Mai
01

De l’oreille au coeur [Yves Carbonneau 1929 – 1996]

De l’oreille au coeur – Hommage à Yves Carbonneau [1929-1996] par Raymond Couture

Buddy : Salut Monique [épouse de Yves, 61 ans].

Monique : Qui parle ?

Buddy : C’est Buddy [Raymond Couture, 70 ans].

Monique : Comment ça va ?

Buddy : Ça va bien, merci… et toi ?

Monique saisit le temps qui passe et s’informe de mon présent et de mon devenir.

Buddy : Léon [président de l’AMSF] m’a demandé d’écrire un article sur Yves considérant qu’il fut un de mes bons amis et que notre rencontre date des années 46. J’ai besoin que tu m’aides afin de ne pas oublier d’événements importants dans sa vie.

Monique : Je suis un peu prise au dépourvu, mais ça me fait tant plaisir. Laisse-moi remonter dans mes souvenir… Yves a couvert quatre Jeux olympiques à la télévision de Radio-Canada et à TVA comme analyste en ski de fond et en saut à ski; Insbruck [1976], Lake Placide [1980], Sarajevo [1984] et Calgary [1988]. Il faut se rappeler qu’Yves compétitionnait en ski de fond et que le saut à ski, sans être vraiment organisé, l’occupait passablement. Son implication dans ces deux disciplines l’obligeait à parcourir la province en tant que conseiller. Tout le monde le connaissait et le considérait.

Maintenant, permettez-moi de remonter dans le temps… dans mes propres souvenirs. Initié à l’art du ski de fond par les Carbonneau, mes premiers contacts avec la neige datent des années 46. Pour eux, le style était gage de réussite. Ils ont continué dans le sport, moi j’ai opté pour la musique. Après une période de trente ans, nos skis se sont à nouveau croisés. Père de famille [un fils, Alain], fonctionnaire provincial et passionné de sports, Yves avait compris que la vie est trop courte pour être petite.

À seize ans, Monique rencontre Yves. Tous les deux savaient qu’il n’existe pas d’ascenseur pour le succès; il faut sortir l’échelle et gravir les barreaux un à un, se souvenant que dans la vie, ça prend un peu d’inconscience.

Monique : Tu sais Buddy, ça va faire deux ans qu’Yves est parti. C’est arrivé le 15 juillet 1996. J’ai de très beaux souvenirs. Nous voyagions toujours ensemble et tu te souviens comme il aimait raconter et se raconter.

Un jour, lors d’une compétition de ski, Yves me dit au moment où je le dépassais :  » On cire les skis des autres [ceux de Monique] pis on est même pas capable de cirer les siens « . Pourtant, Yves savait que la seule façon d’être suivi exigeait de se trouver en avant mais que ça ne marchait pas toujours.

Monique : C’était toujours Yves qui s’occupait de mes skis. Quand mon fartage n’était pas à mon goût, je l’engueulais. Le soir, pendant que je faisais la popote, il préparait souvent quatre paires de skis. Depuis qu’il est parti, j’ai appris à farter et si ça ne va pas… je m’engueule. J’admets qu’Yves était un spécialiste du fartage.

Dissocier Monique de Yves est impensable. Pour eux, c’était l’amour du fartage et du partage. Ils ont donné tant de soins à leur fils Alain [40 ans] qui, à l’âge de 18 ans, s’est fait enlever les reins. Monique a embarqué dans le sillage sportif tracé par Yves. Vélo, course à pied, patinage et randonnées pédestres jalonnent leurs vies. Pour eux, si haute que soit la montagne, ils y trouveraient un sentier.

Monique : Le changement a été brutal. Quand tu vis intensément avec quelqu’un et que tu te retrouves seule après ces quarante ans d’union. Mais Yves m’a donné tout ce dont j’ai besoin pour continuer. Et tu sais quoi ? Alain et son épouse ont eu une fille, Laurence, il y a un mois. Yves aurait adoré son rôle de grand-père, lui qui désirait tant une petite-fille.

Tout comme en musique, un silence éloquent m’envahit après cette interruption. Monique s’adapte au temps qui lui reste et réalise que chacun est l’artisan de son propre bonheur. Je téléphone ensuite à Paul, le frère de Yves, qui est maintenant âgé de 76 ans. Nous échangeons quelques mots et je lui demande :

Buddy : Dis-moi, Paul, en quelle année est-ce que j’ai rencontré ta famille pour la première fois ?  »

Paul : C’était après la guerre.

Paul courtisait alors ma soeur Madeleine. Cela m’a permis de connaître Yves et Jacques, son frère. Je me souviens des séances de boxe dans le garage qui finissaient parfois brutalement. Nous avions tous compris que l’amitié, c’est l’amour sans lendemain malheureux.

Paul : J’étais comme le grand-frère  » coach  » qui enseigne l’effort. Je faisais monter le canot par Yves après nos excursions sur le fleuve, se confie-t-il.

La famille Carbonneau demeurait à Chaudière-Bassin, en bordure du fleuve près du pont de Québec. La vie se passait sur l’eau au pont Garneau et sur la neige dans les champs pour le ski de fond. Nous avons ressenti tant d’ivresse procurée par les sauts à même les petites collines avoisinantes.

Yves utilisait un kayak construit par Jacques pour rivaliser de vitesse avec les goélettes. Aussi, prendre les vagues du Richelieu [bateau d’excursions] était un événement important. Je tiens à signaler que Jacques a participé aux Olympiques à Oslo en Norvège [1952], soit la dernière année que le Canada remportait une médaille d’or au hockey.

Yves, tu avais l’énergie de tes désirs et le principe de ne jamais regretter la chose qui passe. On t’avait donné la vie mais pour toi, la gagner semblait facile. Tu as compris que la vie est un temps pour apprendre à aimer et qu’il arrive parfois que la ligne droite n’est pas la plus courte, ni la plus profitable.

Aujourd’hui, au nom de tous, j’aimerais réconcilier le ciel et la terre en soulignant que ta présence nous manque mais que ton souvenir demeure. Passionné que tu étais, tu as vite réalisé que le monde a besoin d’amour et qu’il a surtout besoin d’apprendre à aimer.

Salut Yves et bon repos, tu as bien travaillé.

Mai 1998

Fév
01

Eviter les pannes sèches

Évitez les pannes sèches ! par Pierrette Bergeron

Bien que vous ayez l’expérience des compétitions, je me permets de vous rappeler quelques notions d’hydratation, parce qu’elle est souvent négligée, et encore plus l’hiver. Bien sûr, les pertes d’eau sont moindres lorsqu’il fait froid, mais même une déshydratation légère peut affecter la performance. Ainsi, pour chaque litre d’eau perdue (= 1,3 % de 170 livres), les pulsations cardiaques augmentent de huit battements par minute, la capacité cardiaque diminue d’un litre par minute. Une perte de 2 % du poids causée par la déshydratation peut diminuer la performance de 15 à 20 %.

Les pertes d’eau

On perd de l’eau continuellement par la peau et la respiration, et de façon intermittente, dans l’urine et les selles; la quantité perdue ainsi est en moyenne de 2,5 litres par jour. Ce sont les reins qui régularisent l’équilibre hydrique, sous l’influence de sécrétions hormonales.

L’exercice prolongé s’accompagne d’une perte significative par la sueur, comme l’organisme cherche à limiter l’élévation de température qui se produirait autrement. La perte d’eau dans la sueur peut atteindre un litre par heure. Des pertes de 5 à 8 % du poids sont typiques des athlètes de compétition.

Les besoins en eau

Il y a eu une époque où les sportifs et les athlètes ont essayé de s’entraîner à la déshydratation, sans succès. On ne peut s’habituer à être déshydraté; l’organisme n’a pas de mécanisme d’adaptation à ce stress. Il faut absolument remplacer le liquide perdu. De plus, on ne fait pas de réserves, comme les chameaux ! Donc, il faut répondre au besoin au fur et à mesure, c’est-à-dire boire de petites quantités régulièrement.

