Jan
24

Le ski de fond, un sport trop exigeant pour les Canadiens?

Le ski de fond, un sport trop exigeant pour les Canadiens ? par Stéphane Barrette

Quand on m’a demandé d’écrire un article sur le développement des athlètes, je me suis dit que c’était une belle occasion de tester ma nouvelle théorie ! En plus, bien sûr, de susciter les réactions du milieu… J’aurais pu vous entretenir sur les plus récentes découvertes en matière d’entraînement, mais je vous avoue que mes préoccupations en matière de développement des athlètes sont beaucoup plus fondamentales que les dernières trouvailles scientifiques…

Si je parle avant tout de préoccupations, c’est évidemment parce que la situation actuelle du ski de fond de compétition au Canada, pas seulement au Québec, soulève plus d’inquiétude que d’enthousiasme. Comme la plupart d’entre vous connaissez bien ce milieu, je ne vous apprends sûrement rien. Par ailleurs, pour répondre à ceux qui me trouvent déprimant avec mes articles, je ne prendrais pas la peine de remâcher nos déboires si je n’avais pas la ferme conviction qu’on a tout ce qu’il faut pour réussir. Je ne veux pas vous déprimer, je veux vous stimuler !

Tout de même, à l’intention des plus jeunes lecteurs, il faut dire que le ski de fond canadien n’a pas toujours été dans une telle situation. Il n’y a pas si longtemps, le Canada figurait tout de même parmi les dix premières nations au monde et ses athlètes réussissaient régulièrement à se classer parmi les vingt meilleurs, ce qui est loin d’être mauvais. C’est un détail très important, puisque ça veut dire qu’on devrait normalement connaître relativement bien la « recette » pour l’avoir appliquée avec succès déjà. En réalité, avoir déjà obtenu dans le passé de tels résultats, justifie les questions que l’on pose sur nos déboires actuels : que diable nous est-il arrivé depuis les années 80 ?

Il n’y a aucun doute : la réponse à cette question semble avoir une forte corrélation avec le déclin de la situation financière de Ski de fond Canada et par conséquent du programme de l’équipe nationale. Par contre, cela ne peut clore le sujet. Pourquoi nos subventions ont-elles tant baissé ? Pourquoi n’avons-nous pas réussi à maintenir malgré tout un niveau de performance intéressant ? Pourquoi des sports moins bien subventionnés que le ski de fond se sont-ils développés et ont-ils progressé malgré tout ?

Il y a évidemment autant de réponses que de questions. Pourtant, les questions par rapport à l’évolution de nos résultats internationaux depuis la fin des années 80 évitent le cœur du problème. Pour quiconque a un peu d’ambition et de vision, il n’y a en fait qu’une seule question à poser : comment se fait-il que le Canada ne fasse pas partie de l’élite mondiale en ski de fond ? Pourtant, nous bénéficions d’un environnement idéal pour le ski de fond et nous profitons d’infrastructures qui n’ont rien à envier aux autres grandes puissances de ce sport. En plus, ne faisons-nous pas partie du G7 (groupe des 7 puissances économiques de la planète) ? Dans ce contexte, même si on se plaît à invoquer cette raison à tout bout de champ, il me semble plutôt gênant de dire que ça a toujours été et sera toujours une question d’argent.

Mon jugement peut paraître dur, mais il me semble bien qu’on se préoccupe davantage de trouver des explications à ses déboires plutôt que de comprendre tout simplement que de moins en moins d’athlètes sont prêts à faire les sacrifices nécessaires pour atteindre le niveau international. Pourquoi ? Parce qu’on est dans une société choyée qui nous dorlote. La vie ici est tout simplement trop facile !

Quand les athlètes, les entraîneurs et les parents ne cessent de dire qu’on ne gagne pas sa vie en skiant, que les études doivent toujours rester la priorité, que le ski de fond ce n’est qu’un passe-temps… cela n’aide en rien la situation. Et si ce discours était vraiment légitime, pourquoi le serait-il plus pour nous que pour les Européens ? Croyez-vous que les athlètes norvégiens, italiens, finlandais ou russes qui font partie de leur équipe nationale ont eu un parcours facile ? Si oui, détrompez-vous ! Je vous garantis que c’est beaucoup plus dur pour ces athlètes de faire partie de leur équipe nationale que ce l’est pour les Canadiens. La seule différence, c’est qu’ils ont beaucoup plus de chances d’être champion du monde un jour que les Canadiens dans la même situation. Pourquoi ? Simplement parce qu’avec plus de compétiteurs à la base, la sélection naturelle pour se rendre à ce niveau est beaucoup plus élevée chez eux que chez nous. Résultat : ceux qui passent à travers les échelons menant à l’équipe nationale réussissent parce qu’ils sont particulièrement talentueux et qu’ils s’entraînent particulièrement dur.

En fait, il y a une autre différence, et elle est de taille : à peu près partout dans le monde, les athlètes sont respectés et font partie de l’élite de leur société. Ce n’est évidemment pas étonnant quand on connaît les aptitudes personnelles nécessaires à la réussite sportive : détermination, confiance en soi, discipline, combativité, jugement, esprit innovateur et j’en passe. Qu’arrive-t-il aux athlètes après leur retraite sportive ? Ils adaptent leurs aptitudes sportives au monde du travail et ont vite fait d’occuper les places de choix dans le monde professionnel. Les ex-athlètes sont des individus efficaces et productifs pour une société ! Pourquoi a-t-on autant de difficulté à comprendre ça au Canada ? Ce ne sont pourtant pas les exemples qui manquent !

En Norvège, les sélections nationales sont plus relevées que les championnats du monde eux-mêmes. Pourtant, il n’y a pas plus de postes disponibles que dans les équipes nationales des autres pays. Pourquoi croyez-vous qu’autant de Norvégiens tentent leur chance en sacrifiant beaucoup malgré des probabilités de réussite faibles ? J’entends la plupart d’entre vous dire que c’est leur sport national et que le ski de fond est une religion chez eux comme le hockey l’est ici. Je vous arrête tout de suite. Qu’on se détrompe de nouveau : le ski de fond est un sport amateur, que ce soit en Norvège ou n’importe où dans le monde. Au hockey, on peut être parmi les 300 meilleurs Canadiens et bien gagner sa vie (certains font des millions…) parce qu’il y a des débouchés professionnels. Ne serait-ce qu’en considérant la Ligue nationale de hockey, saviez-vous que plus de 50 % des 750 joueurs répartis dans les 30 équipes de la ligue sont des Canadiens (tiré de NHL.com) ? Faites le calcul… Même le 30e meilleur norvégien en ski de fond gagnera plus en travaillant au dépanneur du coin qu’en faisant des courses de ski de fond. Imaginez le 300 !

Si je vous dis tout ça, c’est pour qu’on comprenne que ce n’est pas l’argent qui fait les grands champions, ce sont leur détermination et leur talent. Et ça, ça ne s’achète pas.

Malgré tout, il serait malhonnête de dire qu’on ne rivalise pas avec d’autres sports pour attirer de nouveaux candidats, tout comme il serait malhonnête de dire que seule la motivation intrinsèque suffit. Il ne faut pas exagérer, on n’a quand même pas besoin d’être des saints-martyrs pour faire de bons skieurs ! C’est pour cette raison qu’il faut continuer à faire connaître notre sport, surtout que nous avons maintenant un outil de taille pour en faire la promotion : le sprint.

