition physique. Mais bon, rien ne le laissait croire qu’il serait victime d’un infarctus à 33 ans. « J’ai mis bien du temps à accepter que j’avais une maladie de vieux ! »

Aujourd’hui, Guy a 39 ans et il a pris les grands moyens pour bien vivre. Il mange mieux, fait de l’activité physique et il suit de près son diabète.

L’inactivité physique est reconnue depuis peu comme un facteur de risque aussi important que le tabagisme ou l’hyper-cholestérolémie. Les recherches de l’équipe de M. Jean‑Pierre Després, Ph.D., du Centre de recherche sur les maladies lipidiques de l’Université Laval, ont récemment désigné — et qualifié — le nouveau facteur de risque : le « syndrome de la sédentarité ou de l’insulino-résistance ». La question que s’est posée son équipe : comment est‑il possible que 50 % des gens qui ont un problème cardiaque n’aient pas un taux de cholestérol élevé ?

C’est dans l’obésité abdominale et la résistance à l’insuline qu’ils ont obtenu la réponse. Comme l’explique M. Després, les hommes qui ont une « bedaine » dure et qui ont « l’air d’être enceinte de 6 mois » ont une masse importante de graisse dans la cavité abdominale. Même si leur taux de cholestérol est normal, on a constaté qu’ils ont un taux d’insuline et d’apoliprotéine B (apo B) plus élevé que la normale. « C’est ce qu’on appelle le syndrome de la sédentarité, facilement détectable par l’obésité abdominale. »

M.  Després conseille aux médecins de mesurer non pas le poids de leurs patients, mais plutôt leur tour de taille. Une « bedaine », c’est la réalité d’un homme sur quatre de plus de 40 ans et, approximativement, d’une femme postménopausée sur cinq. À ceux-là, il recommande d’ailleurs une évaluation de l’apo B et de l’insuline.

Mais M. Després a une bonne nouvelle : le meilleur remède pour contrer le syndrome de la sédentarité est l’exercice physique. « L’exercice modéré mais prolongé, de préférence tous les jours, à raison d’une heure mais à faible intensité, fait fondre la graisse abdominale, provoque une baisse de l’apo B et diminue la résistance à l’insuline », affirme M. Després.

Bref, ne laissez jamais la vie gruger le temps que vous consacrez à l’exercice physique. Réagissez avant que votre médecin vous dise : « Venez, on va mesurer votre tour de taille ! ».

Nov
01

Le Duathlon… et le choc!

Le Duathlon… et le choc! par Paul Junique

Brr! 8 °C, c’est froid pour une fin de septembre. Et pourtant, ça ne m’empêchera pas de participer à mon troisième duathlon d’automne rouge. Tout est prêt, sauf les couleurs qui, cette année, ne sont pas au rendez-vous. On a dû oublier de les prévenir que l’automne est arrivé depuis quelques heures.

Mon moral n’est nullement affecté : cette année je me sens fin prêt. Je me suis entraîné comme un débile. J’ai passé tout l’été à visionner les pré-jeux olympiques, les jeux olympiques, les post-jeux olympiques, les para-jeux olympiques… Je suis moralement et cardiologiquement inébranlable.

Je me dirige donc vers le Mont-Sainte-Anne pour rencontrer les amis maîtres et aussi pour m’inscrire. J’ai eu un choc. Les maîtres ne sont pas là. Bien sûr, le dernier carré est présent : Michel [Bédard], Pierre [Bernatchez], Buddy [Couture], Raymond [Giguère], Marie-Thérèse [Laramée], Pierre [Harvey], Lyse [Demers], Pierrette [Robitaille], Stéphane [Barrette], le coureur du motel, les Berges et plusieurs autres que je n’oublie pas, soyez-en certain, mais les autres ??? Il me semble qu’on est moins nombreux que par les années passées. Qu’est-ce qui arrive ? Je me lève à 5 heures, je me tape 310 km pour venir les voir et ils ne sont pas là. Les 310 km c’est pas important, mais la dégringolade de mon moral, ça c’est important. Si je ne vous rencontre pas à l’automne, toute la pré-saison va être triste. En tout cas, maîtres, j’ai pensé à vous et je suis parti me réchauffer l’âme et les muscles.

