Le marathon de ski d’Oka prend le départ ce matin et je ne voulais pas manquer la première édition. J’ai donc programmé mon réveil pour 6 :00 h. Et bien, ce matin, le réveil a sonné miraculeusement à 6 :00 h. Je ne me suis pas trompé dans les pitons. Je m’améliore.
Le temps de petit déjeuner, d’engouffrer le matériel dans l’auto(1) et nous voilà partis ( Mireille et moi ) pour le Parc d’Oka. Les conditions sont idéales ( 3oC, pluie diluvienne, vent violent ) pour un 40 km.
C’est au chalet d’accueil que les participants se réchauffent avant d’aller réchauffer la piste. Tout est magnifiquement organisé. Les bénévoles sont souriants et sympathiques. La dame qui m’a donné le dossard m’a bien spécifié de ne pas oublier la puce électronique et de conserver le dossard pour l’échanger contre un lunch, à l’arrivée. Je prends le temps de vérifier l’étanchéité de mes skis ( je ne voudrais pas qu’ils coulent ) et me voilà fin prêt pour rejoindre la ligne de départ.(2).
Plusieurs skieurs testent déjà les skis. Les organisateurs ont pensé à tout :
- Pour que tous les compétiteurs aient les mêmes chances de performer, ils ont répandu de la garnotte sur les cent premiers mètres de la piste. Tous les skis seront donc rainurés (et pas uniquement ceux des ‘’Pros’’ qui ont un matériel sophistiqué pour faire des sillons dans les belles bases de PTex ).
- Ils ont programmé une pluie forte et froide, ainsi qu’un fort vent de face pour que personne ne s’endorme au départ pendant l’annonce des dernières recommandations.
- Pour s’assurer que les skieurs qui ont participé au 40 km du Mont Tremblant la semaine passé ont compris comment compter jusqu’à 5, ils nous proposent d’effectuer cinq boucles identiques.
Bon ! Au boulot. Entre deux ondées, le départ est donné. Pour rendre la scène plus photogénique, tous les participants partent en même temps : ça donne l’impression qu’une foule de skieurs prend part à l’événement. L’idée est brillante.
Terminé les faits divers, on parle de la course. Comme pour tous les départs, je profite de mon grand âge pour me faufiler sur la première ligne ( personne n’oserait doubler un vieux dinosaure dans les premiers mètres ), ce qui me permet de ne pas m’enfarger dans des spatules ou des bâtons que je ne connais pas. Autre avantage, je fais plaisir à tous les skieurs qui vont me doubler dans les premières minutes de course.
Le premier kilomètre, face au vent, est un faux plat montant(3) plutôt agréable. Les amis qui me dépassent ont encore assez d’énergie pour me saluer. Virage à gauche, on abandonne la route pour rentrer dans le bois. C’est là que l’expression ‘’cross country ski’’ prend tout son sens. Puisque d’après le Larousse le cross country est une course à pied en terrain varié avec des obstacles, j’en déduis que le ski de ‘’cross country’’ signifie course de ski en terrain varié avec des obstacles. Et des obstacles il y en a… Les organisateurs n’ont pas lésiné sur la qualité et la quantité : roches, flaques d’eau, mottes de terre, morceaux de bois, branches, écorces, emballages de gels et de boissons énergisantes, gazon, boue, gourdes… Bref : du vrai cross country pour skieurs. Et tout ça sur les 6 km du parcours.
La pluie ne faiblit pas et dans certains virages on fait des vagues ( je vais essayer de surfer sur la vague du coureur qui me précède ).
Personnellement, j’aime bien les conditions extra-ordinaires. Elles me font penser à la devise d’Al Capone : « J’ai mal… ils ont mal ». Et j’ai mal. Mais je le prends avec le sourire parce que pour d’autres skieurs c’est peut être pire. On est en course, alors pas de pitié. On se lamentera après la ligne d’arrivée.
Je me suis fixé comme objectif de courir les 21 premiers kilomètres ( trois premières boucles ) et de compléter les deux boucles suivantes en mode survie.
Revenons au trajet. Après le virage à gauche, on aborde la portion la plus lente et la plus éprouvante Aucune glisse, de la boue et des virages serrés vont se succéder sur un ou deux kilomètres. En prime, deux montées abruptes sont stratégiquement placées là oû ça fait mal. J’en oublie la technique, le style et l’efficacité. Deux descentes ( glacées au premier tour, inondées aux tours suivants ) permettent soit de récupérer , soit de se mouiller les fesses ( au choix ). J’ai pris la première option et j’ai conservé mon énergie pour tomber un peu plus loin, sur une plaque de glace. Ma chaussure s’est dégrafée, il me faudra perdre quelques secondes ( et quelques places ) pour tout remettre en ordre. Mon ‘’lapin’’ en profite pour me distancer. Je ne le rattraperais pas. Je vais donc continuer seul. C’est plus propice à la méditation.
La route du parc est rejointe et conduit jusqu’à la 640, en une légère descente. Virage en U et la légère descente se transforme en une sévère montée, au bout de laquelle on vire à gauche pour un kilomètre dans le bois. La neige est brune, maculée de morceaux d’écorces de bois, de branches…mais une armée de bénévoles armés de pelles(4) recouvrent constamment les différents déchets. MERCI, vous méritez les médailles.
Au sortir de bois, on reprend la route du parc ( une belle descente de un kilomètre ), direction l’arrivée. Face au poste de ravitaillement, il faut tourner et repartir pour un, deux ou quatre tours, selon la distance que l’on a choisi de parcourir.