La quantité de base requise par jour est estimée à 50 ml par kg de poids; une personne de 160 livres aura besoin d’au moins 3,5 litres d’eau. Lors d’activités sportives, les besoins augmentent; des recommandations ont été publiées par le Collège américain de médecin sportive. 1

Avant un exercice

Prendre suffisamment de liquides la veille de la compétition. Boire 500 ml environ deux heures avant la compétition pour promouvoir  une hydratation adéquate et allouer assez de temps pour éliminer le surplus d’eau ingérée.

Durant l’exercice

•  Commencer à boire tôt et à intervalles réguliers de façon à remplacer l’eau perdue dans la sueur, ou à absorber la quantité maximale pouvant être tolérée. Des recherches ont démontré que les capacités cardiovaculaires, de thermorégulation et de performance sont optimisées si 80 % de l’eau perdue est remplacée. Toutefois, on sait aussi que dans certaines circonstances, il est difficile d’ingérer la quantité optimale.

•  Les liquides frais et aromatisés sont plus agréables et favorisent une plus grande ingestion. Des études ont démontré que la présence de chlorure de sodium (sel) fait boire plus.

•  Si l’exercice dure plus d’une heure, l’addition de glucides et/ou d’électrolytes est recommandée; la performance peut être améliorée sans nuire à l’absorption d’eau, si la concentration en glucides est de 4 à 8 % (4 à 8 g de glucides par 100 ml). Il faut boire 600 à 1 200 ml de la boisson de façon à obtenir 30 à 60 g de glucides par heure. Les glucides appropriées incluent les sucres (glucose ou sucrose) ou des amidons (ex. : maltodextrines). La quantité de sodium peut être 50 à 70 mg par 100 ml d’eau, por la rendre plus agréable au palais et compenser les pertes de la sueur. La teneur recommandée en potassium est de 20 mg par 100 ml. Plusieurs boissons commerciales répondent à ces critères. On peut aussi préparer une boisson maison avec un litre de jus d’orange, un litre d’eau et  1 ml de sel. Rappelez-vous la première règle alimentaire en compétition : ne jamais essayer un nouveau produit.

L’acuité des papilles gustatives est influencée par l’activité physique; la perception des saveurs est accentuée lors d’un exercice intense. C’est pourquoi les saveurs sont très atténuées dans plusieurs boissons commerciales pour sportifs.

La soif n’est pas un bon indicateur des besoins; l’activité physique émousse la sensation. Si on se fie à la soif, on ne satisfait qu’environ la moitié des besoins.

Après l’exercice

La réhydratation est la partie la plus importante de la récupération post-exercice. Il faut remplacer l’eau perdue (un litre de liquide par kg de poids perdu). L’urine est un bon moyen d’évaluation; si elle est claire, pratiquement incolore, on est bien hydraté.

Après un effort long ou intense, on doit refaire les réserves de glycogène en consommant surtout des glucides. Plusieurs aliments et boissons conviennent bien, comme le lait au chocolat (comparable, au point de vue nutritionnel, à la boisson Boost®).

Les sources d’eau

L’eau du robinet convient bien. Le lait, les jus, les soupes et les boissons sans caféine fournissent des quantités importantes d’eau. La caféine (ex. : café, thé, cola, « smart drinks ») et l’alcool sont diurétiques; ils augmentent la production d’urine et la perte de liquide, contribuant à la déshydratation.

Vaut mieux bien se réhydrater avant de prendre la bière méritée !

Pierrette est consultante en nutrition sportive et enseigne en diététique au Cégep de Limoilou. Elle a étudié en diététique à l’Université Laval et en éducation à l’Université du Colorado. Les sports qu’elle pratique de façon plus intensive sont le cyclisme, le ski de fond et la course à pied.

1 American College of Sports Medecine (1996). « Position Stand on Exercise and Fluid Replacement ». Medecine Sci. Sports Exerc., vol. 28, n o 1, pp. i-vii.

Jan
01

Un grain de sable dans l’engrenage : la contracture

Un grain de sable dans l’engrenage : la contracture par Charles Brière

Le Vade-mecum de kinésithérapie décrit la contracture comme suit : état musculaire douloureux au repos, à l’étirement et, surtout, à la contraction contre résistance.

L’excès de travail a provoqué une accumulation locale d’acide lactique, le muscle est hypercontracté à la palpation, la douleur apparaît progressivement pendant ou aussitôt après l’effort.

Ce que cette définition omet de dire, c’est qu’une contracture peut devenir indolore, donc d’apparence inoffensive. ERREUR, car c’est là qu’elle est la plus nocive dans la vie d’un athlète. La perte de force et d’amplitude musculaires qu’elle entraîne a pour effet de faire travailler à outrance d’autres muscles qui, par conséquent, entraîneront ces muscles dans la même situation et, avant longtemps, toute une chaîne musculaire. Cette perte qu’on attribuera au fait que vous vieillissez et qu’il est normal que votre récupération soit plus lente, que la souplesse ne soit plus au rendez-vous le matin, que vos performances sportives diminuent.

Et oui, le vieillissement est un des facteurs de ce ralentissement dont vous êtes victime, mais les contractures sont, sans doute, l’autre cause. Des chaînes musculaires mal équilibrées deviennent l’ombre de blessures possibles et éventuelles.

Un chercheur français s’est penché sur la question. Le docteur Penidou, docteur en biomécanique du mouvement, masseur-kinésithérapeute chargé du laboratoire du mouvement à l’EFOM de Paris.

Après une quinzaine d’années de recherches, il a mis au point une technique pouvant faire céder une contracture en quelques secondes (la seule technique que nous possédions auparavant était le massage « à sec », car avec de l’huile, il avait été démontré que nous perdions plus de 50 % sur la mobilisation des couches tissulaires entre elles vu le manque d’adhérence). Celle-ci, beaucoup moins ardue et plus efficace, s’emploie pour monsieur tout le monde, mais elle est particulièrement efficace pour le sportif de tous les niveaux qui veut que ses performances augmentent considérablement dans son sport comme dans ses activités quotidiennes, sans douleur, avec une force et une mobilité nettement améliorée.

Les athlètes que j’ai le plaisir de traiter avec cette technique depuis bientôt deux ans n’ont eu, jusqu’à présent, aucune blessure qui les a empêchés de pratiquer leur sport tout en bénéficiant d’une récupération plus rapide et une augmentation appréciable de leur performance.

Cette technique s’appelle « levée de tension ». Très prisée en France par les kinésithérapeutes du sport, elle est malheureusement très peu utilisée en Amérique du Nord. Au Québec, seulement soixante masseurs-kinésithérapeutes possèdent la technique. Aucun appareil utilisé, seulement la connaissance maîtrisée et deux mains habiles suffisent pour vous redonner récupération, souplesse et performance.

Pour plus de renseignements sur ce sujet ou pour connaître le nom d’un kinésithérapeute dans votre région qui maîtrise cette technique, appelez-moi à frais virés au (418) 687-3846. Et si vous me rencontrez au Camp des maîtres à la Forêt Montmorency, ne vous gênez pas pour me questionner sur vos blessures, c’est avec plaisir que je répondrai à toutes vos interrogations.