Mon numéro de dossard est de plus en plus petit. Est-ce que ça veut dire que je m’améliore ou bien qu’on est de moins en moins nombreux ? J’ai pas eu le temps de répondre, Christiane [Caya] m’a pointé avec son arme et m’a fait signe de rejoindre la ligne de départ, avec les autres compétiteurs. Elle va tirer pour annoncer que  » c’est parti « . Comme elle vise très bien, j’ai obtempéré et je me suis rangé du côté des athlètes.

 » C’est parti « . Côté cardio, tout va bien, je suis en zone 8 comme Pierre. Côté technique, c’est moins reluisant. La pluie a été rare ces derniers temps et la piste est sèche, molle, poussiéreuse et caillouteuse. Les pieds dérapent, la gorge brûle, les poumons râlent, la sueur coule et bien sûr les minutes passent… lentement.

La course en côte, c’est particulier. Sans période de récupération, on roule toujours au maximum et il reste peu d’énergie pour respirer. J’évolue donc dans une semi-inconscience, réveillé périodiquement par un râle, une cheville tordue ou mon bon sens qui me conseille de ralentir quelques minutes pour souffler. Pourtant, rien ne m’arrête. J’ai même doublé un coureur qui redescendait : mon entraînement porte ses fruits. Le moral est extraordinaire et je le remonte encore un peu en pensant aux autres maniaques qui eux aussi peinent pour atteindre le sommet. Au fait, je me suis renseigné au départ, le sommet est toujours à la même distance. Les organisateurs n’ont pas voulu le rapprocher de la ligne de départ. Ça va être long.

Dernier virage, la foule crie, mais c’est pas pour moi. Je sprinte les derniers mètres pour avoir droit aux ovations, mais les applaudissements sont plutôt timides; je ne dois pas être très impressionnant.

Une minute de plus que l’an passé. Déprimé, je me réfugie dans une gondole. Léon [Simard] est là, il a l’ai en pleine forme. Pour me consoler, il m’assure que la piste est plus lente et que tous les temps sont supérieurs à ceux de l’an passé. On profite de la ballade pour discuter du Camp des maîtres qui, cette année, nous réserve quelques bonnes surprises. Allez-y, vous verrez.

Il est temps de sécher, de se changer et d’aller manger une banane. J’aurais préféré un Big Mac, mais Pierrette rôde, alors je surveille mes réflexes.

Fini la banane [j’aurais bien pris un sundae au chocolat, mais…]. En tout cas, je sors mon vélo et fixe ma roue avant, quand tout à coup l’angoisse me prend. Mon gourou Fred ne s’est pas manifesté. Aucune apparition sur la piste. Il n’a sûrement pas été avisé de ma participation. Sans ses encouragements, je me sens tout nu. Et bien vous allez être surpris parce qu’au moment même où je ferme mon auto…  » Salut petit Paul « . C’est lui.  » J’arrive du 4e kilomètre, j’ai dû m’assoupir parce que tu tardais à arriver. Rassure-toi, j’ai observé ta descente en gondole, tu t’améliore. Au retour, tu es dans les meilleurs.  » Et hop, il disparaît.

Gonflé à bloc, je mouline un peu, histoire de lubrifier mes vieux genoux et aussi pour parler avec Michel [Bédard] que je suis péniblement. Une reconnaissance du terrain est essentielle. Je sais exactement où et quand les problèmes vont surgir. Malheureusement, je vais en avoir partout et tout le temps des problèmes.

Christiane, arme au poing, nous attend et donne le départ sans me laisser le temps de clipper mes pédales. Une chance, ça me donne l’excuse pour perdre quelques secondes et laisser passer la horde sauvage. Je me sens plus à l’aide en fin de peloton. J’ai moins de meilleurs que moi qui me doublent et plus de moins bons à doubler.

Mes prévisions étaient correctes, les VTTistes sont désavantagés par une piste trop sèche. J’ai pas remis les fesses sur ma selle depuis mai et ma technique est déficiente.

La poussière est épaisse et colle à la peau. Je vous rassure, c’est pas moi le responsable, ce sont ceux qui roulent devant qui en soulèvent. J’ai l’impression de faire du sur place et pourtant j’avance. Lentement, mais j’avance. La preuve : j’ai vu de nouvelles roches sous mes roues.

 » Descend et pousse, ça ira plus vite « . Vous avez deviné, c’est lui.  » Garde-toi un peu d’énergie pour la descente, c’est là que tu vas en remonter, la gondole c’est ta force « .  » OK mon Fred, je modère « .