Il faut également faire en sorte qu’une carrière en ski de fond soit attrayante. À cet égard, les voyages en Europe ont toujours représenté un attrait de taille pour nos athlètes. On ne peut que se réjouir du retour de ce type de projet (tour B) pour les athlètes qui ne font pas encore partie de l’équipe nationale, mais pour qui les sacrifices sont déjà très importants. Il est en effet essentiel de garder ce type d’athlètes dans le « système », puisque ce sont nécessairement les prochains candidats à l’équipe nationale. Plus il y en aura, plus les meilleurs seront de haut niveau et plus le Canada connaîtra de succès sur la scène internationale.

Entre-temps, on n’arrivera à rien tant que tous les intervenants que nous sommes n’encourageront pas nos athlètes à faire les sacrifices nécessaires; au moins jusqu’à ce qu’ils aient une bonne idée de leur potentiel maximal. De toute façon, ce n’est même pas une question de choix. Le niveau mondial est tellement élevé et il y a tellement de profondeur dans le peloton de Coupe du monde qu’il est impossible de gagner à ce niveau sans prendre des risques. À nous de choisir et de prouver (je sais que c’est dur…) qu’on n’est pas tous nés pour un p’tit pain.

 

Jan
01

Le Camp des maîtres… de l’an 2030

 

Dans une trentaine d’années, le Camp des maîtres se déroulera dans le « sunshine state ». Le réchauffement de la planète aura déplacé la neige vers le sud. Nous serons alors les véritables « snowbirds ». Les faux oiseaux resteront au Québec à se faire « toaster la bedaine ». Le recrutement de nos membres se fera par les foyers et les CHSLD.

Malheureusement (ça dépend pour qui), les mâles seront une denrée très rare, chacun y valant son pesant d’or.

Les consultations en nutrition seront axées sur les vertus du pudding au tapioca de Montignac. Les vieux maîtres qui consulteront en planification de l’entraînement seront toujours préoccupés par les mystères des intervalles intermittents. Ceux qui en auront mal compris les principes, se retrouveront en massothérapie.

Le volet compétitif du camp fera appel à des relais de 10 x 1 km sur un parcours à 100 % plat. Les catégories d’âge débuteront à 70 ans avec des tranches au mois. La carte d’âge d’or sera obligatoire. La musique de la soirée fera appel aux danses en ligne. Nous aurons toujours le vin d’Alfredo, mais avec un taux d’alcool de 1 %. Les prix de présence seront des leçons gratuites de ski de fond dans les « Y ».

Trente ans plus tard, le vieux Paul (Junique) n’aura pas encore digéré s’être fait « clancher » par un maigre trois secondes lors de l’ascension du mont Sainte-Anne. Dieu lui pardonne.

 

Nov
20

The 2050 Masters World Cup: where are the snows of days gone by?

The 2050 Masters World Cup: where are the snows of days gone by? by Rock Ouimet, Ph.D., XC-addict and forest scientist.

Québec city, Canada

Dear XC-skiers who do not fear to be able perform someday in the 80+ year old class, have you only asked yourself this silly question : “Will we still have snow in 2050 in the Northeast?”

Atmospheric scientists foresee that gazes causing the greenhouse effect will double their concentrations in the next 50 years. “So what?” You say. Well, in Eastern North America, this will cause a rise in temperatures of about +3.5°C (+6.3°F) and total precipitation will increase around 20% (snow + rain). Such a climate change will have unfortunate consequences on snow conditions, and on skiers’ mood… Will this situation make us replace our skis by rollers in the middle of January, or pedal a bike on mushy paths? Or worse: shall we move north of Chibougameau to practice our favourite sport?

The modern sorcerer

In the attempt to answer these preoccupying questions, your scientific XC-skier spent nights up clear modelling the impact of climate warming on snow accumulation in forests around Québec City, host of coming year World Masters Championships (Feb. 22 – March 2, 2002). The hydrological model used basic meteorological data: monthly temperature and precipitation averages. Using the Québec regional weather archives, it has been possible to reconstruct snow accumulation on the forest ground for 120 years (1876-1995).

First, in order to evaluate the impact of climate warming on snow cover, I simulated an increase of 3.5°C for the monthly temperature averages over a 120 year span. In the second simulation, I also increased the monthly precipitation averages by 20%. Let’s have a look at the results.

Nice curves

The model simulation results, shown in figure 1, illustrate three parameters deemed important for XC-skiers : A) the amount of rain, B) the amount of snowfall, and C) snow cover on the ground. Within each plot, we find three curves: 1) actual data from the 120 years record, 2) the first scenario output (+3.5°C), and 3) the second scenario output (+3.5°C and + 20% total precipitation).

Rainfall

In the first scenario, precipitation as rainfall increases by 71% in January and February, passing from 14 mm/month on average to 24 mm/month (plot A). Adding  a 20% total precipitation increase doubles the amount of rain that would fall at this time of the year compared to recorded averages. In both scenarios, climate warming would increase dramatically the amount of rainfall during winter.

Snowfall

Examining plot B, one can notice that snowfall would be reduced by 10% in the first scenario. Snow would also start later in the fall; instead of beginning in early October in the Québec City area, snowfall events would start on average two weeks later. Similarly, at the end of the ski season, snow would stop falling about two weeks earlier, i.e. in late March instead of mid April. We get the same results for the second scenario, except that snow would be falling at almost the same rate as the average brought forth in the records.

Snow cover

Concerning the accumulation of snow on the ground, results obtained from historical records indicate that snow usually starts to remain on the forest ground in the third week in November at Québec City (Plot C). A 3.5°C rise in temperature (first simulation) would cause a delay in snow appearance of about two weeks. Inversely, snow would disappear about two weeks sooner Springtime. Considering that about 8 in. (20 cm) of snow is necessary to do XC-skiing in forests, the average ski season would be shortened by about an entire month (i.e. down from 4 to 3 months). Moreover, with a 3.5°C warming, the maximum snowpack thickness (in March in Québec City) would decrease by 28% (down from 37 to 27 in.).

Increasing the temperature and precipitations (second simulation) would temper this reduction in snowpack thickness (maximum snowpack of 33 in.). However, the increased precipitations would only have a negligible  effect to counteract ski season reduction caused by climatic warming. Soon will it be the time to say “good bye” to those dear snowbanks who welcome us at the bottom of some steep hill? Will we have to improve our style in the wet or icy snow in order to get by 2050? It seems so…

Model limits

Of course, one must take these simulations with a grain of salt – or a snow flake! – because of the crude manner the hydrological model handles certain processes, such as the one controlling the amount of precipitation falling as snow and rain at certain temperatures. This particular process is also influenced by wind conditions, circulation of air masses, and their provenance. At this stage, the model cannot integrate these parameters that would simulate, for instance, climatic extremes such as the 1998 ice rain catastrophe in the Northeast. By the way, these extremes may increase in occurrence and in intensity with climate change.