 

Nov
02

Petite escale au Mont-Sainte-Anne, immensité remplie de charme…

Petite escale au Mont-Sainte-Anne, immensité remplie de charme… par Gilles Duclos

Une échappée remplie d’action, chorégraphiée pleine d’émotions
Du Grand Canyon aux mille dénivelés, sis depuis millions d’années
À cinq minutes y’a les Sept-Chutes, en haut de la miche de Beaupré
Une virée à la migration d’oies blanches, sanctuaire du Cap Tourmente

Amateurs de parcours très gazonnés, des neuf trous bien aménagés
Pour clientèle débutante ou habituée, l’éminence du Mont à leur portée
Ses six cents mètres de dénivellation, à perte de vue le champ de vision
En gondole ou à pied le remonte-pente, voir la cordée de cette dame

Seul ou entre amis elle si plaisante, faut relever le défi de la montagne
En toutes saisons hiver comme été, le hiking vous mène dans les sentiers
Vous resterez abasourdi devant le Saint-Laurent, l’archipel de Montmagny
Afin d’apprécier votre descente, monitorat de vol à voile, le parapente

En bordure des fossés d’la Jean-Larose, respirez l’air pur à forte dose
Un p’tit paradis d’vélo tout terrain, chouette d’la bouette ça c’est certain
Du sud au nord, aux fils des découvertes, y’a l’Enduro pour les adeptes
Trajets d’itinéraire pour monsieur madame, d’la Saint-Hilaire à la Viêt-Nam

Libre d’espace aux zélés de la bécane, à bout de course y’a la Grudman
Du chant de l’été, y’a plein d’saveur, à l’équinoxe du festival de couleurs
À pied les randonneurs, ou en babiche dans l’ovale des raquetteurs
Hors piste ou dans les boisés, le panorama aux espaces si décolletés

La loppet pour mordus du cross-country, l’pas de patin pour les initiés
L’hybride des pistes emmitouflées, pour patineurs en tenues décolorées
Cheveux au vent, fluide aux innombrables avenues de velours côtelé
Des planchistes, aux entichés du ski, télémark pour les plus avertis

Les dix fois cinq pistes vous griseront, grand et petits les rejetons
Insatiables, savourez le calme nécessaire d’une sortie en plein hiver
Carriole ou en traîneau, oculaire des sous-bois en team de chevaux
Immense domaine à partager, le Mont-Sainte-Anne est à votre portée

La truite saura vous émerveiller, il y a la pêche blanche sur lac gelé
Quel plaisir pouvoir y retourner, ne serait-ce que pour y séjourner

Novembre 1997

Nov
02

Le 17e Camp des maîtres: c’est un rendez-vous

(RO) — Bonjour les maîtres et bienvenu au Camp annuel. Vous serez les premiers à bénéficier de la neige, des trucs pour être en meilleure forme, skier encore mieux et nourrir votre cerveau du monde du ski de fond.

La 17e édition du Camp des maîtres aura lieu du 6 au 9 décembre 2007 à la Forêt Montmorency dans la Réserve faunique des Laurentides (tél.: 418-656-2034). Le camp débutera le jeudi 6 décembre avec ou sans neige.

Plusieurs activités sont prévues au programme: cours de perfectionnement de ski classique et libre, conférences, 10 km Fischer comptant pour le Circuit des maîtres, séances d’étirement avec l’équipe de Charles Brière (apportez vos propres tapis de sol cette année), séances d’étirement de la rate avec Colosse Talbot et d’élévation de la scapula et des rhomboïdes avec Paul Junique (apportez vos boissons énergétiques), soirée disco-rétro, service de massothérapie, de fartage Swix, de prêt d’équipement Fischer, de bonne cuisine de tante Pierrette, de dégustation de porto d’oncle Louis, de remise de prix de distinction aux meilleurs maîtres sur le Circuit des maîtres durant la saison 2006-2007, le tout sous la supervision de l’inimitable président Léon… Bref, une foule d’activités pour lancer la saison de ski en grand.

Consultez www.amsfski.com pour télécharger le formulaire d’inscription et connaître les dernières nouvelles sur le Camp des maîtres Swix-Fischer 2007.

Nov
01

Camp des maîtres 2007: j’y vais

Lire l’article en format pdf

(PJ) — Les bancs de fartage frissonnent, les pompons de tuque frémissent, les bâtons s’étirent, les spatules vibrent, la motivation resurgit comme une poussée d’acné. Le Camp des maîtres Swix-Fischer s’en vient!

Et devinez ce que j’ai entendu, venant d’un maître de mes amis (qui d’ailleurs n’est plus un ami) : «Je me demande si je vais y apprendre quelque chose?» Il est impensable que ce genre de question préoccupe encore certains maîtres. On va au Camp des maîtres pour apprendre, c’est l’essence même du camp. Et pour ceux qui en doutent, je recommande fortement la lecture des lignes qui suivent. J’ai pris conscience du travail phénoménal, déployé par les organisateurs, pour que le camp soit totalement dédié à l’apprentissage en assistant tout dernièrement à un stage d’entraîneur (niveau «stationnement», au Stade olympique). J’y ai retenu la pensée suivante:

«Pour une efficacité maximale, un contexte d’apprentissage doit être agréable, adapté à l’âge, sécuritaire et stimulant.» (+) Ce qui est bien le cas du Camp des maîtres, qui réunit tous les ingrédients nécessaires à un apprentissage de qualité. Passons en revue ces recommandations.

Apprentissage agréable

  • la renommée du party du samedi soir n’est plus à faire;
  • quoi de plus plaisant qu’une détente au spa ou une visite au salon de massage;
  • quel plaisir que de constater que les autres maîtres ont eux aussi un peu plus de cheveux blancs.

Et la parade des meneuses de claques, et la possibilité de partager sa chambre avec un maître qui ne ronfle pas, et la chance de rencontrer Roland Michaud, et la possibilité de serrer la main de Léon… C’est pas agréable tout ça?

Apprentissage adapté à l’âge

Le matériel disponible pour la location (triskis, marchettes, stabilisateurs pour skis, réserve de solutés) témoigne du souci constant des organisateurs de satisfaire aux exigences de l’âge des participants. Sans parler des repas de manger mou, des couches fournies avec la literie, des ateliers de gérontologie et de ceux de Magnus Poirier.

© AMSFQ

Encore plus pertinent: les recherches effectuées par les organisateurs pour proposer aux maîtres les dernières nouveautés en matière de techniques de ski. Après le pas de deux (pour les skieurs de ballet), le pas de Siitonen (pour les pionniers du patin), le pas déphasé (pour les skieurs de St-Bruno), le un pas-double poussée (pour les gros bras), le pas de marathon (pour le légendaire numéro 26), voici le pas R’Kinson (qui nous arrive de Suède). Utilisé en classique, il s’effectue de façon spasmodique, comme suit:

Le skieur est au repos, les deux skis parallèles. Une légère vibration du bassin doit permettre d’avancer une jambe. Le tremblement qui anime alors le bas du corps, jumelé au frissonnement des rotules, assure la propulsion vers l’avant. L’autre jambe frémit à son tour et se déplace (par saccade) dans la même direction. L’asynchronisation du mouvement des deux jambes provoque chez le skieur un déplacement et un état second beaucoup plus agréable (à court terme) que l’inhalation des poudres fluorées.

Apprentissage sécuritaire

Le ratio, un skieur/une nurse, recommandé pas l’Association mondiale des maîtres est totalement respecté, ce qui prouve l’importance que les organisateurs accordent à l’aspect sécurité. Nouveauté cette année: lors du party, les clés des skis seront ramassées et remises aux maîtres le lendemain matin. De nombreux accidents seront ainsi évités. De plus, Monsieur Friedreich s’est proposé pour raccompagner les plus éméchés, en taxi (++), à leur chambre.

Apprentissage stimulant

Au Camp des maîtres, on prend un bain de stimulants. Les compagnies pharmaceutiques présentes offrent les dernières trouvailles de leurs biochimistes. Quant aux représentants de cires, ils nous garantissent une stimulation de la spatule au talon. On peut aussi se stimuler avec les vidéos cochons que _________________________ loue à la chambre ______.

