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Jan
01

Parlons duathlon

Parlons duathlon par Robert Crispo

C’est le 10 octobre 1992. Un beau samedi. Soixante-dix-neuf athlètes, quinze équipes [soyons francs, cent neuf masochistes en tout] s’élancent à la conquête d’une montagne à gravir deux fois.

C’est le Duathlon séquentiel d’automne rouge. Comment une association aussi pacifique et amicale que l’AMSF a pu voir aussi rouge l’automne pour confier à son directeur Pierre Bernatchez, sûrement le plus sado…, l’organisation d’un duathlon séquentiel. Aie ! Aie ! duathlon séquentiel, qu’est-ce que ça mange en automne ? On pense à duel; séquentiel, pas un mais deux duels ! De quoi nous faire mourir… à petits pas.

Cinq secondes après le départ, déjà plus personne ne parle. C’est déjà plus raide qu’on pense. Un kilomètre de fait. C’est quoi cette idée de monter en courant ! Il n’y a plus de beaux arbres revêtus de leurs coloris; à côté de la route, je ne vois que du gravier… rien de romantique. Ça monte, ça monte, ça monte; une éternité. Ils ne me reprendront plus. Enfin un verre d’eau. Finalement, un faux plat [montant, bien entendu]. Encore une grosse côte. Mes jambes sont pesantes. C’est l’enfer. Ils ne me reprendront plus.

Nous redescendons à quatre ou cinq en gondole. Nous sommes tous excités, nous nous racontons cet exploit. Nous avons déjà oublié notre misère toute récente. Quelle sorte de monde sommes-nous ? Cinglés, dirais-je.

La deuxième montée : le vélo. Oui, oui, ça va être plus facile, nous sommes assis. Ça part plus vite et la côte arrive plus vite aussi. Les arbres haut en couleurs sont également disparus. Et encore des côtes, des côtes. Mon braquet est à son plus petit. Je force comme si j’étais sur mon plus gros. Je me dis qu’on a dû faire gonfler les côtes à mon grand désarroi. Où est la forme ? Un petit verre d’eau. Un relâchement : des crampes. Définitivement, pas de plaisir. Voilà la dernière côte, le dernier kilomètres qui en vaut dix ou presque… une éternité. Ils ne me reprendront plus. JURÉ, c’est la dernière compétition. J’arrive en haut cuit, brûlé, mort. Qu’est-ce que je vois ? Des cyclistes frais et dispos qui arrivent en haut du Mont-Sainte-Anne par les gondoles. Oui, il y a des cyclistes qui ont du génie.

Nous redescendons. Nous nous racontons nos derniers faits d’armes.

Au fait, à quand le prochain duathlon ? Complètement débile et taré, mais comment faire autrement.

Félicitations aux organisateurs, notamment à Pierre. Je comprends son éternel sourire maintenant.

1992

 

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