This exercise suggests that the climate change forecasted 50 years from now will have a major impact on winter sports. This impact will probably extend through all nordic countries because that is where climate change is more pronounced. Will XC-skiing in bathing suits (or not!) be a new winter sport in the 21st Century?

Figure caption

Figure 1. Expected impacts of three climatic scenarios (actual records, +3.5∞C temperature increase, and +3.5∞C temperature plus +20% precipitation increases) on A) rainfall amount, B) snowfall amount, and C) snowpack thichness in the Québec City forests areas.

Nov
01

Comment devenir champion-ne mondial-e

Comment devenir champion-ne mondial-e par Stéphane Barrette

Afin de dresser le portrait idéal du développement d’un athlète, je vous suggère d’établir en premier lieu les déterminants de la performance pour un athlète au sommet de sa discipline. Sans être des plus exhaustive, cette analyse de la tâche est fondée sur des connaissances et des expériences pratiques d’entraîneurs et de physiologistes de renommée nationale ainsi que sur une revue de littérature sommaire sur la question. Le but est avant tout d’avoir une idée relativement précise des exigences de notre sport.

Cet exercice nous permettra ensuite de juger des conditions de développement nécessaires à chacun des stades de la carrière de cet athlète. Nous pourrons finalement quantifier l’écart entre la situation actuelle et la situation souhaitée en prenant soin d’en tirer les priorités qui devront guider nos efforts ces prochaines années.

Les éléments du succès

Comme vous le constaterez, le ski de fond est un des sports les plus exigeants qui existent. Ce n’est pas pour rien qu’il faut environ 10 ans d’entraînement sérieux avant de pouvoir remporter une médaille olympique, et encore là, à condition d’avoir bien choisit ses parents…

• VO2max : près de 90 ml O2/kg/min (homme) — les plus hauts, tous sports confondus — et 80 ml O2/kg/min (femme) ; il n’est pas rare d’atteindre ses fréquences cardiaques maximales au cours de la course.

• Très bonne maîtrise technique, classique et style libre : pas de spécialité en ski de fond, la Coupe du monde confond les épreuves de style classique et de style libre pour le classement cumulatif.

• Bonne puissance musculaire : bien que l’effort soit continu en course, il n’est pas constant. On est  » à bloc  » dans les montées et au sprint final tandis qu’on récupère un peu dans les descentes (sauf à Nagano…).

• Souplesse : comme pour la plupart des sports, permet une efficacité technique accrue et permet d’amoindrir le risque de blessures.

• Soutien médical : extrêmement important compte tenu du stress physique que représente l’entraînement de haut niveau en ski de fond; le défi principal est la rapidité de récupération (plus on récupère vite, plus on peut s’entraîner fort et plus on améliore nos performances…).

• Très bonnes aptitudes mentales : on parle ici de préparation mentale à la performance pour conserver une concentration à toute épreuve en course et tolérer un niveau élevé de douleur.

• Équipement et fartage très performants : même si un 10 km, par exemple, prend environ 25 minutes à compléter, l’écart entre les coureurs est souvent de quelques dixièmes de seconde seulement ! Vous comprendrez qu’une paire de skis pas tout à fait à la hauteur peut facilement vous faire perdre 30 positions…

Il y a évidemment bien d’autres facteurs, mais disons que ceux-là sont les principaux.

Le développement de notre champion (le masculin est utilisé pour simplifier le texte)

Maintenant que l’on sait de quoi est fait un athlète de niveau mondial, regardons de plus près ce qui lui a permis d’atteindre ce niveau.

1. Il naît de parents qui ont de saines habitudes de vie et aux antécédents sportifs notoires.

2. Il vit dans un environnement paisible où la nature est son terrain de jeu quotidien.

3. Vers 3 ou 4 ans, il apprend à chausser une paire de skis et fait même une balade de temps en temps avec papa et maman.

4. Il se retrouve très vite dans un club où il pratique maintenant son activité préférée avec ses amis et sous la supervision d’un moniteur qui ne manque pas de leur offrir toutes les occasions de développer les diverses habiletés propre au ski de fond.

5. À l’âge de 7 ou 8 ans, il commence à prendre part à ses premières compétitions afin de faire comme son idole, le grand Bjorn Daehlie, mais surtout parce que c’est maintenant dans son mode de vie. D’ailleurs, il n’a que l’embarras du choix les fins de semaine, puisque plusieurs courses se tiennent à distances raisonnables de chez lui, dont certaines sont très relevées.

6. Il fait partie d’une école où les activités de ski de fond font partie du curriculum et où il peut poursuivre son développement sportif en harmonie avec sa formation académique. Bien sûr, comme il est encore jeune, il participe également à bien d’autres activités qui l’amusent tout autant.

7. Pendant plusieurs années, il demeure sous la supervision d’entraîneurs chevronnés aux compétences techniques indiscutables, ce qui le rend un des meilleurs skieurs de son club. Dans son pays de neige, il a tellement de plaisir à skier qu’il ne comprend pas que tous les enfants ne fassent pas comme lui !

8. À l’âge de 14-15 ans, la compétition est déjà très forte dans son groupe d’âge puisqu’il doit affronter près de 200 des meilleurs skieurs de son âge lors du championnat national. Comme il figure déjà parmi les meilleurs, il commence à prendre part à quelques voyages avec l’équipe d’élite de sa région. L’entraînement commence à prendre plus d’importance et il s’attarde particulièrement au perfectionnement de sa technique déjà excellente tout en augmentant son volume d’entraînement. Tout ça pour atteindre éventuellement la résistance nécessaire à une intensité d’entraînement plus élevée.

9. À 16 ans, il commence à mettre l’accent sur le développement du VO2max, si important dans son sport. Pour les prochaines années, le focus se dirigera vers l’amélioration de la puissance aérobique et anaérobique, même si beaucoup d’heures seront encore consacrées à la distance lente et au raffinement technique.

10. À ce stade-ci de son développement, alors que les exigences de l’entraînement et de la compétition prennent de l’ampleur, il profite d’un soutien financier accru ainsi que d’un horaire académique allégé et souple.

11. À 18 ans, il fait maintenant partie de l’équipe nationale junior et prendra part à son premier Championnat du monde.

12. Maintenant qu’il a terminé sa croissance, il commencera à mettre davantage l’accent sur la résistance musculaire et la capacité anaérobique, bien que le développement du VO2max restera toujours une préoccupation majeure.

13. Compte tenu de son niveau de performance, rien n’est laissé au hasard. Il bénéficie de très bonnes commandites.

Novembre 1998

Nov
01

Un, deux, trois, fartez…

Un, deux, trois, fartez… par Paul Junique

L’Écho des maîtres vous dévoile enfin, en primeur, ce document tant attendu dans le monde du fartage. Ces réflexions personnelles vous aideront à beurrer correctement vos skis et à comprendre pourquoi ceux du voisin sont toujours plus rapides que les vôtres.

Je tiens à rassurer tout de suite les angoissées, les angoissés et les malhabiles; il est inutile de savoir farter pour performer. Pensez-vous que Daely et Dicenta flattent leurs skis ? Pas du tout. Deux ingénieurs, un météorologue, deux techniciens et plusieurs commanditaires s’occupent du cirage de leurs semelles. Avec la même équipe, vos problèmes seraient résolus.