Bien entendu, on retourne aussi au camp pour:

  • la beuverie du samedi soir;
  • gagner une belle tuque des maîtres;
  • dire à son voisin qu’on a skié avant lui;
  • manger comme un chancre avec l’impression que «c’est pas grave, on va le dépenser en skiant».

 

+ Tiré de -Les maîtres et le cholestérol- de M. Brochusky, publié en juin 2006 dans la revue financière «L’Écôt des maîtres».
++ Le taxi de Friedreich est bien connu de tous les vieux maîtres.

Nov
01

Réellement, un beau duathlon…

Réellement, un beau duathlon… par Paul Junique

Bâton tordu, poignée cassée, genou écorché, épaule douloureuse, cuisse râpée, amour propre blessé : c’est le bilan de ma dernière débarque en ski à roulettes. Une plaque d’égout a avalé la pointe de mon bâton et j’ai décollé quelques secondes avant de m’aplatir sur l’asphalte rugueuse de la voie maritime. Pas question de participer au duathlon avec tous ces bobos.

J’entends déjà les remontrances…

 » C’est lui qui, l’an passé, reprochait aux maîtres de ne pas aller du duathlon…  »

 » Quand je pense qu’il nous accusait de ne pas nous déplacer pour le duathlon…  »

 » … et il nous faisait la morale…  »

Vous avez raison, mais que celui qui ne s’est jamais planté en ski à roulettes me jette la première plaque d’égout.

J’ai pourtant pensé à vous et j’ai même décidé de visualiser ma participation. Après tout, au siècle de l’ordinateur, pourquoi se priver d’un bel effort virtuel. Alors, maîtres de mon coeur, qui n’avez pas eu le plaisir de me doubler, je vous attends sur la ligne de départ.

C’est Geneviève [Caya] qui, comme par le passé, va nous tirer dessus pour annoncer que si on veut descendre en gondole, il faut d’abord monter en courant.

Pan ! Je pars comme une balle. Sur la ligne de départ, je me suis placé en queue de peloton, par timidité, mais aussi pour pouvoir parler dans le dos de tous les braves maîtres qui me précèdent. Mon effort est diabolique; je bloque le compteur en zone 4, ne laissant aucune chance ni à mon cardio ni aux maîtres. À ce rythme d’enfer, les dépassements commencent.

Je n’ai pas eu le temps de saluer Michel [Bédard], ça allait beaucoup trop vite.

Léon [Simard], je l’ai laissé dans un petit nuage de poussière.

J’ai ralenti un peu en rattrapant Pierrette [Bergeron], histoire de jaser un peu. On ne s’est pas vu depuis l’hiver passé et il faut que je refasse ma moisson de recettes de bon gras. La conversation est pénible, le souffle lui manque. Pourtant, de mon côté, je n’ai aucune difficulté. Il faut dire que quand on court en virtuel, ça améliore l’élocution [et le cardio].

Le coureur du Motel Les Berges, champion canadien toute catégorie de l’amitié et de la gentillesse, ne m’a pas reconnu. Quand je l’ai dépassé, je l’ai entendu dire  » Tiens, Bruny Surin est dans la course…  »

Je visualise tellement fort que j’ai vu des sourires sur le visage de certains maîtres.

Au poste de ravitaillement, j’avale quelques verres de Naya et Gourou Fred apparaît. Plus virtuel que jamais, il est planté au milieu de la piste et m’attend pour ses habituels encouragements :  » Hello petit Paul, si tu avais visualisé la ligne d’arrivée au bas de la pente, tu n’auras pas eu à la monter…  » Pas fou le gourou. Et hop ! il disparaît.

C’est le moment de me récompenser de mon effort; je m’offre un dépassement virtuel de Jocelyn [Vézina] et je prends la tête de la course. La ligne d’arrivée est proche. La foule en délire n’en revient pas de voir un vieux maître, l’air en forme, foncer comme un malade vers la victoire. J’ai été porté en triomphe. Le bec de Carole me ramène sur terre. Pas même essoufflé, je redescends mes pulsations à 45, je signe quelques autographes et je m’engouffre dans une gondole. J’ai demandé au chauffeur de ralentir, pour donner l’opportunité à quelques maîtres de me rattraper sur le chemin du retour au calme.

Le lunch virtuel, ce n’est pas terrible [il faudra que j’en parle à Pierrette]. Je préfère manger comme tout le monde, un sandwich et un muffin.

Bien entendu, mon état de fraîcheur fait l’admiration des maîtres. J’ai terminé premier, virtuellement sans effort. Impressionnant pour un blessé qui ne pensait même pas à participer.

Un petit repos avant le vélo. Pour ne pas perdre de temps en réchauffement, je visualise Jay Peak, le Ventoux et le Galibier, et me voilà prêt au départ. Cette fois-ci, je me place directement sur la première ligne, au côté des réelles vedettes, ce qui ne semble pas les impressionner.

Attendez un peu, je vous réserve une réelle surprise.

Pan ! Bye bye les cyclistes, je vous laisse; je vous attends en haut. Tant qu’à visualiser, je me transforme en Indurain du Mont-Sainte-Anne pour me payer le duathlon de mes rêves.

À l’aise dans le peloton de tête, je discute un peu avec tout le monde, les mais sur les genoux pour ne pas aller trop vite. Je sens qu’on envie ma désinvolture et ma performance. Je n’ose pas forcer, des fois qu’on me prenne pour un réel dopé.

Les pros du dérailleur n’en reviennent pas : un maître usagé comme moi qui les double les uns après les autres, amicalement en plus, avec un mot d’encouragement pour chacun :  » Allez Michel… Vas-y Jocelyn… Lâche pas Pierre… C’est beau Pierrette… Salut Gaétan…  »

Je dérape dans les virages. Mon gros plateau commence à chauffer, il est temps d’arriver au ravitaillement pour le refroidir à grandes gorgées de Naya.

Ah non ! Mon gourou est encore là, il brandit le drapeau jaune. Il faut ralentir.  » Tu vas trop vite. Les officiels ne sont pas encore rendus au sommet. Si tu gardes tes pulsations à 215, tu vas arriver avant les chronométreurs. Relaxe un peu.  »

Pour lui faire plaisir, je repars encore plus vite et c’est seul que je vais atteindre le sommet, une fois le peloton lâché et les derniers moulineux distancés. Porté par une foule émerveillée de ma performance virtuelle, je franchis la ligne d’arrivée les mains en l’air, comme dans les fins d’étapes du Tour de France. On me remet un maillot à pois, une casquette, un bouquet de fleurs et un ticket de gondole. C’est terminé et je vais réellement profiter des becs de Carole.

Voilà, mes chers maîtres, vous m’avez manqué. Je vous promets de ne pas faire de ski à roulettes la veille du Camp des maîtres pour ne pas me blesser et pouvoir ainsi vous retrouver. Salut à tous et n’oubliez pas que je vous aime réellement.

Novembre 1997

Nov
01

Le massage sportif pré-événement, vous connaissez ?

Le massage sportif pré-événement, vous connaissez ? par Charles Brière

Souvent, les athlètes craignent le massage avant une activité sportive. Et pour cause, c’est que celui-ci peut nuire à une bonne performance avant une compétition et diminuer l’efficacité d’un entraînement. Toutefois, aucune blessure causée par le massage n’a été rapportée.

Il existe deux types de massage sportif qui sont d’une utilité différente. Le massage conventionnel ou post-événement a pour but de drainer les toxines et d’assouplir la musculature, donc il peut vous rendre les jambes molles alors que c’est le contraire que l’on recherche. Avant un entraînement, ce que nous voulons c’est la tonicité de nos muscles et une élasticité maximale.