Entre deux coups de pédale, j’ai aperçu Gaston [Leblanc], une paire de bâtons de ski à la main. Il pratique son ski-striding en prévision de l’hiver. Quel style !

Lui aussi m’encourage :  » Accélère, les officiels ne vont pas tarder à redescendre « . Je change de braquet et… je ne me souviens plus de la suite. J’ai dû arriver avant le chronomètre ne soit débranché parce que j’ai entendu mon temps. Trois minutes de plus que l’an passé. Pas brillant. Heureusement, le retour en gondole va me réconforter. Je fais exactement le même chrono que la gondole qui me précède et que celle qui suit. C’est vrai que je suis bon en descente; mon gourou a raison.

J’ai démonté ma roue avant, rangé mon vélo, remis mes habits secs et repris mon social avec les amis. Des amis, il en reste peu. Ils ont terminé depuis longtemps et sont rentrés chez eux. Heureusement que Jean-Pierre [Godon] est là. Il s’est acheté un kayak de mer et va me raconter ses merveilleux exploits.

Il se fait tard, moi aussi je dois rentrer; la route est longue jusqu’à la maison et les becs de Carole me manquent. Je vous laisse. Rendez-vous au Camp des maîtres.

Novembre 1996

Nov
01

Cadence, l’amour et l’harmonie d’une grande passion

Cadence, l’amour et l’harmonie d’une grande passion par Gilles Duclos

Ma formule estivale, c’est d’partir au point du jour, soleil levant
Admirer la profondeur bleu ciel, défier la justice du temps
Brise légère en éventail au matin, murmure le chant du vent
Respirer l’air pur, prendre un bol d’oxygène comme carburant

Petits étirements, puis battre la semelle, léger réchauffement
Passionné, libre comme l’air, j’refuse de vieillir carrément
Au simple déclic de mes pompes, c’est l’désir qui monte d’un cran
Bon an, mal an, aucun maux ne me froisse, ni me glace le sang

Vélocité, c’est la plus belle saison de ma vie, celle où y a l’été
C’est une piqûre à l’état pur, un virus agréable à contracter
Sentir la jambe qui se déroule, prête à marteler la chaussée
Sous le doux crépitement du quartz, des pneus hyperpressés

Traverser les rails en douceur, en travers des chemins de fer
Rouler sur les chapeaux de roues, sans mordre la poussière
Avoir bon vent, puis sentir le déplacement de l’atmosphère
À vive allure, position accroupie, jambes en caresse de poitrine

Presser la cadence corps et âme, atteindre l’exultation du délire
Mouvements d’allégresses, c’est une fable poétique de plaisir
Déguster la nature à plein temps, refaire le plein à mi-temps
Atteindre le sommet des rêves de la terre, sans borne ni frontière

Se succéder deux changements la minute, face aux vents contraires
Inventer des circuits au hasard, sillonner les berges des Trois-Rivières

Ni l’air vivifié, ni les pleurs de la pluie ne m’épuisent des heures
Poursuivre sa route sans leurre, comme des oiseaux migrateurs
Prendre sa place dans l’trafic, pédaler en masse, être à son meilleur

Profiter de l’aspiration, puis triper dans la turbulence de Mike
Locomotive humaine toute vapeur, c’est une vraie bête de byke

S’évincer des as sur quatre roues, souvent plutôt maladroits
Dorénavant une véloroute ça se partage, chacun à ses droits

Exquis comme travail à la chaîne, côtoyer un Jacques Amyot
C’est une overdose de tourbillons de rayons, qui l’transporte

Acoustique au concerto pour roues libres, d’un Évariste Lavoie
Rouler sa bosse à dérouler son pédalier, l’éternel Indurain de la voie
Grand magicien des coteaux au pas de danse, sprinter naturel en soi

Ce p’tit tableau de poésie, est dédié à tous les cyclistes de la terre
Aux vétérans encore fervents de la pédale, ces passionnés de l’univers

À Louis Garneau graphiste renommé, tout dévoué pour le sport amateur
En harmonie avec les belles randonnées, celle Des Gouverneurs
Puis rendre un vibrant hommage, à tous les bénévoles encadreurs
Massologues artisans de la détente, sans oublier les organisateurs
Surtout à Jacques Landry, qui en est le président d’honneur

Et tout simplement pour l’amour du vélo… Gilles Duclos

Novembre 1996

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