Dans tous les ateliers de fartage, l’animateur commence par expliquer l’importance du choix du ski. Pourquoi ? Parce que sans ski, pas de fartage. C’est l’évidence même et pourtant personne ne prend la peine de le préciser.

Pour choisir le ski le plus adapté à votre morphologie, achetez un des vieux skis de A. Fortier. Ce dernier vous démontrera facilement que c’est exactement le ski qui vous convient. Si vous préférez vous rendre dans une boutique de sport, choisissez un magasin où l’on pratique le test de la feuille de papier. Le vendeur glisse une feuille de papier sous votre ski, vous grimpez sur le ski, le vendeur tire sur la feuille et…

• la feuille se déchire (soit le papier est de mauvaise qualité, soit le ski est trop mou) ;

• la feuille ne se déchire pas (soit le papier est d’excellente qualité, soit le ski est trop cambré).

Mais, que dire d’un papier de bonne qualité et d’un ski trop cambré ou bien d’un papier de mauvaise qualité et d’un ski trop mou ? Ces deux combinaisons enlèveraient toute valeur au test. Exigez donc un papier de bonne qualité et un ski adapté à votre morphologie avant de choisir la cambrure de vos prochaines planches.

Si votre budget est limité en choisissant un ski de patin et un ski de classique, vous obtiendrez une paire de skis combinés, à prix avantageux.

Je vous livre ici quelques trucs pour faire professionnel et impressionner le vendeur :

• mirez la base en pointant une lumière et faites entendre un léger grognement de satisfaction ;

• exigez que votre fixation soit installée à 1/16 de pouce de la position conventionnelle ;

• demandez si les skis proposés sont de la série 50021-PS-42 qui, un ami bien placé vous l’a affirmé, ne vaut rien et a été envoyée en Amérique du Nord pour débarrasser les entrepôts des fabriquants européens.

Et maintenant, quelques conseils pour ne pas faire amateur et désappointer le vendeur :

• face aux skis alignés le long du mur du magasin, ne donnez pas un coup de pied (comme on le fait pour tester les pneus d’une nouvelle auto) dans les spatules ;

• ne racontez pas votre dernière sortie avec Pierre Harvey. C’est impossible que Pierre connaisse les centaines de skieurs qui ont raconté la même histoire ;

• ne demandez pas s’il faut mettre une couche de goudron sur la base; les vendeurs sont généralement trop jeunes pour savoir ce que c’est.

Les skis une fois achetés, il faut  » préparer la base « . Si vous décidez de faire la préparation dans un lieu public, munissez-vous d’un tablier aux couleurs d’une compagnie connue (essentiel pour bien paraître). Évitez une inscription du genre  » C’est moi qui lave la vaisselle  » ou bien  » Elvis est toujours vivant, il skie au Mont-Sainte-Anne « . Ça fait amateur.

Mais pourquoi faut-il préparer la base ? Parce qu’elle s’est oxydée et que les farts ne rentreront plus dans les pores prévus à cet effet. Ça, c’est la réponse habituelle; mais personne ne vous explique le mécanisme de l’oxydation. Je vais donc prendre quelques lignes pour clarifier tout ça.

À l’origine, une oxydation est une fixation d’oxygène, mais par extension, on considère l’oxydation comme une perte d’électrons. Votre base a-t-elle fixé de l’oxygène ou a-t-elle perdu des électrons ?

• Si c’est l’oxygène qui s’est fixé, les trous pourraient être bouchés, ce qui justifierait l’élimination d’une couche de base par grattage. Mais dans le cas d’une perte d’électrons, les trous seraient agrandis et gratter la base deviendrait inutile.

• Vous connaissez beaucoup de maîtres farteurs qui ont étudié ces mystères ?

Bref, grattez votre base si vous ne craignez pas de l’abîmer, après tout, c’est vous qui l’avez payée. Et n’oubliez pas de terminer le travail avec un passage au Fibertex, pour couper les poils. Une lame de rasoir neuve peut faire le même travail et ça se fait même sous la douche.

Il va de soi que tout farteur qui se respecte a un banc de fartage. C’est une forme de bois destinée à recevoir le ski pendant qu’on le frotte et c’est fabriqué par tous les  » mononcles  » bricoleurs qui les offrent en cadeau pour Noël. Si vous n’avez pas de mononcle bricoleur, prenez deux chaises et servez-vous des dossiers.

À partir de maintenant, c’est la pochette de fartage qui va retenir notre attention.

Une pochette de fartage, ce n’est pas une poche dans laquelle on range le fartage. C’est une zone bien délimitée, sous le ski, où il faut appliquer le fart. Personne ne sait exactement où se trouve cette zone, alors faites comme tous les skieurs, mettez des marques sur les côtés des skis et laissez les autres croire que vous savez où se trouve votre pochette de fartage.

Pour les skis de classique, on recommande d’appliquer une couche de fart de base. Fumisterie. Avez-vous vu quelqu’un farter le dessus d’un ski ? Non. Donc, tous les farts sont des farts de base, puisqu’on les applique sur la base. Alors pourquoi mettre un fart de base avant d’appliquer le fart du jour qui lui-même est un fart de base ?

Passons à une autre hérésie : le fart du jour.

Le fart du jour peut très bien être le même que celui de la veille ou le même que celui de la dernière sortie de la saison précédente. Alors pourquoi l’appeler fart du jour ? Appliquez donc un fart universel en début de saison et laissez-le s’user tranquillement au fil des sorties. Vous aurez ainsi un fart de tous les jours et plus de problème de fart du jour.

Le fart de glisse (glider) s’applique sur toute la longueur du ski et ne sert absolument à rien puisqu’on l’enlève aussitôt étendu. Pour économiser, utilisez un baby glider : d’un format plus petit, il est plus économique. D’autres farts s’achètent également dans les magasins pour enfants : les poussettes. Il y en a de toutes les couleurs, mais avec les sept couleurs de l’arc-en-ciel, toutes les combinaisons sont accessibles. Le choix d’un fart est simple : il est affiché dans les centres de ski et sur Internet.

Quelques questions embarrassantes, à ne pas poser à votre prochain atelier de fartage :

• Si on applique plusieurs couches, est-il préférable de mettre (par exemple) huit fois une couche ou une fois huit couches ?

• Au motel, est-il possible de laisser les skis devant la porte de la chambre pour qu’ils soient cirés pendant la nuit ?

• Pourquoi le couvercle des poussettes ne tient-il plus une fois qu’on a commencé à enlever l’enveloppe métallique ?

• Quels critères ont servi au choix de la couleur verte pour les conditions froides et de la couleur rouge pour les conditions chaudes ?

Le klister est le fart qui tient le mieux et qui ne nécessite que quelques minutes d’application pour des heures de nettoyage. On l’utilise principalement pour nettoyer les pistes en fin de saison. Cependant, il permet aussi de beurrer les sièges d’auto.