Il existe un massage qui peut vous donner cette sensation de performance, c’est le massage pré-événement. Ce massage est conçu pour augmenter l’efficacité de vos muscles. Il consiste en un pompage systématique de ceux-ci; ce qui active considérablement l’apport d’oxygène et de nutriment dans vos fibres musculaires. C’est ni plus ni moins qu’un appel du sang à la masse corporelle, un réchauffement sans effort ni perte d’énergie de votre part. Ce massage doit toujours être accompagné de manœuvre de  » stretching  » de la part du massothérapeute.

Des études sur des athlètes ont révélé des performances étonnantes sur des sujets qui avaient plafonné dans leur sport depuis bien des années et ce, juste après quelques séances de massage préparatoire.

Donc, ceci porte à dire que choisir le bon massage c’est comme choisir le bon fartage. C’est lui qui fera toute la différence sur votre plaisir de skier cet hiver.

Novembre 1997

Nov
01

Comment éviter les courbatures?

Comment éviter les courbatures? par Guy Thibault

Les adeptes du ski de fond perçoivent généralement la sensation de fatigue engendrée par une séance d’entraînement comme quelque chose d’agréable : c’est une  » saine  » fatigue puisqu’elle disparaît rapidement. Suffisamment en tout cas pour qu’on soit en mesure de faire la prochaine sortie — le lendemain ou le surlendemain — frais et dispos. Par contre, quoi de plus désagréable que les courbatures ?

La courbatureLa courbature est une douleur musculaire particulièrement vive qui se développe avec un certain délai après un exercice pour lequel on n’était pas parfaitement préparé. Cette douleur est à son plus haut point 24 à 48 heures après l’effort, s’amenuise par la suite puis disparaît, normalement après une semaine. On la ressent au repos, mais c’est surtout lorsqu’on fait une pression sur le muscle, lorsqu’on le contracte ou lorsqu’on l’étire que la douleur est la plus intense.

Pour plusieurs personnes, en début de saison, les courbatures constituent une source de découragement. Il faut par contre savoir qu’un exercice auquel on est habitué ne provoque pas de courbatures. D’ailleurs, c’est précisément pour réduire autant que possible les risques de courbatures qu’un bon programme d’entraînement comprend une phase d’initiation où le stimulus d’entraînement est plutôt faible, puis augmente progressivement et lentement avant d’atteindre un niveau optimal.

Toute activité à laquelle on n’est pas adéquatement préparé peut provoquer des courbatures. Ainsi, même le skieur d’expérience peut risquer d’en avoir au lendemain d’un entraînement au cours duquel il [elle] aura pratiqué un nouveau mouvement ou après une compétition particulièrement longue.

Certaines formes d’exercice présentent manifestement un plus grand risque de courbatures. Ce sont les activités qui occasionnent des contractions musculaires excentriques [voir encadré].

Trois types de contraction musculaireContraction musculaire statique ou isométrique : le muscle ne change pas de longueur.

Par exemple : tenir un poids à bout de bras, sans bouger.

Contraction musculaire concentrique : le muscle se raccourcit.

Par exemple : la contraction des muscles dorsaux lors de la phase de propulsion en style classique.

Contraction musculaire excentrique : le muscle s’allonge.

Par exemple : la contraction des quadriceps lors de la phase de mise en charge précédant la poussée en pas du patineur.

On peut en prendre conscience en faisant un exercice consistant à monter sur un banc et à en redescendre pendant quelques minutes en utilisant toujours la même jambe pour monter et l’autre pour redescendre. Dans ce cas, il y aura beaucoup plus de contractions excentriques dans la jambe utilisée pour redescendre [les muscles se contractent en s’allongeant lors de la réception] que dans celle utilisée pour la montée [les muscles se contractent en se raccourcissant lors de la montée sur le banc]. Immanquablement, c’est à la jambe dont les muscles auront effectué le plus de contractions excentriques que se feront sentir les courbatures.

D’ailleurs, si vous avez déjà fait des randonnées pédestres en montagne, vous avez sans doute constaté que la montée est exigeante du point de vue cardio-vasculaire [comme en témoigne l’essoufflement ressenti], mais la descente est plus douloureuse. En effet, lors de la descente, les muscles de la marche doivent se contracter de manière excentrique pour amortir le poids du corps à chaque pas.

On ne connaît pas encore tous les phénomènes occasionnant les courbatures. Cependant, une chose semble claire : elles ne sont pas dues comme plusieurs le croient à l’acide lactique [voir encadré].

L’acide lactique a le dos large On entend couramment des personnes actives incriminer l’acide lactique — une substance produite par les cellules musculaires lorsqu’elles travaillent à haut régime — pour expliquer leur fatigue et leurs courbatures le lendemain d’un effort assez ardu. Or, l’acide lactique ne peut être tenu responsable des dommages infligés aux fibres musculaires et à leur  » charpente « , ni donc des courbatures, car les contractions musculaires de type excentrique — dont on sait qu’elles sont celles qui occasionnent le plus de courbatures — ne s’accompagnent à peu près pas de production d’acide lactique. Faute de preuve, il faut  » acquitter  » l’acide lactique.

Il apparaît assez évident que le mécanisme puisse être différent selon le type d’exercice effectué [sa durée, son intensité, etc.] et que la principale cause de la douleur soit l’inflammation qui s’installe dans le muscle suite à son usage trop intense ou trop prolongé. Il semble que la réaction inflammatoire dans les muscles soit déclenchée par un dommage occasionné par l’exercice dans la structure de soutien des cellules musculaires.

Ces structures de soutien, qu’on appelle les fibres collagènes, transmettent le long du muscle les forces développées par les fibres musculaires. Elles sont soumises à des tensions élevées et donc peuvent parfois être endommagées. Lors d’une contraction musculaire excentrique, la tension dans chaque fibre musculaire active peut être plus élevée que lors d’une contraction concentrique : pour une tension donnée, un moins grand nombre de cellules musculaires sont mises en action si la contraction est excentrique, si bien que chaque fibre est soumise à un plus grand stress. Ainsi, le risque que les fibres collagènes soient endommagées est accru.

Pour prévenir les courbatures, le moyen le plus efficace est de ne jamais faire un exercice d’une longue durée et/ou d’une grande intensité sans s’y être préalablement préparé par une progression lente et suffisamment longue du stress d’entraînement. Il faut que cette progression dans la charge d’entraînement soit encore plus douce et étalée sur une plus longue période si l’exercice qu’on pratique comporte un fort taux de contractions musculaires excentriques. La restauration de la  » charpente  » des fibres musculaires prend en effet un certain temps.

Plusieurs personnes croient qu’on peut s’épargner des courbatures à l’aide d’un échauffement, d’exercices d’étirement ou de massages effectués avant et/ou après l’activité. En dépit de certains autres effets bénéfiques de ces pratiques, les études portant sur cette question indiquent qu’elles n’ont pas d’effet sur les courbatures. Par contre, faire une autre activité que celle ayant occasionné les courbatures [par exemple, nager sans effort une vingtaine de minutes le lendemain d’une sortie de ski de fond particulièrement difficile] semble atténuer la douleur. En fait, cela augmente la pression sanguine dans les muscles endommagés sans les solliciter de manière trop ardue, ce qui réduit probablement l’œdème accompagnant l’inflammation.

À quelques reprises on a démontré qu’on ressent moins de courbatures en prenant — avant ou après l’effort — des anti-inflammatoires ou des analgésiques. Par contre, une courbature n’est pas une affection assez grave pour susciter une prescription de ce genre de médicaments. Plusieurs personnes font usage d’aspirine — dont les effets anti-inflammatoires et analgésiques sont connus — lorsqu’elles font une activité susceptible d’occasionner des courbatures, mais il faut rappeler que tout médicament a des effets secondaires et qu’il vaut toujours mieux s’en passer, lorsque cela est possible.