Lors des deux portions de piste à double sens, on a l’opportunité de croiser les skieurs qui nous précèdent. C’est le moment de les encourager et de faire le point sur notre position. On peut aussi (du coin de l’œil ) évaluer la position des skieurs qui nous poursuivent…
Les deuxième et troisième tours sont analogues au premier. Le tracé est le même, les bénévoles sont les mêmes, les obstacles sont aux mêmes endroits et la pluie tombe avec la même intensité. Par contre il y a une nette différence avec la qualité de la piste ; elle se détériore de minute en minute. Ce qui ne m’a pas nuit pour terminer le troisième tour et saluer les coureurs du 21 km avec qui je partageais la piste. By-by les amis, il me reste deux tours.
Il est de plus en plus délicat de rester sur la neige ( qui se transforme en bouillie brune, à vue d’œil ). C’est un vrai défi que de continuer à skier. Mes félicitations et mes respects à tous les skieurs qui sont encore sur les pistes.
Comment se sont passés mes deux derniers tours ? Agréablement. Je n’ai pas froid, la pluie ne m’importune plus, mes skis glissent bien ( dans les conditions présentes, on n’est pas trop exigeant ) et je suis heureux du défi que chaque pas procure. Le dernier tour est le plus agréable. Il rapproche de l’arrivée, des becs de Mireille …et de la douche. J’en profite au maximum, en me reposant dans les descentes et en évacuant mes derniers relents d’énergie.
La ligne d’arrivée est proche. Je me compose un sourire, je m’ébroue et je fonce dans les bras de Mireille. Au fait : avez-vous remarqué qu’aucun skieur ne s’est écroulé sur la ligne d’arrivée ( comme on le voit souvent dans la plus part des courses ). La pluie et la piste détrempée sont-elles responsables d’une attitude moins spectaculaire mais plus douillette ? J’aurais du être sociologue.
De retour au centre d’accueil, je me change et grand seigneur, je laisse l’unique douche à un skieur ( en hypothermie ) qui n’est même plus capable de délacer ses chaussures. Je ne vous narrerais pas mon déshabillage, mon rhabillage, mon passage à la cafétéria et mes discutions avec les amis.
L’après course mérite quelques lignes. Allons-y.
Le repas fut excellent(5). Ce n’est pas dans tous les événements qu’on déguste un panini de la qualité de celui qui s’est retrouvé dans mon assiette. Quand au fromage d’Oka(6)…
Les remises de médailles et de prix de présence ont illuminé de nombreux visages. Un grand merci aux commanditaires. Je viens de réaliser que les panneaux ‘’Sprint’’ placés sur le parcours n’annonçaient pas une nouvelle marque de boisson énergisante mais délimitaient une zone d’attribution de bourse aux premiers skieurs. Je fais dur…
Le tout Skimco est là. J’en profite pour bavarder avec les amis et les féliciter de leurs succès respectifs.
Notons également les sourires des jeunes ( Fondeurs Laurentides, Montéréski, Montagne Coupée et tous les autres ) qui ont participé aux différentes épreuves. Bravo la relève, vous avez toute mon admiration pour avoir bravé les intempéries. Félicitations aux entraîneurs et aux parents qui vous ont accompagné. Je vous revois tous à Rimouski. Quand aux nombreux amis présents, bravo, bravo, bravo.
Au kiosque Madshus, on retrouvait les produits de la saison prochaine. Les couleurs des skis sont délicieuses. Variant de ‘’sunday aux bleuets’’ à ‘’coulis de fraises’’, elles nous annoncent un hiver 2011 des plus langoureux.
Les prix de présence sont incroyables. Les commanditaires se sont surpassés. Je n’en ai jamais vu autant et d’une telle variété.
Avant de vous dire ‘’À l’année prochaine’’, il me reste à remercier les bénévoles. Les médailles devraient être pour eux. Merci d’avoir affronté Dame nature pour que l’événement soit un succès.
Et le mot de la fin pour Nicolas, ses proches et les organisateurs. Un grand MERCI pour le maintien de la course, pour votre professionnalisme, pour votre gentillesse et pour votre dévouement.
(1) J’ai même pris une veste de sauvetage et des palmes. Avec la pluie, on ne sait jamais.
(2) Ce sont plutôt des pointillés de départ, la pluie ayant effacé la moitié de la ligne.
(3) Un faux plat montant n’est pas un vrai plat descendant. Je le précise parce qu’un nono m’a déjà posé la question. Un faux plat montant c’est comme une montée, mais pas vraiment. On grimpe, mais juste un peu. Ça monte, mais pas pour vrai… Tout le monde a compris.
(4) La tournure de phrase laisse à désirer mais je l’abandonne à votre critique.
(5) Un mot de félicitation pour les deux enfants qui trônaient à l’entrée de la cafétéria et distribuaient les fromages.
(6) Je voudrais préciser que mes tests sur le fromage d’Oka confirment mes appréhensions : il sent plus fort que mes sous vêtements après une course. Ancien scientifique, je base cette affirmation sur une étude comparative de l’odeur de mon sac à dos ( contenant le fromage ) avec celle de mon sac de sport ( contenant mes vêtements mouillés et mes chaussures de ski ). Le sac à dos a fait fuir deux écureuils, le sac de sport a attiré deux maniaques de matériel Rossignol.
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