Pour terminer, je vous livre quelques secrets jalousement gardés par tous les vieux pros du fartage :

• le rainureur (petit appareil servant à détruire une base neuve en quelques secondes) se remplace en cas d’urgence par une lame de couteau à pain dentelée ;

• la brosse en crin de cheval (belle brosse sur laquelle on écrit son nom, son adresse, son numéro d’assurance sociale pour se la faire retourner en cas de perte) se remplace en cas d’urgence par une brosse à souliers (belle brosse, beaucoup moins chère) ;

• le défarteur (liquide de composition secrète) est de bonne qualité si on retrouve sur l’étiquette l’inscription  » En cas d’inhalation, appelez vite un médecin  » ;

• le liège se remplace en cas d’urgence par un bouchon de bouteille de vin. Ça tout le monde le sait, mais pour obtenir de meilleurs résultats, prenez un bouchon de Bordeaux pour liéger le fart rouge, un bouchon de Muscadet pour le fart jaune, un bouchon de Baby Duck pour le fart bleu et un bouchon de Champagne pour le Cera F.

Enfin, un bon conseil : faites fondre vos vieux farts pour les mélanger et vendez aux nouveaux de votre club le miraculeux  » Premix  » ainsi préparé.

Vous en savez maintenant presque autant que moi sur les secrets du fartage et si vous posez des questions à la fin du prochain atelier, tout le monde saura que vous n’avez pas lu cet article.

Je tiens à remercier mes maîtres farteurs : Stéphane, Côme, Luc, Aloïs. Ce sont eux qui ont inspiré ces lignes. Pour conserver leur anonymat, je place leurs noms dans le désordre, ainsi ils seront honorés et personne ne les reconnaîtra : Votchovski, Germain, Desrochers, Barrette.

Ces trois anecdotes, avant de vous laisser.

En 1921, aux Championnats du monde des maîtres, à Saint-Léonard, A. Fortier, commandité par une marque de bière bien connue, prend de la bleue. Il gagne une médaille.

En 1923, aux Championnats du monde des maîtres, à Saint-Léonard, A. Fortier, commandité par une marque de vin bien connue, prend du rouge. Il gagne une médaille.

En 1998, aux Championnats du monde des maîtres, à Lake Placid, P. Junique, non commandité, ne gagne aucune médaille.

Bye, Bye. On se revoit au Camp des maîtres, à l’atelier de fartage…

Novembre 1998

Nov
01

Douleur à l’aine

Douleur à l’aine par Charles Brière, kinésithérapeute

À chaque début de saison de ski de fond, on se retrouve régulièrement avec une douleur à l’aine souvent due à une élongation du muscle  » psoas « ; ce muscle étant peu sollicité à la course et au vélo, sports que vous pratiquez le plus souvent en période estivale.

Un des rôles de ce muscle est de freiner l’hyperextension de la hanche et comme le ski de fond, par sa motion, provoque cette hyper-extension de la hanche et que souvent l’étirement de ce muscle a été négligé durant l’été, la blessure apparaît et peut être traînée sur toute votre saison.

Comment éviter cette blessure ? Un étirement spécifique au  » psoas  » avant votre saison de ski est bien souvent la clé. Voici comment :

Novembre 1998

Nov
01

Vous vous entraînez pour une loppet? Faites-le intelligemment.

Vous vous entraînez pour une loppet ? Faites-le intelligemment. par Louise Poirier

En règle générale, l’exercice, c’est bon pour la santé. Le problème, c’est que les sportifs ont un enthousiasme débordant. Et cet enthousiasme conduit parfois à la blessure d’usure qui est deux fois plus fréquente que le traumatisme. Périostite, tendinite, myosite, fasciite, bursite, fracture de stress, voilà des blessures d’usure qui résultent de la surutilisation d’un muscle, d’un tendon, d’un ligament, d’un cartilage.

Ces blessures d’usure, qu’on appelle aussi blessures de fatigue, sont généralement causées par un changement dans le mode, l’intensité ou la durée de l’entraînement. Quand on attrape la piqûre de l’exercice, on ne peut plus s’en passer et une force incontrôlable nous pousse à augmenter continuellement la dose et l’on peut oublier de laisser au corps un temps d’adaptation.

Sans une bonne récupération, la mécanique du corps subit une surcharge et les tissus, au lieu de resplendir de santé, se dégradent. Une douleur apparaît, devient persistante, voire aiguë. C’est la panique, puisque le sportif blessé doit interrompre ou ralentir la pratique de son activité favorite.

Jacqueline Gareau, la reine du marathon de 1978 à 1988, a aussi été la reine des blessures d’usure. Il faut dire que la course à pied est particulièrement propice à leur émergence. Jacqueline a eu des périostites, cinq ou six fractures de stress aux pieds, des fasciites plantaires, des tendinites aux genoux et aux hanches. Pas facile à gérer pour une athlète professionnelle qui, malgré tout, a réussi à courir son meilleur marathon en 2 h 29 min 32 s.

Pourquoi a-t-elle subi tant de blessures ?  » Au départ, j’avais les pieds instables. J’ai aussi fait de mauvais choix de chaussures. Je n’étais pas non plus une grande adepte des exercices d’étirement. Mais je pense que la raison principale de ces blessures se trouvait dans ma façon de m’entraîner. J’augmentais trop rapidement le volume et l’intensité de mes séances de course. Je suivais mon intuition au lieu de respecter un programme plus équilibré.  »

En fait, plusieurs facteurs contribuent au développement des blessures d’usure. Il y a les facteurs intrinsèques, qui peuvent être plus difficiles à modifier : un manque de flexibilité, de la faiblesse musculaire, de l’instabilité articulaire. Puis, il y a les facteurs extrinsèques, qui sont plus facilement contrôlables puisqu’ils sont reliés à l’entraînement : l’usage d’un mauvais équipement ou d’un équipement mal adapté, comme des dragonnes de bâtons de ski de fond mal ajustées; un environnement inadéquat, comme un parcours cycliste comptant trop de pentes pour un début de saison de vélo; une technique déficiente, comme celle d’un grimpeur qui fait subir à ses doigts des efforts exagérés; le mauvais dosage d’entraînement — celui, par exemple, d’un skieur qui skie pendant quatre heures à sa première sortie sans s’être préparé adéquatement au préalable.

Pour Lucie Poulin, physiothérapeute chez Physio-Santé, à Hull, et professeure à l’École de réadaptation de l’Université d’Ottawa, un bon traitement ne doit pas seulement soigner la blessure, il doit s’attaquer à la cause du problème.  » Tout en soignant la blessure, il faut renforcer certains muscles, en étirer d’autres et, parfois, changer le patron d’utilisation des muscles dans le mouvement.  » Par exemple, à une skieuse de fond spécialiste du pas de patin et victime d’une inflammation de la bandelette ilio-tibiale située sur la face externe de la cuisse, Lucie a traité la blessure avec des ultrasons, du courant interférentiel, de la glace et des anti-inflammatoires. Mais elle a aussi prescrit des étirements de sa bandelette, le renforcement des muscles fessiers et un nouvel apprentissage du mouvement d’abduction de la cuisse sollicitant davantage les fessiers.