Novembre 1997


Avr
01

Ce n’est pas aussi connu que Paris – Texas, mais c’est un bon titre

Ce n’est pas aussi connu que Paris – Texas, mais c’est un bon titre par Paul Junique

Une petite secousse, un gros bruit, quelques vibrations, le vol British Airways pour Venise vient d’atterrir.

Vous vous demandez peut-être ce que je fais à Venise ? Rassurez-vous, je ne vais pas suivre le cours de gondole 101. Je vais participer au Championnat du monde de ski de fond des maîtres. Et comme ça se passe dans le nord de l’Italie, Venise est l’aéroport le plus proche du site des compétitions.  » Quel chanceux !  » Attendez de lire la suite, vous serez peut-être content d’être resté au Québec, dans la neige et le froid. Et puis, vous avez pu participer au Loppet Mont-Sainte-Anne. Moi non.

Carole est du voyage, on ne se quitte pas. Par contre, René Dufour [qui lui aussi participe] et Andrée, sa femme, ont raté l’avion et on n’a aucune idée de leur date d’arrivée.

Premiers pas sur le sol italien. Tout a l’air normal. Par pour longtemps…

Mon matériel de fartage s’est égaré dans le voyage. Personne ne sait quand il arrivera, mais ça prendra deux heures et beaucoup de papiers pour qu’on me le dise [avec le sourire]. Pas grave, gardons le moral et passons la douane.

Pour la location de l’auto, ça a été beaucoup plus rapide. Aucune trace de notre réservation. Il a fallu recommencer les formalités, le choix du véhicule etc. Encore une heure de palabres. On avait réservé un support à skis. Aucun n’est disponible. De toute façon, l’agent de location ne croit pas qu’on puisse mettre six paires de skis sur le toit du véhicule. S’il savait que René en a huit autres paires à rajouter, il refuserait de louer son auto. On a finalement eu une Fiat, juste assez grande pour qu’on y entre sans maigrir, et juste assez longue pour que les skis ne passent pas au travers du pare-brise.

En route vers Folgaria. Je devrais dire  » en vol « , parce que sur les routes italiennes, on ne roule pas, on vole. Même les camions volent à 140. Ça ne prend pas longtemps pour se déplacer, mais ça stresse un peu… surtout quand on ne voit rien à droite à cause des skis et rien à gauche à cause des bâtons.

On s’est perdu, mais pas longtemps; la région n’est pas bien grande. Les routes sont belles et l’asphalte impeccable. Heureusement, parce que dans les treize derniers kilomètres [183 virages et un dénivelé de 14 %], huit autos m’ont doublé entre un précipice et une falaise. On a atterri à Folgaria dans la soirée.

À l’hôtel, aucune réservation à nos noms ni à ceux de René et Andrée. On commence à avoir l’habitude. Après une heure de discussion, la préposée trouve une réservation au nom de  » René « . On saute sur l’occasion. Bonne surprise. Au lieu du  » deux chambres – cuisine – salon  » réservé, on obtient un  » une chambre – cuisine – pas de salon « . Je reste optimiste. Pas pour longtemps… Il n’y a pas de literie, il fallait l’apporter. Et puis, on ne peut pas payer avec une carte, et puis il faut laisser 250 $ en dépôt. Quelle belle journée ! On a fait quelques achats au village, un bon souper et un beau dodo.

Samedi

Le moral est bon, le café aussi. Pas de message de René, on en profite pour aller chercher les dossards et les listes de départ au centre d’informations. Nouvelle surprise. Ma trousse de coureur reste introuvable et personne ne sait quoi faire. Peut-être qu’à l’Information touristique… peut-être que les officiels… peut-être que demain… En tout cas, revenez cet après-midi, on verra… Rassuré de voir que personne ne s’inquiète, on part pour Passo Coe, le site des compétitions.

C’est un plateau, en altitude [1 600 m], bien dégagé et parfaitement préparé pour les courses. Les pistes sont magnifiquement tracées et balisées. Et… surprise, il y a de la neige. C’est la première fois qu’on en voit depuis notre arrivée. Elle est tombée en décembre et depuis, plus rien. Voilà pourquoi toutes les vallées sont en plein printemps.

Il y a une boucle de dix kilomètres et une de cinq. En tournant plusieurs fois on fera le quinze, le trente et le cinquante kilomètres des différentes épreuves. C’est plutôt vallonné : petites montées, courtes descentes, aucune récupération. Techniquement, ce n’est pas difficile, mais physiquement, ça va être éprouvant. J’ai skié 15 km en observant les concurrents. Ça roule et ça roule vite, très vite même. Moi j’ai skié en français, mais les autres skient en allemand, en russe, en anglais, en italien; ça dépend de leur loi 101.

De retour au village, toujours pas de message de René. Normal, puisque la réception de l’hôtel n’est ouverte que de 9 heures à midi et de 15 heures à 19 heures. D’ailleurs, le pays au complet a les mêmes heures d’ouverture. Il va falloir s’habituer.

Vers 15 heures, des amis, qui sont dans un hôtel extraordinaire, puisqu’on y reçoit les messages entre midi et 15 heures, nous préviennent que René et Andrée ont enfin atterri en sol italien et qu’ils arriveront en train. J’irai les chercher ce soir. Ça a pris juste deux heures pour avoir l’horaire du train; l’ordinateur de l’Information touristique est un peu surchargé en ce moment.

Un peu de repos avant la parade et la cérémonie d’ouverture. J’en profite pour vous donner quelques informations :

  • Les courses commencent à 9 heures en classique. Départs aux dix minutes, par catégorie.
  • L’après-midi, à 13 heures, ce sont les courses de patin qui prennent la relève.
  • Dans ma catégorie [M4], on est environ 140, moitié en classique, moitié en patin.
  • La délégation canadienne compte environ 40 skieuses [skieurs].
  • Le Québec fait belle figure avec quatre ou cinq participantes [participants].
  • Je ne connais pas grand monde, si ce n’est Kathy et Rob Vellend, Claudia et Dick Van Dike, Suzelle et Peter Donitz. On se rencontrera souvent pendant notre séjour.

Stop ! C’est la cérémonie d’ouverture.

La rue principale est pleine. Le cortège commence par deux chevaux qui tirent une charrette avec des officiels. Suit un orchestre en costume traditionnel [style bavarois]. Viennent ensuite les déléga-tions, derrière leurs drapeaux. Tout le monde applaudit, faut dire que le village au complet s’est déplacé. Sur la place de la Mairie, les discours commencent. J’en profite pour donner mon drapeau à une petite fille et pour foncer vers la gare pour récupérer Andrée et René : 13 km de virages à l’allée, 13 km au retour; j’ai le mal de mer.

Enfin réunis, on est prêt à affronter l’Europe. Surprise, René a trouvé mes coffres de fartage à l’aéroport et les a pris avec ses bagages personnels. Personne n’a rien dit.

Fartage. Dodo.

Dimanche

J’ai conduit René à Passo Coe de bonne heure. C’est impressionnant un départ de Championnat du monde. Les coureurs font marquer leurs skis et rejoignent leur place de départ sur une des vingt traces aménagées. Tout ça en silence. Un silence lourd, inquiétant, pesant. Une voix italienne égrène les minutes et pan ! Ça part. Tout explose en même temps : la double-poussée, les cris de la foule, les caméras, les vidéos… Et puis une autre vague fait marquer les skis et ça recommence.

Pour me relaxer, je suis retourné au village manger un peu, calmer mon stress et flatter mes skis.

Vers 11 heures, je suis prêt à tester ma glisse. Pas mal. Je n’ai rien à envier aux autres coureurs. Mais la température monte dangereusement. René a eu des problèmes de fartage. C’est 8 °C, et on n’est pas habitué à gommer les skis pour de telles températures.