À moins d’une douleur très aiguë, Lucie ne recommande généralement pas le repos total pour soigner une blessure d’usure (de toute façon, rares sont les gens qui veulent arrêter; Jacqueline n’arrêtait jamais complètement de s’entraîner malgré ses blessures).  » Je courais dans l’eau, je faisais du vélo ou j’évitais de courir dans des montées.  »

Petit conseil : si une blessure d’usure vous assaille, n’attendez pas aux calendes grecques pour la faire soigner. Cherchez d’abord à obtenir un bon diagnostic d’un médecin compétent. Tentez de déterminer avec lui et le physiothérapeute les causes de la blessure. Contrôlez ensuite l’inflammation par des anti-inflammatoires, des applications fréquentes de glace, du repos, une compression (bandage ou taping) et l’élévation du segment blessé. Passez graduellement à l’action avec des exercices d’étirement et de renforcement prescrits par votre thérapeute. Aussi, n’oubliez pas de maintenir une bonne forme générale pour oxygéner et alimenter les tissus endommagés et pour garder le moral. Corrigez votre technique, ajustez ou changez la pièce d’équipement inadéquate et, surtout, prenez la ferme résolution de progresser raisonnablement sur le plan de la durée et de l’intensité. Jusqu’à preuve du contraire, le repos restera toujours une partie importante de la pratique sportive. Apprendre à ménager consciemment ses efforts, c’est l’art de toute une vie.

Cet article a été publié dans Géo plein air de février 1998. Nous avons obtenu l’autorisation de reproduction.

Novembre 1998

Nov
01

Jeux de 2050 : Mais où seront les neiges d’antan?

Jeux de 2050 :  » Mais où seront les neiges d’antan ?  » par Rock Ouimet

Aux valeureux(ses) maîtres(esses) skieurs(euses) qui vous entraînez comme des spartiates, non dans l’espoir de gloire dans les catégories seniors ou vétérans des circuits de course, mais dans le but ultime et avoué de maintenir une forme physique à travers les années pour un jour performer dans la catégorie 100 ans et plus, vous êtes-vous d’abord posé cette question qui hante depuis quelque temps votre humble correspondant : y aura-t-il de la neige encore dans 50 ans au Québec ? Avec le réchauffement climatique prédit par les chercheurs, serons-nous restreints à faire en plein janvier des petits ronds en patin ou en ski (ou chaise ?) à roulettes sur les plaines d’Abraham, à pédaler sur nos vélos de montagne toute l’année dans les sentiers moites du parc du Mont-Tremblant ou dans l’Estrie, ou à transporter le Camp des maîtres, de la Forêt Montmorency à Chibougamau ?

Pour tenter de répondre objectivement à ces questions primordiales, votre professeur Tournesol a passé des nuits blanches comme neige à réaliser des simulations par ordinateur d’un modèle hydrologique qui fournit, entre autres, l’épaisseur de la couverture de neige qui s’accumule en forêt. Ce modèle utilise comme intrant des données météorologiques de base : température et précipitations mensuelles. Il a été calibré pour un bassin versant de la forêt de Duchesnay, près de Québec (Duchesne et al. 1996). En utilisant les données météo disponibles de la région de Québec, nous avons constitué une série chronologique allant de 1876 à 1995 pour estimer, grâce au modèle, l’épaisseur moyenne de la couverture nivale durant l’année. Pour évaluer l’impact d’un réchauffement climatique sur la couverture nivale, nous avons augmenté la température moyenne mensuelle de cette série chronologique de +2,5 °C.

Est-il vrai que la planète se réchauffe ?

La planète n’a gagné que 1 °C au cours des 1 000 dernières années. Cependant, au Canada la température moyenne annuelle s’est déjà accrue de 1 °C depuis les 100 dernières années. L’augmentation récente et continue des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en particulier le CO2(Figure 1), entraîne un réchauffement d’une rapidité encore jamais enregistrée. Au rythme où s’accumulent ces gaz dans l’atmosphère, les modèles globaux de circulation atmosphérique prédisent qu’avec le doublement de la concentration actuelle en CO2 (passant de 300 à 600 ppm) qui se produira d’ici 50 ans (si on continue de se grouiller les fessiers, hein Léon ?!), le Québec méridional subira une augmentation de température annuelle moyenne de +2 à +4 °C (Environnement Canada 1997). Conséquemment, les hivers devraient être plus doux et les précipitations sous forme de neige moins abondantes…

Figure 1. Évolution de la concentration en CO2 de l’air entre l’an 1006 et 1978 mesurée à partir de carottes de glaces de Law Dome, Antartique (Etheridge et al. 1998).

La communauté scientifique s’accorde de plus en plus pour attribuer la hausse de la concentration des gaz à effet de serre à l’activité humaine. Sportifs de tout poil, vous suez trop ! En effet, est-ce que les sportifs qui possèdent un grand VO2max rejettent plus de CO2 dans l’air que ceux qui en ont un petit ? Si tel est le cas, devrait-on pénaliser ces gros pollueurs ? Leur donner un handicap (disons +5 minutes par 10 km) ? Avouons que ces réflexions soulèvent des questions d’éthique qui nous éloignent du sujet de cette chronique… J’y reviendrai un jour.

Impact d’un réchauffement de +2,5 °C

Je vous épargne ici toute description du modèle de simulation. Cependant, il faut mentionner qu’il n’a pas été construit initialement dans le but d’évaluer l’impact des changements du climat sur les processus hydrologiques. Après quelques modifications et de nombreux traficages maison apportés au modèle de simulation, je crois qu’il est l’un des rares modèles qui puisse fournir à ce jour une esquisse de réponse à notre question existentielle concernant la couverture de neige au sol.

La figure 2 montre deux courbes en forme de cloche. Elles représentent les valeurs moyennes estimées de l’épaisseur du couvert de neige au sol sur 120 ans sous couvert d’érablière dans la région de Québec. La courbe en gras présente le scénario normal, soit le régime de température historique; la seconde résulte du scénario où la température moyenne mensuelle a été augmentée de +2,5 °C (les quantités de précipitations totales demeurent inchangées pour les deux scénarios).

Figure 2. Épaisseur moyenne sur 120 années de la couverture de neige au sol dans une érablière dans la région de Québec sous le régime de température historique et sous un régime de température mensuelle accrue de +2,5 °C.

Le modèle indique qu’en moyenne l’épaisseur maximale de neige au sol, en mars, passerait de 115 à 69 cm, soit une diminution de 39 %. Adieu bancs de neige qui nous accueillaient si moelleusement en bas des côtes, on a affaire à améliorer son style sur la dure si on veut avoir des chances de se rendre en 2050 !

D’après le modèle, la période avec couvert de neige au sol en forêt à Québec serait réduite d’environ deux semaines en automne et au printemps. Ce qui laisserait quand même, soyons optimistes, une saison de ski d’environ 14 semaines comparé à environ 18 semaines actuellement pour les professionnels de la fardoche (sur une base minimum de 20 cm de neige au sol).

Évidemment, il faut prendre avec un grain de sel (ou un flocon de neige !) ces prédictions en raison de la modélisation encore grossière de certains processus, en particulier celui qui contrôle la proportion de la précipitation incidente qui tombe sous forme de neige. Dans le modèle actuel, ce processus n’est contrôlé empiriquement que par la température, alors qu’en réalité il dépend aussi, entre autres, des masses d’air en circulation et de leur provenance. Le verglas par exemple, ça vous rappelle quelque chose ?

En guise de conclusion, cet exercice nous fait prendre conscience de l’impact potentiel d’un réchauffement du climat, fut-il modéré, sur notre vie de skieur. Les deux derniers loppets au mont Sainte-Anne nous en ont donné un avant-goût. D’un côté pratique, déménager dans l’Ouest à Rogers Pass serait une solution. Une autre consisterait à verser dans l’art de structurer les skis et dans l’application des farts au fluor. Mais attention, ce dernier produit est sur ma liste d’examen environnemental, victime attendue d’une prochaine chronique dans votre bulletin préféré.

Références

Etheridge D.M., L.P. Steele, R.L. Langenfelds, R.J. Francey, J.-M. Barnola et V.I. Morgan 1998. Historical CO2 records from the Law Dome DE08, DE08-2, and DSS ice cores. In Trends : A compendium of data on global change. Carbon Dioxide Information Analysis Center, Oak Ridge National Laboratory, Oak Ridge, Tenn., É.U. (http://cdiac.esd.ornl.gov/trends/co2/lawdome.html).

Environnement Canada 1997. L’étude pan-canadienne.Tome V. Impacts et adaptation à la variabilité et au changement du climat au Québec. (http://www.ec.gc.ca/climate/ccs/que_resume.htm).

Duchesne, L., R. Ouimet, H. Houle et R. Paquin. 1996. Modélisation des flux hydriques et thermiques à l’intérieur de l’écosystème forestier du bassin du lac Clair de la station forestière de Duchesnay. Gouvernement du Québec, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles, Rap. Int. n° 414. 17 p.

Novembre 1998

Nov
01

Vieillissement et performance

Vieillissement et performance par Guy Thibault, Ph.D.

Difficile de trouver de bonnes nouvelles dans un article sur un thème pareil. Car il faut bien l’admettre, les fonctions physiologiques (et donc la performance physique et sportive) se détériorent inexorablement dès l’âge d’environ 25 ou 30 ans.

Oh, bien sûr, on connaît tous un Benoît Roy, un Buddy Couture, un Rolland Michaud, un Jean-Yves Babin ou un Douglas Wren qu’on peut citer en exemple pour braver le destin et affirmer que  » Vieillir ? Y’a rien là, r’garde lui et elle… À 50, 60 ou 70 piges y plantent des p’tits jeunes « . Mais, si on ne se laisse pas trop distraire par les prouesses de ces valeureux sur qui les années ne semblent pas avoir plus d’effet que la pluie sur le dos d’un canard, il faut bien admettre que, règle générale, la performance tend à diminuer avec l’âge.

Mais à quel taux?

C’est justement la question à laquelle se sont attaqués deux chercheurs de Nantes, en France. Ils ont (notamment) étudié les performances des 606 coureurs qui ont participé à la fameuse course de ski de fond  » La Transjurassienne  » de 1997 (écourtée à 55 km cette année-là, sur piste plutôt rapide).

La figure suivante illustre comment évolue la meilleure performance selon l’âge dans cette course. Si on ne considère que les records pour les âges compris entre 30 et 70 ans, on peut assez bien décrire l’effet du vieillissement sur la performance à l’aide d’une ligne droite. C’est par contre à l’aide d’une courbe que l’on décrit le mieux l’évolution des records pour l’ensemble des âges, de 20 à 90 ans. Le sommet de cette courbe correspond à un âge de 30 ans. Par la suite, la performance tend à diminuer et le taux de détérioration de la performance d’une année à l’autre est de plus en plus marqué au fur et à mesure qu’on vieillit.

Le patron d’évolution de la meilleure performance en fonction de l’âge est à peu près le même pour cette épreuve de ski de fond que pour le Marathon de Paris, une autre des épreuves étudiées dans cette recherche. Si on se fie sur ces données pour apprécier l’effet de l’âge sur la performance dans ce genre d’épreuves, on peut conclure que :

  1. Le temps de performance pour une course de ski de fond de 55 km augmente d’environ deux minutes par année d’âge, à partir de 30 ans, soit une augmentation du rythme au kilomètre d’environ trois secondes.
  2. La vitesse moyenne maintenue lors d’une compétition de 55 km diminue de 10 % par décennie (soit une augmentation de 18 % du temps de performance).

À l’aide des conclusions de cette étude, j’ai généré une table d’équivalence des performances pour une course de 55 km, selon la catégorie d’âge. Comme l’indique ce tableau, une performance de 5:03:00 pour un skieur de la catégorie 60-70 ans équivaut à des performances de 3:04:13, 3:20:10, et 4:02:36 pour des skieurs des catégories 30-40 ans, 40-50 ans et 50-60 ans, respectivement.

Temps de performance équivalents pour une course de 55 km en style libre, selon la catégorie d’âge

30-40 40-50 50-60 60-70
2:36:36 2:50:08 3:15:36 3:58:53
2:44:50 2:59:10 3:29:25 4:17:36
2:54:00 3:09:02 3:45:00 4:38:49
3:04:13 3:20:10 4:02:36 5:03:00
3:15:44 3:32:40 4:22:40 5:30:46
3:28:47 3:46:51 4:45:42 6:02:52
3:43:42 4:03:03 5:12:22 6:40:20
4:00:54 4:21:45 5:43:31 7:24:29
4:21:00 4:43:34 6:20:19 8:17:04
4:44:43 5:09:21 7:04:19 ———–

Il est évident que sans leur entraînement régulier et intensif, les aînés participant aux grandes épreuves de ski de fond (c’est-à-dire à peu près tous les membres de l’AMSFQ) ne pourraient avoir une condition physique aussi extraordinaire. En fait, il faut concevoir l’effet du vieillissement et l’effet de l’entraînement comme deux forces qui luttent l’une contre l’autre. La personne âgée de plus de 30 ans qui s’entraîne régulièrement et assidûment ne vieillit pas moins que la personne sédentaire (ou que celle qui s’entraîne moins), mais les effets du vieillissement sur ses fonctions physiologiques se manifesteront de façon moins prononcée.

Ainsi, le jeune adulte qui s’entraîne beaucoup et sans interruption verra sa performance augmenter pendant un plus grand nombre d’années et celle-ci diminuera de façon moins prononcée par la suite, comparativement aux gens du même âge qui sont moins assidus. La mauvaise surprise, vous l’avez peut-être déjà remarqué, c’est quand on doit stopper l’entraînement pour une période assez longue (à cause d’une blessure par exemple). C’est souvent dans ce genre de situation que l’effet du vieillissement  » nous rattrape « . Toutefois, lorsqu’on reprend l’entraînement après une interruption, le principe de l’opposition entre les effets, d’une part, de l’entraînement et, d’autre part, du vieillissement s’applique : avec un entraînement bien structuré et régulier, on reprend vite la forme et on atténue les effets du vieillissement.

En conclusion, il faut admettre qu’après 30 ans, le processus de vieillissement fait son œuvre diabolique sur nos fonctions physiologiques. Par contre, plus on s’entraîne (et mieux on s’entraîne), plus on retarde la manifestation des effets (inéluctables) du vieillissement (1).

Tout ça pour dire que vous les Benoît, Buddy, Rolland, Jean-Yves et autres Douglas, on vous admire !

Référence :

Gionet, J. et S. Louvet, L’évolution de la performance sportive avec l’âge, Médecine du sport, 72(3) : 106-115, 1998.