Ça y est, c’est mon tour. Me voilà sur la première ligne, neuvième trace. Le silence est angoissant, ponctué de murmures  » bla bla bla De Zolt  »  » bla bla bla De Zolt « , en toutes les langues. Et oui, Maurillo De Zolt, le Maurillo des Jeux olympiques de 1995, est dans ma catégorie M4. Lui aussi est sur la ligne numéro un, dans la première trace, et il brille par son absence. C’est la vedette de ces championnats et son arrivée sera théâtrale. Six caméras l’entourent, la musique est tonitruante, la foule est en délire, les annonceurs épuisent leur collection de superlatifs : ce n’est pas De Zolt qui arrive, c’est le magnifique, l’extraordinaire, l’exceptionnel, le fantastique, le merveilleux De Zolt. N’oubliez pas, on est en Italie et De Zolt, il est Italien.

J’étais encore en train d’admirer le De Zolt, quand le départ a sonné. Aie ! Aie ! Aie ! Ça double-pousse tellement fort qu’au bout du plateau de départ, je suis cinquième, mais à moitié asphyxié. Avant même d’avoir amorcé mon two-skate, je suis trentième. Les Européens ça skient vite, très vite. Moi j’essaie de survivre et de ne pas lâcher avant la fin du premier kilomètre.

Comment on fait, à bout de souffle, avec les muscles qui brûlent, la tête qui ne commande plus rien et le goût de vomir pour ne pas arrêter ??? Mystère, mais j’ai continué.

Il fait 12 °C, on skie dans un liquide blanchâtre. Dans les virages, je fais des gerbes d’eau, comme en ski nautique. Mais ce n’est pas un bateau qui me tire, c’est la foule. Parce qu’en Italie, ce n’est pas comme chez nous, on ne se gèle pas, alors la foule peut assister et encourager. D’ailleurs, c’est une foule professionnelle qui encourage sans distinction de costume ou de nationalité. Elle encourage pour le sport, pour le compétiteur, pour le plaisir et ça aide parce que des inconnus qui courent à côté de toi en t’offrant de l’eau en italien, en slovaque ou en tchèque, ça stimule. Comme on n’est pas habitué à de belles manifestations d’amitié, j’en ai profité; j’ai ralenti.

Au quinzième kilomètre, j’ai commencé à remonter quelques coureurs. Impossible de skier technique : oublié le one-skate, oublié le two-skate, c’est trop mou dans ce paradis du offset. Mauvais pour moi qui ai échoué le cours de offset 201 de Fred au Camp des maîtres.

En passant, mon Fred, écoute bien ça et prend des notes. Les Européens ont un style différent du nôtre. Le transfert de poids, ils s’en foutent; la coordination, ils l’ignorent; l’élégance, ils ne connaissent pas. Ce qui compte, c’est le temps : 80 coups minute. Si tu tiens ça 2 heures 30, tu peux être dans les dix premiers. Autrement, tu fais comme moi : vingtième.

Dernière montée. Mon gourou est là, il s’est mis une grosse moustache et il fait des pizzas. C’est normal, on est en Italie.  » Il te reste un kilomètre. Relaxe, les officiels ne sont pas encore partis. De Zolt a terminé, il est rentré chez lui depuis trente minutes, tu ne seras pas sur la photo avec lui.  » Quel réconfort, aucune caméra ne m’attend.

À l’arrivée, un Allemand m’a serré la main, un Russe m’a embrassé, un Italien a crié mon nom et Carole m’a donné un énorme bec [bien meilleur que celui du Russe].

Douche, café et on fonce à la remise des médailles au centre sportif. C’est une belle salle avec des Norvégiens sous un drapeau norvégien, des Russes habillés en itinérants, des Américains en costume SWIX américain, des Suédois en costume SWIX suédois et d’autres nationalités en costume SWIX d’autres nationalités. C’est beaucoup trop long, on va souper.

Déception. Il n’y a pas de Da Giovanni ni de Pizza Hut au village, ce qui nous oblige à rentrer dans un restaurant italien pas connu pour manger des pâtes inconnues. La machine à faire les spaghettis est détraquée, les quatre sortes de pâtes qu’on a commandées sont plus recroquevillées et tortueuses les unes que les autres. Je vous passe les noms, elles ne sont pas importées au Québec. Dodo à 9 heures.

Lundi

Un petit tour au village. Café. Ce sont les filles qui courent aujourd’hui; on va les encourager… avec les mains parce qu’on ne sait pas crier en Letton ou en Tchètchène. C’est un bon repos actif qui prépare pour le souper de pâtes du soir. Kathy et Claudia ont fait de belles courses.

Je vais vous parler un peu du village.

Altitude : 1 300 m. Une rue principale, sans auto, avec de belles vieilles maisons peintes en couleurs pastel. Très propre, quelques restaurants, un ou deux magasins, une boutique de sport, deux banques, une église, la mairie, la poste, trois boulangeries – pâtisseries – bars – cafés, deux fontaines et des skieurs.

Le magasin de sport, on l’a visité en quête des secrets du fartage italien. C’est simple, pour bien farter, tu mets du Rhode [Made in Italy, évidemment]. On a acheté quelques klisters.

Nouveau repas de pâtes, mais avec des modèles différents, plus stylisés, plus complexes. C’est Andrée et Carole qui choisissent sur le menu. Elles ont le sens de la pâte. Elles dénichent toujours le modèle surprenant, avec une couleur futuriste et une sauce exotique. Et c’est moi qui termine les assiettes…

En rentrant, on a farté  » Rhode  » comme de vrais Italiens.

Mardi

René part tôt pour le 15 km classique. Ça ne marchera pas très bien. Le klister Rhode ne se laisse pas appliquer facilement par les nord-américains. Il faut une main d’expert pour engluer une semelle et ça se solde par des skis dégueulasses, sans grippe et une course désastreuse.

À midi, c’est à mon tour de partir pour Passo Coe. Il fait chaud. La température grimpera à 18 °C pendant la course.

Même position sur le plateau de départ. De Zolt arrive à la dernière minute avec les caméras, les cris, la musique et la foule en délire.

Pan ! C’est parti. Je suis sixième après le plateau de départ, vingt-quatrième après quelques minutes. Plus personne ne me doublera; j’ai décidé d’ouvrir la machine. Quelques skieurs me dépasseront, mais je les redouble aussitôt. Je dois arriver au plus vite si je veux être à l’arrivée pour prendre une photo avec De Zolt.

C’est comme pour la première course, mais plus chaud, plus mouillé, plus pénible. Les skis ne glissent pas, la technique ne sert à rien. Mais la foule est là et pour ne pas la décevoir, je vais continuer à me battre [avec mon envie d’arrêter]. J’espère secrètement qu’à Lake Placid, l’an prochain, il fera froid. On va voir si les Européens sont aussi à l’aise… Mon gourou n’est pas là. Sur le bord de la piste, il m’a laissé un message :  » Suis à la piscine STOP  Attention aux coups de soleil STOP Reste une pizzalfredo [ma spécialité] STOP « . Je n’ai pas faim.

J’ai franchi la ligne d’arrivée heureux de ma performance, mais parfaitement conscient qu’il y a beaucoup de maîtres meilleurs que moi. Au fait, dans mes deux premières courses, je suis premier Canadien. Pas mal. Mais si j’étais M6 [55-59 ans], j’aurais terminé neuvième dans chaque compétition. Pas terrible. Carole a pris une photo de De Zolt et moi. Il était content de poser à côté de mon beau costume. Faut préciser que si on n’est pas les meilleurs, notre bel habit Pearl Izumi est de loin le plus beau. Vous le connaissez : jaune – rouge et des bulles grises. J’ai eu de la misère à ne pas le vendre. Tout le monde en veut un comme ça. Quand je pense qu’au Keskinada ils voulaient qu’on mette des papiers collants pour cacher les lettres, un peu trop grosses…

L’après-midi, on a fait du tourisme. Les routes sont magnifiques avec des cols impressionnants et des points de vue ahurissants. Le soir, pour changer, on a souper dans une pizzeria pas connue mais excellente.

Mercredi

Tourisme dans les Dolomites. On a échappé à une avalanche qui a traversé la route quelques minutes avant notre passage. Si je passe rapidement sur les journées de repos, c’est parce que je ne suis pas là pour écrire un guide touristique sur la Vénétie, mais pour le ski.

Au fait, je ne vous l’ai jamais dit, un de mes grands-pères était Italien [du Sud] et quand j’étais petit, ça parlait italien à la maison. J’ai tout oublié, quelle honte ! Pourtant, quarante ans après, j’ai instantanément retrouvé les odeurs et les goûts qui ont marqué mon enfance. Les senteurs de repas, les effluves de cuisine, tout était entreposé dans mon subconscient, prêt à ressortir au premier  » Buon giorno « . Alors vous comprendrez que mon tourisme, je l’ai fait avec le nez et les papilles gustatives beaucoup plus qu’avec les yeux.

Bref, on a passé une bonne journée.

Jeudi

On est parti skier dans un autre centre, mais après une heure de route tortueuse, on a échoué dans une prairie sans neige, devant un centre fermé. C’est donc à Passo Coe qu’on s’est entraîné.

C’est la journée des relais. René et moi on est bien contents de ne pas y participer. C’est épuisant avant un 50 km. D’autres Canadiens ont magnifiquement fait ça. Bravo !

Le soir, on a  » déklistéré  » les skis et après on a mangé des pizzas. Le choix a été long; il y en avait 71 au menu. J’ai choisi au pif : une pizza aux pommes de terre. Un désastre, parlez-en à Carole.

Vendredi

Veille du 50 km. J’ai fait un peu de classique, mais sans grande conviction; je n’arrive pas à farter convenablement. J’ai donc pris une décision qui s’avérera excellente. J’ai donné mes skis à un spécialiste farteur italien. C’est beau la confiance… Et le reste de la journée, je me suis reposé.

Samedi

Réveil à 6 heures 30, stressé, mais reposé.

Mauvaise surprise au départ. Les vagues sont aux cinq minutes et non aux dix mi-nutes. Je pars donc à 8 heures 15 au lieu de 8 heures 30. Et mes skis ne sont pas prêts.

Je les ai récupérés quatre minutes avant le coup de feu. Sans même les tester, je me suis aligné sur la première ligne, onzième trace. Maurillo fait la compétition de patin cet après-midi. Mon voisin de gauche, un Allemand, me reconnaît; il m’a rencontré à Canmore il y a deux ans. On a tout juste le temps de se serrer la main qu’il faut partir.

Ma double-poussée est dantesque, je suis le quatrième ou cinquième après le plateau de départ, mais quand mes skis ont quitté la trace pour toucher à la neige, j’ai arrêté net, stoppé par mes six couches de klister. Écrasé à terre, j’ai été piétiné par tout le paquet. Je me suis relevé derrière soixante-dix skieurs en folie. Gourou Fred est apparu :  » Tu as l’air tout plat, secoue-toi un peu. Une petite pizza ?  » Il arrive toujours quand je n’ai pas faim.

J’ai démarré tranquillement; 50 km c’est long.

La température est de 5 °C. Ça roule extrêmement vite dans les traces encore gelées. J’ai peur dans les virages. Le premier tour terminé, le mercure commence à monter et la piste se détériore rapidement. La glisse diminue de plus en plus. Pourtant, avec mon moral d’acier, je remonte tranquillement. La foule est moins dense, c’est tôt. Mais ça aide quand même d’être encouragé par des cris et des cloches, spécialement dans les montées qui sont maintenant impraticables. Les spectateurs, massés des deux côtés crient  » Heg-Ah  » pendant que tu grimpes. Sympathique ? Pas tellement. Plus tu montes, plus ils accélèrent le temps, plus tu t’épuises. On évolue dans une espèce de soupe et les skis disparaissent dans la  » slush  » qui recouvre le sol. Second tour sans problème. En fait, on fera un 45 km parce que la piste est trop abîmée pour faire plus.

Troisième et dernier tour. De plus en plus pénible. La chaleur est intense mais je suis en vingt-deuxième position. J’ai pensé à Georges Girard. Un jour il m’a dit qu’une course ce n’est pas seulement une compétition contre un adversaire ou un chronomètre, c’est aussi une ambiance, un état d’âme. Et c’est vrai, j’étais heureux. Heureux d’être en santé, heureux de suivre les meilleurs au monde, heureux d’avoir Carole qui m’attendait à l’arrivée, heureux de pouvoir forcer encore un peu jusqu’au fil d’arrivée, heureux des accolades données par des skieurs inconnus qui eux aussi sont fiers d’en avoir terminé avec les kilomètres.

La course de patin commence dans quelques minutes. Je vais alimenter René, Rob, Dick et les autres le long du parcours. Vous connaissez les pistes de Barry ? Ici c’est un peu pareil. On peut facilement voir les skieurs sept à huit fois sur un tour avec un minimum de déplacements. J’ai donc joué les porteurs d’eau tout l’après-midi. La température est maintenant de 15 °C et la piste est transformée en glissade d’eau. Entre les passages des compétiteurs et des compétitrices qui, elles aussi, sont en course, je crie, j’encourage, j’abreuve. Carole et Andrée font elles aussi le ravitaillement des amis et la navette des gourdes de jus sucré. Finalement, les skieurs auront raison de la piste et on s’est retrouvé, le Team Pearl Izumi au complet, pour la photo à l’arrivée.

Rendez-vous au banquet, après la douche.

Le banquet c’est la détente générale. Bien organisé. De longues tables accueillent les 1 200 participants pendant qu’un bataillon d’appétissantes jeunes filles remplit les assiettes. Impossible de converser, le bruit et la musique sont trop intenses. Mais le vin italien délie les langues et facilite les échanges interna-tionaux. C’est la fête : les Russes chantent, les Italiens dansent, les Français râlent, les Albanais viennent de se révolter, les Allemands mangent, et tout le monde boit.

Fatigués, on quittera la table avant le dessert. Un petit vent de tristesse souffle sur Folgaria. Demain, très tôt, les départs commencent.

Dimanche

Avec beaucoup de patience, on a réussi à entasser 14 paires de skis, 12 paires de bâtons, 4 gros sacs, 3 coffres de fartage, 4 petits sacs et 4 personnes dans la Fiat. Il reste un peu de place pour faire le plein d’essence. À 9 heures, on décolle via Venise. On respire chacun son tour et pour passer les vitesses, on ouvre les vitres.

À Treviso, on a arrêté dans un hôtel et pris le train pour Venise. Ça coupe le goût d’être romantique. Ça pue et on est coincé au milieu d’un million d’autres visiteurs. Pas question de se promener, on suit la marée humaine. C’est elle la guide touristique. Les bâtiments sont vieux, sales et mal entretenus et s’enfoncent tranquillement dans une eau boueuse et malodorante.

Tous les magasins à touristes vendent des masques et des poupées. Pas question de trouver une tour de Pise ou un Oratoire Saint-Joseph dans un globe de verre. Ça me déçoit beaucoup. Rapide passage à la place Saint-Marc. Pas un seul pigeon, il n’y a pas de place pour atterrir. La foule nous a ramenés au train de 19 heures 28. Une heure après, on dormait.

Lundi

J’ai abandonné l’auto à l’aérodrome, pris un dernier café et les vacances se sont terminées.

Une petite secousse, un gros bruit, quelques vibrations, le vol Alitalia pour Londres vient de décoller.

Avril 1997

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