————

1 Je l’avais bien dit qu’il était difficile d’annoncer de bonnes nouvelles dans un article sur le vieillissement !

Novembre 1998

 

Mai
02

Circuit provincial des maîtres

Circuit provincial des maîtres par Chantal Métivier

NDLR : Cet article a été écrit pendant la tempête du verglas, à la lumière de la chandelle…

Depuis quelques années déjà, l’Association des maîtres en ski de fond du Québec compile les résultats du Circuit provincial des maîtres. Des courses d’envergure provinciale, accessibles aux maîtres, sont sélectionnées à travers le Québec pour composer le calendrier provincial. Les cinq meilleurs résultats de la saison de chaque membre de l’Association sont retenus pour un classement cumulatif annuel.

L’hiver dernier, j’ai participé à plusieurs de ces courses et j’ai appris, l’automne dernier, que je m’étais classée première femme, non seulement dans ma catégorie d’âge, mais toutes catégories pour 1997. C’est lors du gala en décembre dernier à la Forêt Montmorency, où avait lieu le Camp des maîtres, que j’ai ainsi reçu les honneurs chez les femmes, toutes catégories, pour la saison 1996-1997 en ski de fond.

J’ai pensé vous faire part de l’expérience vécue lors de mes courses.

1. Le Loppet du Mont-Orford, un 30 km classique, fut ma première longue course en 1997. Je connaissais déjà ce parcours qui est assez exigeant, car il y a beaucoup de faux-plats montants [ma force] et quelques descentes abruptes. J’ai eu un bon départ. Il y avait bien quelques femmes devant moi, mais je ne m’affolais pas en me disant que je les rattraperais peu à peu et c’est ce qui est arrivé finalement. Première position ! Toc !

2. Le Keskinada 50 km patin. Je me souviendrai longtemps de cette course. On dirait qu’à chaque année Dame Nature nous  » flanque  » une température manifestement pas de notre goût. L’année dernière, c’était froid et la neige, vous le devinerez sans doute, comme du papier sablé. Avec un classement préférentiel, j’ai eu la chance d’éviter la cohue du départ de masse. Mais, il faut dire qu’il y a toujours quelques skieurs qui partent comme s’ils avaient un pétard au cul, Keski cette année sera : d’abord, arriver au  » champ  » intacte. Comment ? Tenir les bâtons très fermement, faire des petits pas de patin en essayant de se faufiler parmi les skieurs moins adroits [c’est-à-dire ceux qui tombent autour de vous], patienter dans la première petite montée, car ça n’avance jamais vite à cet endroit, puis enfin, arriver à ce fameux champ.

Rendu là, il est préférable de prendre un bon souffle et de s’élancer vers la côte Pink pour encore essayer d’obtenir une bonne position en prévision de la fameuse montée Pingouin. Malgré le verglas, espérons une super édition 1998 !

3. Le Loppet du Mont-Sainte-Anne, 25 km patin, est une course à laquelle j’aime bien participer, puisque c’est un répit avant les autres courses de longues distances. Ma glisse était parfaite ce matin-là. Imaginez, j’ai dépassé des skieurs que je ne pensais jamais dépasser un jour. Seulement quelques lecteurs de cet article devineront qui…

4. Enfin, le fameux Tour du Mont-Valin d’une distance de 55 km patin qui a lieu dans la région de Chicoutimi. Celui ou celle qui n’a jamais couru le Mont-Valin ne connaîtra jamais la  » vraie  » aventure d’une course ! Ce mont nous réserve toujours des surprises, assez salées merci, en cours de route. Ainsi, au départ, le ciel était bleu et il faisait -5 °C. Mais bien vite les nuages sont apparus, avec quoi ? … de la neige. Nous avons dû affronter d’abondantes chutes de neige rendant la surface molle et difficile à skier. De plus, le mercure a commencé à dégringoler à -15 °C seulement une heure après le départ ! Le vent s’est levé, les rafales et la poudrerie sont venues s’amuser avec nous. Conséquences : de nombreux abandons et cas d’hypothermie, certains sérieux. Heureusement que j’étais familière avec le trajet, car à certains endroits on n’y voyait pratiquement plus rien. Et puis, oui, c’était l’enfer en montant la Côte à Boivin. Pour ceux qui ont déjà fait la course, vous savez de quoi je parle. À cet endroit particulièrement, il ventait tellement fort qu’il fallait attendre que le vent se calme pour continuer à monter cette côte abrupte. De toute façon, la seule idée dans ma petite caboche était de finir la course. Ma ténacité a porté fruit; je me suis classée première.

5. Et pour couronner la saison, Yves et moi-même avons parcouru le nord du Québec vers Labrador City, en auto, pour participer au Championnat canadien des maîtres. Presque toutes les provinces étaient là et même quelques participants venant des États-Unis. Le calibre était fort et les temps très serrés entre skieurs et skieuses. Cette fois, ce n’était pas seulement le cardio qui comptait, mais aussi le fartage et le mental surtout, car je vous assure que ce n’est pas toujours de tout repos d’avoir une skieuse sur ses talons pour une bonne partie d’une course ! Aussi, nous nous sommes vite aperçus que la neige était bien différente de celle dans l’Outaouais — à vrai dire, dans ce coin, c’est très sec.

J’ai participé à un 10 km patin, à un 5,4 combiné, c’est-à-dire que tu pars en patin et à mi-chemin tu changes tes skis pour finir en classique. Il y eut le 20 km classique et pour terminer la semaine en beauté, je me suis  » tapé  » un  » petit  » 50 km patin au parcours balisé à tous les kilomètres, ce qui aidait au point de vue stratégique et psychologique. À mi-chemin, il y avait toujours une coureuse derrière moi. Ma glisse étant bonne, j’ai décidé alors de mettre les moteurs. Vers la fin, il y a quelqu’un qui m’a crié que j’étais la première femme. Il fallait absolument tenir le coup et ne pas ralentir de peur que les autres skieuses elles aussi décident d’attaquer. Vous auriez dû me voir monter la dernière côte avant la ligne d’arrivée ! Yves m’a vue, lui. J’enjambais ça comme on monte des escaliers quatre marches par quatre à la fois ! Je n’osais surtout pas regarder derrière moi. Enfin l’arrivée !

L’organisateur m’a signalé, lors de la remise des médailles, que j’avais également accompli le meilleur temps à vie de ce Loppet. Je pensais alors, WOW !, quelqu’un de Hull et du Club Skinouk qui est à l’autre bout de la province et qui reçoit tous ces honneurs, c’est quelque chose dont je me souviendrai toujours !

Yves est arrivé premier dans sa catégorie et troisième toutes catégories lors de ce 50 km. Cela terminait bien la saison.

Nous sommes ainsi revenus à Hull avec beaucoup de  » quincailleries « .

Avant de terminer cette histoire, je voudrais ajouter qu’Yves mérite une médaille spéciale pour m’avoir encouragée tout au long de mes courses et surtout, sa patience extrême lors des décisions à prendre pour le choix du fartage.

Voilà donc ma longue histoire sur le comment et le pourquoi de mon classement de  » première  » au circuit des maîtres.

Mai 1998

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